BLOGMAS 2019 – Jour 18 : Retour sur une année éprouvante

Il y a un peu moins d’un an et demi, je revenais sur mon blog après 4 mois d’inactivité et publiais à cette occasion un article vous expliquant les raisons de mon absence. Par la même, je vous indiquais que j’allais avoir plus de temps pour m’occuper du blog car j’avais décidé de prendre un an, à la fin de mon master 2, pour préparer le CRFPA et espérer entrer à l’école d’avocat.

Aujourd’hui, on va donc s’éloigner de l’univers littéraire puisque j’ai eu envie de revenir sur cette année d’études qui s’est révélée plus difficile que prévu, autant physiquement que moralement. Voilà donc une petite rétrospective de cette année de préparation qui aura été dure mais très enrichissante et finalement positive.

La fin du Master, quelques mois de répit avant le début des hostilités

Début août 2018, j’ai fini mon stage en cabinet d’avocats, point final de mon master 2. Avec le recul, mon année de Master a été de loin ma plus belle année d’études, avec des rencontres incroyables, beaucoup de fêtes, quelques embrouilles, mais des souvenirs vraiment fous.

Après mon master, j’ai pris quelques mois pour souffler parce que j’en avais vraiment besoin, même si ça a été une super année, elle était aussi très très intense, avec beaucoup d’échéances à respecter, des recherches de stage, des stages couplés à mon job étudiant… Bref, ce n’était pas de tout repos et j’allais avoir besoin d’énergie pour affronter les mois qui m’attendaient !

Fin novembre, j’ai attaqué la prépa. J’ai décidé d’opter pour une prépa privée annuelle et en présentiel afin de préparer plus sereinement l’examen, sans me sentir pressée par le temps qui passe. J’ai donc assisté aux cours pendant plusieurs semaines, avec un rythme plutôt tranquille, ce qui m’a permis d’intégrer les matières au fur et à mesure jusqu’au mois d’avril. Entre temps, j’ai eu ma remise de diplôme qui fût un moment hyper cool, où j’ai retrouvé mes copines qui sont aujourd’hui éparpillées aux quatre coins de la France.

La préparation

S’en est suivie ensuite une période de quelques semaines de révision, avant le début de la vraie préparation, c’est-à-dire les entraînements. Dans ma prépa, il y avait 10 semaines d’entraînement avec 5 épreuves à passer à chaque fois, parfois entrecoupées d’une semaine de pause, ce qui au final représente beaucoup beaucoup d’heures passées à composer sur une copie. Avec les galops organisés par la FAC, j’aurai passé 70 heures à faire des notes de synthèse pendant toute cette année ! Je vous accorde que ces 70h, j’aurais vraiment préféré les passer à faire quelque chose de plus passionnant. Honnêtement, quand j’ai commencé les entraînements, j’étais hyper motivée, c’était le début, pas encore l’été, on se dit que ça va le faire et qu’on va tout donner. Lorsque j’ai enchaîné 4 semaines d’affilée, j’ai commencé à me rendre compte que j’étais déjà crevée et qu’en plus, je n’avais pas fait la moitié ! Parce que cette partie de la préparation, c’est la plus crevante.

L’un de mes profs m’a toujours dit : le CRFPA, c’est un marathon, surtout lorsqu’on prend un an pour le préparer. Il faut y aller progressivement pour éviter d’abandonner avant la ligne d’arrivée. Le plus dur, c’est l’été. Et j’étais vraiment, vraiment loin d’imaginer à quel point il avait raison.

