Aujourd'hui, la troisième trilogie Star Wars touche à sa fin annonçant la fin de la saga des Skywalker, cette famille maudite vivant dans une galaxie lointaine, très lointaine. Repose alors sur les épaules de ce dernier chapitre signé J.J. Abrams une lourde responsabilité, celle de finir en beauté une histoire mythique tout en faisant suite à un chapitre controversé. Autant dire que les fans attendent donc au tournant L'Ascension de Skywalker. Voici notre critique sans spoiler de ce dernier chapitre.
Je fais partie de celles et ceux qui ont apprécié jusque-là cette nouvelle trilogie Star Wars. Le premier volet avait apporté des nouveaux personnages modernes dans un univers qu'on connaît bien et, si la prise de risque était proche du néant, la film compensait pas son efficacité et les bases qu'il installait. Le second, réalisé par Rian Johnson, est en revanche très iconoclaste s'intéressant à l'après de la première Trilogie et s'amusant à montrer le côté le plus sombre de la guerre avec des conflits politiques qui ne se limitent pas au "bien" et au "mal".
En toute honnêteté, je n'étais pas impatient à voir ce troisième volet de la saga parce que je n'avais qu'une seule crainte celle de voir un film qui s'amuse à détruire tout ce qui a été fait dans l'Episode précédent afin de faire plaisir à celles et ceux qui ont porté leurs voies bien bien fortes parce que leur Saga allait dans une direction différente de celle attendue. Je conçois bien évidemment qu'il y avait des défauts comme la déconstruction du personnage de Finn ou bien cette volonté de trop vouloir ajouter de nouvelles possibilités que la Force offrirait, même si certaines provenaient de l'ancien univers étendu - et bien que toujours moins ridicule que le déplacement à la vitesse de la lumière de l'Episode 1, elles fonctionnaient peut-être plus dans leur média d'origine.
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Il n'empêche qu'il y avait deux solutions à cela : soit assumer les choix faits dans l'Episode 8 et aller de l'avant, soit rétropédaler. On peut dire que le film mené par J.J. Abrams a plutôt opté pour la seconde option.
Alors, je vais être tout à fait honnête ce n'est pas complètement vrai. Certes, le film semble oublier le traitement de Finn ( John Boyega) dans le précédent chapitre [ce qui n'est finalement pas plus un mal - NdR], mais il se nourrit pleinement de ce que Rian Johnson a fait pour faire avancer certains arcs narratifs. En revanche, l'intrigue principale de L'Ascension de Skywalker repose essentiellement sur l'idée de changer quelque chose qui semblait acté. Cela donne vraiment l'impression que l'histoire de cette trilogie n'avance pas même si l'objectif reste inchangé depuis le début de cette trilogie.
C'est assez paradoxal cette sensation de surplace alors que le film va à cent à l'heure, J.J. Abrams ne perd jamais de temps passant d'un point de vue à l'autre, emmenant directement Kylo Ren ( Adam Driver) face à ce qui avait été teasé pendant la promotion du film faisant quelques révélations par la même occasion. Et puis, il réintroduit l'esprit d'équipe quelque peu déconstruit dans l'Episode 8 très rapidement afin de nous emmener rapidement à la quête de Rey ( Daisy Ridley) et la nouvelle bataille de la Rébellion.
Et, là encore, nous allons de déception en déception puisque l'équipe va passer les deux premiers tiers du film à poursuivre des MacGuffin (oui, DES) comme si les personnages avaient besoin de ça pour entreprendre leur voyage vers ce qui est annoncé comme leur dernière aventure.
Les coscénaristes, J.J. Abrams et Chris Terrio, semblent vraiment décidés à revenir à quelque chose de plus proche du premier film de cette trilogie avec cette quête pour un objet perdu mais cela prend du temps sur des concepts qui paraissent plus importants à ce stade de l'histoire. Ainsi, il y a des situations forcées, des moments qui auraient pu être marquants mais qui retombent la scène d'après, et, plus malheureusement, des deus ex-machina.
