Pour la sortie du dernier Ray Celestin Mafioso que m'a proposé à lire le Cherche-Midi dans le cadre de la #TeamThriller, Mimine s'est lancé dans un petit marathon de lecture pour rattraper son retard sur les romans de Celestin, qui propose une grande fresque criminelle à travers différentes décennies, dont la rumeur n'en disait que du bien. C'est avec donc Carnaval que le périple a commencé... à la Nouvelle-Orléans.
Après la Première Guerre mondiale, le Tueur à la hache* sévit depuis plusieurs semaines à la Nouvelle-Orléans et la ville, ses habitants, sa mafia, ses flics, ses politiciens corrompus, ses prostituées et autres voyous, sont en émoi. Qui est ce tueur de l'ombre qui massacre sans laisser de traces ? Et quelle sera sa prochaine victime ?
Michael, un flic détesté pour avoir fait tomber son mentor et collègue ripou ; Ida, une jeune secrétaire métisse ; et Luca qui sort tout juste de prison (l'ex-collègue ripou), vont tenter chacun de leur côté de résoudre cette sombre énigme au cœur même de la Nouvelle-Orléans, ville de toutes les excentricités.
(*le mystère du tueur à la hache a véritablement existé qui à l'instar de Jack l'Eventreur n'a jamais été résolu)
Mmmh. Meh.
Pour un premier opus d'une série de romans policiers, je l'ai trouvé un peu faible sur pas mal de points. Expliquons.
Déjà, les personnages.
Y en a beaucoup.
Trop.
Sans compter les trois protagonistes, Michael, Ida et Luca que j'ai déjà mentionnés, on a un journaliste junkie, des membres de la mafia, des policiers corrompus, des prostituées, et un jeune trompettiste de talent, un certain Louis Armstrong. Si ce dernier est une véritable perle tant le personnage mi-fictionnel mi-biographique nous immerge dans le monde du jazz des années 20, le reste a peu de place (et de temps) pour se développer.
Et c'est là que le bât blesse, à mes yeux.Les héros manquent vraiment de charisme et leur cheminement personnel reste trop en surface pour qu'on puisse véritablement s'attacher à eux. Excepté peut-être la jeune Ida dont le métissage rend la vie compliquée, Michael est, quant à lui, le parfait flic-héro banal (bourru mais pas trop, cœur de chamallow sous sa carapace... bref rien de neuf sous le couscoussier). Luca, dont l'histoire est assez tragique, lui, n'a même pas le temps (et ne l'aura jamais) d'être véritablement marquant. Dommage, c'était peut-être celui à qui je trouvais le plus de potentiel romanesque !
Et puis bon, l'intrigue...
Simple.
Basique.
(alors que j'aurais peut-être préféré quelque chose de plus nerveux, voyez, " plus rentre dans l'lard Paulo, à toute berzingue ")
Parce qu'en réalité, l'enquête est plutôt laborieuse et compliquée à suivre : le fait qu'il y ait plusieurs protagonistes, déjà, qui enquêtent sur la même affaire (mais qui par un hasard malheureux ne se croisent pour ainsi dire jamais) ralentit pas mal le rythme avec tout ce que cela implique en redondances. Du coup, mon intérêt personnel concernant les meurtres a souvent été proche du zéro glaciaire, même si les révélations de la fin sur l'identité du tueur ont finit par m'égayer le citron, un poil amorphe jusqu'ici.
Autant être honnête, j'étais vraiment à ça d'abandonner, s'il n'y avait pas eu un point important et scotchant :
*vas-y Patrick fait péter la typo*
Protagoniste à part entière, cette ville " française " du sud des Etats-Unis, a profondément marqué ma lecture. Nuancée et passionnante dans sa reproduction et sa diversité, la Nouvelle-Orléans apporte un souffle terriblement romanesque au récit qui s'évertue à nous la faire connaître et ressentir dans tout ce qu'elle a de sale, crade et nauséeuse.
T'ajoutes à ça les petites digression sur le milieu du jazz à travers le personnage de Louis Armstong, et la condition paradoxale des musiciens noirs appréciés des blancs uniquement sur scène, l'ambiance est TOP-PI-SSIME. S'il échoue sur pleins d'aspects, Ray Celestin a, en tout cas, le mérite de dessiner des arrières-plans vraiment fascinants.
Alors voilà, voyez la tête à Mimine, ça casse pas des briquasses à se rouler dans un champs de figues, mais bon... Carnaval a malgré tout un certain charme et porte un amour pour la reconstitution historique franchement bien fait et efficace.
D'ailleurs, mon petit doigt me dit que Mimine aurait *largement* préféré le second opus.