Le début de "De l'autre côté du miroir". (c) Grasset-Jeunesse.
D'une modernité alors incontestable, ses illustrations se montraient à la fois lumineuses, poétiques, et insolites, complètement en accord avec ce chef-d'œuvre de l'antilogique qu'Henri Parisot a su parfaitement traduire en français. Vignettes monochromes et pleines pages couleurs ont marqué durablement les esprits et poussé à lire ce texte incontournable.
Dans un format quasiment carré, identique à son célébrissime "Alice" qui, longuement introuvable, avait bénéficié d'une réimpression quasiment à l'identique en 2013, sous la houlette de l'épatante éditrice Valeria Vanguelov.
"De l'autre côté du miroir" par Nicole Claveloux. (c) Grasset-Jeun.
Parcourir ce nouveau grand format est un pur bonheur, que l'on découvre à cette occasion le formidable travail graphique de Nicole Claveloux ou qu'on la suive depuis longtemps. Car son "De l'autre côté du miroir" s'enrichit très subtilement de ses œuvres précédentes - elle a beaucoup publié, une soixantaine d'ouvrages, et peint de nombreux tableaux, au cours des quatre décennies écoulées.
"De l'autre côté du miroir". (c) Grasset-Jeunesse.
Il s'agit effectivement d'un album événement comme l'annonce l'éditeur. On y retrouve la patte de l'illustratrice d'Alice dans les différents chapitres, mis en lumière par des vignettes en noir et blanc et de pleines pages couleurs. Mais le trait s'est affirmé et l'inspiration encore plus libérée. Portraits d'Alice dans différentes situations, dont la traversée initiale du miroir bien entendu, scènes avec des animaux ou des monstres, variations sur Heumpty Deumpty, tout cela est enchanteur. Du grand Claveloux! On reconnaît ici un air de "Dedans les gens", là des amateurs de bisous et c'est régalant. "Je n'ai jamais mis de barrières entre les dessins pour enfants et adultes", explique Nicole Claveloux. "Lorsque je dessine, je ne me pose pas de questions. Jamais je ne me suis dit: ce dessin est spécialement conçu pour les enfants. Mais il existe des lectures à plusieurs niveaux, non?""De l'autre côté du miroir" par Nicole Claveloux. (c) Grasset-Jeun.
Il suffit de se confier aux dessins de Nicole Claveloux pour voguer impeccablement sur le texte jusqu'à la dernière phrase de Lewis Carroll: "Vivre, ne serait-ce qu'un rêve?"