Et comme Le Réveil de la Force, une grande partie du film n'est qu'un hommage à la saga originale de George Lucas - mais n'oubliant pas pour autant la "Prélogie" mais c'est moins marqué, sans parler de l'hommage rendu à Carrie Fisher morte à la fin du tournage du précédent film. Celui-ci était nécessaire alors que celui à la saga devient par moments lourds reproduisant sans aucune subtilité les scènes mythiques de Le Retour du Jedi. Sincèrement, cela ne m'aurait pas gêné si cela n'avait conduit à des raccourcis faciles et des retournements de situation peu glorieux. D'autant plus que nous voyons ces derniers arriver de loin, voire de très loin, les préparations de payement sont faits sans imagination et, surtout, avec un focus qui donnent l'impression que Abrams et Terrio nous tape dans le coude en nous disant : "regarde, regarde, ça va être important pour la suite".
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Pourtant, le film a des qualités indéniables notamment en terme d'écriture des personnages : Rey connait vraiment des moments de doute, Poe ( Oscar Isaac) semble être nourri par son aventure lors du précédent chapitre, Finn est l'ami loyal qui arrive à unir chaque membre de l'équipe. Les droides sont cool. Mon bémol reste Rose (Kelly Marie Tran) complètement mise de côté, ce qui ressemble pour moi un choix politique de la part de Lucasfilm, elle qui a été un personnage détesté par une certaine communauté [jusqu'à être victime de campagne de harcèlement en ligne - NdR]. Autre choix politique que je trouve regrettable est l'hétéronormalité et la sexualisation de chaque protagoniste, là où Le Réveil de la Force avait justement évité cela en laissant le doute planer sur chaque personnage. Ce n'est pas si grave, mais vu que le film a souvent tendance à rétropédaler ou à tenter de justifier certains choix tranchés de l'Episode 8, cela est presque gênant.
Avouons tout de même qu'il y a peut-être trop de nouveaux personnages qui, additionnés aux différents MacGuffin, surchargent parfois l'ensemble. Mais, pour le coup J.J. Abrams et Chris Terrio arrivent tout de même à leur donner corps ou à les rendre sympathique.
Mais pour moi, la plus grande qualité du film est la mise en scène de J.J. Abrams qui crée des moments incroyables et c'est d'autant plus dommage que le scénario n'arrive pas à faire frisonner. Il y a des moments grandioses mais il brille sur les petits détails, sur ce qui est plus humain. Il fait aussi des transitions de points de vue fort habiles jouant avec les lumières, les capes, les sabres laser, les positions des acteurs ou actrices. Pour le coup, nous avons là à une direction léchée et une patte artistique bien marquée.
En revanche, je trouve dommage qu'il réalise la course-poursuite dans le désert à sa manière plutôt qu'à "la manière Star Wars". Cela aurait été un hommage parfait que de faire une scène aussi iconique que la course de pods de l'Episode 1.
Je suis déçu et cela se sent à travers ma critique, pourtant le film est très appréciable pour plein de points comme son rythme, certaines scènes très réussies, sa manière d'utiliser les éléments des précédents films et ses personnages attachants. Il en reste que l'écriture facile et le manque de moments marquants gâchent le plaisir.
En réalité, je sais que celles et ceux qui lisent cette critique sans avoir vu le film veulent savoir si le film termine bel et bien la saga démarrée en 1977. Je n'ai pas spécialement envie de vous répondre de peur que cela soit perçu comme un éventuel spoiler. En tout cas pour moi, le final m'a fait oublié à un moment donné que cela terminait la saga entamée par George Lucas et que je voyais bel et bien la fin d'un cycle pour les personnages créés en 2015. Cela veut dire que J.J. Abrams a bien réussi quelque chose avec ce dernier chapitre... Peut-être qu'un deuxième visionnage me permettra de mieux apprécier le film malgré ses défauts, qui sait.