Je ne suis pas une bosseuse. Je ne l’ai jamais été. Passer des heures et des heures à réviser pendant des journées entières, je n’ai jamais été capable de le faire. J’ai eu de la chance durant toute ma scolarité car j’ai toujours assimilé les choses rapidement et je n’avais pas besoin de beaucoup travailler pour réussir. Sauf que là, je ne m’attaquais pas au même morceau. C’était pas des partiels, que j’allais passer. Face à moi, le CRFPA, avec ses grandes lettres qui font peur, qui m’aurait mangée toute crue si je n’avais pas donné un peu plus de ma personne. Alors j’ai bossé. Bossé, bossé, bossé. J’ai fait tous les galops d’essai organisé par ma prépa (ce dont je suis vraiment fière parce que je n’aurais jamais cru que j’irais jusqu’au bout) avec en tête la première phrase que m’avait dit le directeur de prépa lorsque je l’avais rencontré pour la première fois : « le secret, c’est de faire les galops d’essai, vous deviendrez une bête à concours et vous réussirez ». Ça peut paraître un peu brutal, mais c’est exactement ça. Pendant cette préparation, il ne faut pas réfléchir. On se lève, on y va, on compose, on rentre, on bosse les corrections, et on continue, pendant des semaines. Et c’est comme ça qu’on acquiert des automatismes, et qu’on devient prêt à affronter l’examen le jour J.

Alors de mai à août, j’ai enchaîné les galops d’essai, en voyant arriver les semaines de pause avec toujours plus de hâte, tellement j’avais besoin de souffler et de me reposer. Je n’ai jamais été autant fatiguée que pendant cette période mais je tenais. Je continuais d’y aller sans réfléchir, même si j’ai eu énormément de moments de doute. La préparation au CRFPA, c’est une montagne russe. On passe d’une humeur ultra positive où l’on a l’impression que rien ne va nous arrêter, à une humeur très très négative où on pleure, où on se sent submergé par un trop plein d’information, par ce programme qui n’en finit plus, par cet examen qui semble insurmontable.  Et pourtant, ce n’est pas le pire.  Le pire aura été la suite. L’après examen. Mais d’abord l’examen.

Les épreuves d’admissibilité

A trois semaines de la date fatidique où j’allais passer les écrits, la préparation des épreuves d’admissibilité était terminée et j’ai réussi à relâcher un peu la pression. J’ai arrêté de travailler comme une acharnée, revoyant les points cruciaux, travaillant sur quelques corrections. J’ai pu relâcher uniquement parce que j’avais fait cette préparation d’un an, qui m’avait permis de prendre de l’avance. Je sais que pour ceux qui choisissent une préparation estivale, le mois d’août est le mois le plus intense. Cela n’a pas été mon cas, j’ai vraiment pu freiner le rythme jusqu’à la veille de l’examen, où j’étais stressée, mais pas totalement paniquée.

Le jour J. Le jour de la note de synthèse. Je ne suis pas quelqu’un de stressé. Je n’ai jamais vraiment stressé pour un examen, ce n’est pas quelque chose qui m’angoissait lorsque j’étais à la fac, j’y allais, c’est tout. Bien sûr, j’ai vécu quelques moments marquants de ma scolarité avec davantage de stress, comme l’entretien pour obtenir mon master 2 ou certains oraux, mais ça n’a jamais été au point de me rendre malade. Jusqu’à ce 3 septembre 2019. Là, j’ai su ce que c’était que de stresser. Je ne sais pas ce qui est le pire : être stressé de nature ou ne pas l’être et se prendre tous les effets du stress en pleine face. C’est ce qui m’est arrivé et ce n’était franchement pas agréable. J’ai passé la pire semaine de toute ma scolarité, et l’une des pires de ma vie. Ce n’est pas bien compliqué, j’ai pleuré tous les jours. Le matin avant d’y aller, le soir en revenant. Je peux vous dire clairement que ce qui fait la différence, durant la semaine d’examen, ce ne sont pas les connaissances. C’est le mental. Et c’est là que les paroles de mon prof ont pris tout leur sens. Il faut un mental d’acier pour retourner composer le lendemain d’une épreuve que l’on pense avoir raté, et ce une fois, deux fois, trois fois. Je l’ai bien vu, en 4 jours, plus la fin arrivait, moins il y avait de candidats qui se présentaient. J’ai tenu, mes copines ont tenu, parce qu’on s’est dit dès le début : peu importe l’issue, vendredi on sera fière de faire partie de ceux qui ont été au bout. On a été au bout. Ça n’a pas été sans douleur, mais je suis fière d’avoir survécu à cette semaine de l’enfer. La semaine de l’enfer. Mes mots peuvent paraître forts et exagérés, mais honnêtement, on ne peut pas savoir à quel point c’est difficile avant de l’avoir vécu. J’ai été la première surprise, et jamais, mais vraiment jamais je n’aurais pu imaginer à quel point c’était un examen stressant et fatiguant. Le vendredi est arrivé, je suis sortie de ma dernière épreuve, à bout de force, épuisée mentalement, mais soulagée et heureuse d’avoir fini. Les écrits étaient derrière moi et je pouvais enfin me détendre un peu. Mais en fait, pas tant que ça. Parce qu’après les écrits, vient l’attente.

