Exploit les copainGs ! Tata Alberte a sorti un livre de sa liste interminable des « conseils littéraires de la blogosphère ». L’heureux élu est, vous l’aurez compris si vous êtes pas trop couillons et que vous avez lu le titre : Nomadland de Jessica Bruder.
Et autant vous l’dire direct : CA A BICHÉ GRAVE LUI ET MOI !
Dès la page 5.Avant de commencer notre laïus interminable sur le pourquoi du comment c’est un excellent reportage, on remercie chaudement le Charmant Petit Monstre qui nous a donné très envie de plonger dans ce livre ! 2 mois d’attente suite à notre réservation à la bibliothèque… But we finally did it !
Vu qu’on se sent pas mais alors pas du tout de vous résumer ce livre de non-fiction, on vous copie/colle la quatrième de couv’ (promis, c’est pas par flemme cette fois !).
Les mensonges et la folle cupidité des banquiers (autrement nommée « crise des subprimes ») les ont jetés à la rue. En 2008, ils ont perdu leur travail, leur maison, tout l’argent patiemment mis de côté pour leur retraite.
Ils auraient pu rester sur place, à tourner en rond, en attendant des jours meilleurs. Ils ont préféré investir leurs derniers dollars et toute leur énergie dans l’aménagement d’un van, et les voilà partis. Ils sont devenus des migrants en étrange pays, dans leur pays lui-même, l’Amérique dont le rêve a tourné au cauchemar.
Parfois, ils se reposent dans un paysage sublime ou se rassemblent pour un vide-greniers géant ou une nuit de fête dans le désert. Mais le plus souvent, ils foncent là où l’on embauche les seniors compétents et dociles : entrepôts Amazon, parcs d’attractions, campings… Parfois, ils s’y épuisent et s’y brisent.
Voilà qui s’annonce pas jouasse nous diras-tu ! Eh bien détrompes-toi… Enfin, en partie !
Chialerie à l’horizon ? Nenni !
Avec Nomadland, Jessica Bruder publie un reportage à la fois touchant, attristant et plein d’espoir. On ne tombe jamais dans le pathos donc tu sors plus la tête même si, à plusieurs reprise vous vous rendrez peut-être compte comme nous que vous avez quand même un peu le nez qui vous pique, on va pas s’le cacher. On a adoré cette humanité qui illumine tout l’ouvrage et qui fait qu’à chaque fois que vous êtes à deux doigts de partir dans une profonde déprime pour le restant de la journée voire de la semaine, un petit quelque chose vient relever le tout d’une pointe de beauté ! Malgré les difficultés, ces gens dont on suit le quotidien forment une véritable communauté, se serrent les coudes et ça c’est vraiment très beau et très touchant à lire !
Entre récit et informations : un reportage réussi
C’est peut être le principe même du reportage, nous direz-vous mais Jessica Bruder trouve le mélange parfait entre une narration rendant son propos très fluide tout en signant un ouvrage très bien informé. Au-delà de l’aspect humain de l’ouvrage, on apprend également beaucoup sur le fonctionnement actuel des États-Unis. Le système de santé américain, le fonctionnement des prêts et cette crise des subprime qui a secoué le pays faisant basculer certains membres de la classe moyenne dans une précarité toujours plus grande, rien ne nous échappe.
Une conclusion rapide mais efficace, vous en conviendrez.Le fossé des inégalités se creuse aux États-Unis et Jessica Bruder nous le montre par l’exemple. Ces 3 années lui auront même permis de s’immerger pleinement dans la vie de ces gens. Elle fait elle-même l’acquisition d’un van, éprouve elle aussi les douleurs causées par les heures et les heures de marche dans les usines de stockage d’Amazon (on est en plein dans l’actualité les copains mais on vous assure qu’après avoir lu ce livre vous haïrez encore plus Amazon ou bien vous apprendrez à les haïr), etc. Héritière de Nellie Bly (10 jours dans un asile), de Günther Wallraff (Tête de Turc) et de bien d’autre, Jessica Bruder s’inscrit dans la veine du journalisme d’immersion sans pour autant oublier de reconnaître que « tenter l’expérience [des boulots saisonniers] durant quelques jours ou quelques semaines ne va pas [la] transformer en workamper d’un coup de baguette magique. » Le fossé entre la reporter et ces vandwellers est, lui aussi bien réel et elle en a pleinement conscience.
On s’attache…
(TG le Christophe Maé qui chante dans notre tête)
À l’image de l’autrice qui a passé 3 ans à rencontrer ces vandwellers, on a l’impression de les connaître depuis toujours. On s’est notamment beaucoup attachées à Linda et on aimerait savoir ce qu’elle est devenue, un peu comme un vieil ami de collège que tu as pas vu depuis 10 ans mais dont tu espères qu’il va bien. Bon « un peu comme » mais pas tout à fait quand même parce que là on parle de personnes âgées qui ont un rythme de vie qu’on aurait nous même du mal à supporter du haut de nos pauvres 23 ans. Le tableau que nous dépeint la reporter est aberrant et vous ressortirez probablement outré.es et dégoûté.es de cette lecture. Pour notre part, on préfère en garder le meilleur et à voir la façon dont se termine l’ouvrage, on ne peut qu’avoir de l’espoir.
Nomadland c’est la quête de liberté d’une strate de la population en perdition : c’est l’illustration du peuple américain dans toute sa splendeur. Ces « vagabonds » ne sont plus sur les rails, ne sont plus poussés à traverser le continent à cause du Dust Bowl comme c’était le cas de leurs ancêtres mais inévitablement, l’histoire se répète. Ces destins individuels que nous montre le reportage de Jessica Bruder nous invitent à voir le pire, comme le meilleur de ces situations.
Et toi, tu as lu Nomadland de Jessica Bruder ? Est-ce qu’on serait pas d’accord pour dire que tout ça est TRÈS AMÉRICAIN quand même ? (les hobos/vagabonds, les okies et maintenant les vandwellers…) N’hésites pas à réagir en commentaires à cet article dont les sujets, tu l’auras compris, nous passionnent ! 🙂
éèé