L’attente

Je croyais avoir fait le plus dur à la fin des écrits. Mais non, le plus difficile, dans le CRFPA, pour moi, aura été cette attente interminable, entre la fin des écrits et l’annonce des résultats d’admissibilité. Plus d’un mois et demi à attendre. Attendre, mais pas que. Parce que derrière les résultats, il y a les épreuves d’admission, avec l’épreuve fatidique du grand oral. Une épreuve que je n’avais pas vraiment commencé à préparer avant de passer les écrits, trop concentrée à assimiler le programme. Trop difficile de se projeter dans une épreuve alors que l’on n’a pas encore passé la première étape. J’admire vraiment ceux qui arrivent à préparer l’admissibilité et l’admission en même temps ! Bref, après les écrits, c’était compliqué parce que j’oscillais entre ressasser mes épreuves, me persuader que j’avais raté, et me mettre à fond dans les révisions des oraux, même si je ne savais pas par quel bout commencer tant le programme est infini. J’ai pris deux semaines pour moi. Je suis allée voir mes copines à Paris, j’ai dormi, dormi, je me suis reposée, en pensant attaquer les révision en pleine forme pour les oraux, coûte que coûte, même si j’étais persuadée avoir raté. Seulement, tout ne s’est pas vraiment passé comme je l’avais prévu.

Mon corps a lâché. Il a dit stop. Stop à toute cette fatigue accumulée pendant des semaines sans y faire trop attention. Ce n’est pas la cure de vitamines faite un mois avant les écrits qui aura réglé le problème. La vérité, c’est que j’étais exténuée. Exténuée moralement et physiquement. Je n’ai pas écouté les signaux d’alerte lancés par mon corps et je suis tombée malade. J’ai enchaîné les otites, à me taper la tête contre les murs, à en pleurer. Mon médecin m’a dit d’arrêter les révisions. Elle m’a forcée à tout stopper, à me rendre compte que si je continuais comme ça, je n’arriverais à rien parce que je ne serais peut-être même pas capable d’aller aux oraux. Elle m’a dit que si je tombais malade, ce n’était pas un virus. C’était le stress et la fatigue, rien de plus. J’en demandais trop à mon corps. Alors j’ai fini par l’écouter, je me suis ressaisie, je me suis reposée. Cette fois, vraiment reposée. J’ai déconnecté mon cerveau, totalement. Et une fois vraiment apaisée, j’ai repris les révisions pour les oraux. En essayant d’arrêter de penser aux écrits. En pensant uniquement oral, oral, oral.

Puis sont venus les résultats des écrits. Le 21 octobre. Une date qui restera gravée à jamais. Encore une matinée très stressante, parce que je ne savais pas à quelle heure les résultats allaient tomber dans ma fac. Une matinée à voir autour de moi mes copines réussir ou échouer, mais à être dans l’incertitude concernant mes propres résultats. Je n’osais même pas actualiser ma page sur Internet. Puis finalement, j’ai appuyé, et j’ai vu. Sans trop y croire. J’ai vu que j’avais réussi, vraiment bien réussi même. J’ai pleuré, pleuré, pleuré. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, c’était toute la pression que je relâchais enfin. Je n’ai même pas réussi à le dire tout de suite à mes parents tellement je pleurais. J’ai passé une journée incroyable. Je me sentais comme sur un nuage, c’était l’euphorie la plus totale. J’ai profité à fond de cette sensation que j’attendais depuis des mois. J’ai profité de mes parents, on a bien bien fêté cette première réussite.

La dernière ligne droite

Et enfin, la dernière ligne droite. Les épreuves d’admission, le grand oral. Rien que le nom me faisait frémir. Mais finalement, cette dernière étape aura été la plus simple (ou disons la moins compliquée) car j’avais pas mal de points d’avance avec les écrits donc l’oral n’était pas nécessairement déterminant pour moi malgré le coeff important. J’ai donc appréhendé les dernières semaines de révisions plutôt sereinement. J’ai passé mon oral d’anglais sans l’avoir vraiment préparé. Et je suis arrivée à mon grand oral, le 14 novembre, beaucoup plus sereine que pour les écrits. Me sentant prête. J’ai tiré le sujet, un sujet que je n’avais pas préparé du tout. J’ai soufflé, puis je me suis dit « allez, Valentine, c’est la fin, maintenant tu donnes tout pendant 1h et tu ne regretteras rien ». J’ai tout donné pendant cette heure de préparation, puis j’ai passé l’oral, avec la sensation en sortant de m’être bien débrouillée et d’avoir répondu aux attentes. Ça y est, c’était fini. Enfin. Vraiment fini. Il ne restait plus qu’à attendre les résultats. Pendant quelques jours après l’oral, j’ai eu du mal à décrocher, à me dire que je pouvais enfin lâcher mes cours et mes révisions. C’est difficile lorsque l’on a autant bossé pendant des mois, d’arrêter tout à coup.

Finalement, le 2 décembre, aux alentours de 16h30, après une longue journée d’attente, j’ai appris que j’allais devenir élève avocate. Tout ce pour quoi j’avais travaillé pendant un an, quasiment jour pour jour, se concrétisait. J’ai réussi le CRFPA.

Le bilan

Écrire cet article m’a permis de réaliser le chemin parcouru en un an. Il y a un an, j’étais loin de me douter que l’année 2019 allait être si intense et si fatigante. Préparer et passer cet examen du CRFPA m’aura beaucoup appris et m’aura fait traverser tout un panel d’émotions. J’aurai souffert, j’aurai pris confiance en moi, perdu confiance en moi, j’aurai eu envie de tout arrêter, envie de tout déchirer, je me serai questionnée sur mon envie d’être avocate, sur ma capacité à le devenir. J’aurai tout vu, tout ressenti. Mais surtout, j’aurai appris à ne rien lâcher. A puiser au fond de moi, au plus profond, pour donner le meilleur. J’ai énormément appris sur moi-même. Aujourd’hui, je sais que je suis déterminée, et qu’avec cette détermination, je suis capable d’aller au bout des choses et de ne rien lâcher. Cette année n’aura vraiment pas été facile. 2019 a été l’année la plus difficile pour moi. J’ai eu des hauts et beaucoup de bas. Mon moral a souvent été très mauvais, avec des sauts d’humeurs, des remises en question. L’impression de ne plus savoir où aller, quoi faire. Est-ce que ce que je fais aujourd’hui est la bonne chose à faire ? Toutes ces questions que je me posais. Aujourd’hui, je laisse tout ça derrière moi. 2019 a été dure, mais elle finit en beauté. Je vais entrer à l’école d’avocats et j’ai trouvé un stage génial où je pourrai travailler avec le cabinet d’avocat dans lequel je rêve de finir ma formation. Je n’aurais pas pu trouver mieux alors j’ai hâte d’être en 2020, hâte de commencer une nouvelle année et de faire ce qu’il me plaît. Merci 2019 pour tous ces enseignements. Et merci à toutes ces personnes qui ont supporté mon instabilité d’humeur au fil des semaines. Aujourd’hui, je suis fière de moi et je suis heureuse de rendre fière ma famille.

Si vous avez lu jusqu’ici, merci à vous, vous êtes courageux ! Je n’écris jamais d’article aussi personnel mais c’était important pour moi de revenir sur cette année qui se termine. On se retrouve très vite pour des articles plus littéraires avec la suite et fin des blogmas !

Et si vous devez retenir une chose, c’est celle-ci : ne jamais rien lâcher.