Boy Diola - Yancouba Diémé

Boy Diola - Yancouba Diémé

résentation
" Boy Diola ", c'est ainsi qu'on appelait le villageois de Casamance venu à Dakar pour trouver du travail. Ce villageois, c'est toi, mon père, Apéraw en diola. À force de côtoyer de trop près la souffrance, tu as décidé de partir. Pendant des mois, tu t'es rendu au port jusqu'à ce que ton tour arrive, un matin de 1969. Tu as laissé derrière toi les histoires racontées autour du feu, les animaux de la brousse, les arachides cultivées toute ta jeunesse. De ce voyage tu ne dis rien. Ensuite, tout s'enchaîne très vite. L'arrivée à Marseille, l'installation à Aulnay-sous-Bois, la vie d'ouvrier chez Citroën, le licenciement, la débrouille.
Odyssée depuis le fin fond de l'Afrique jusqu'aux quartiers populaires de la banlieue parisienne, Boy Diola met en scène, avec une pointe d'humour et beaucoup d'émotion, cet homme partagé entre deux mondes et donne ainsi corps et voix à ceux que l'on n'entend pas.

Avis
Récit fait de souvenirs, Boy Diola l'histoire de la vie d'Aperaw père de l'auteur venu de Casamance (Sénégal) pour débarqué sur le port marseillais en 1969. L'auteur revient sur les années de labeur à Dakar avant de trouver le bateau qui après huit jours en mer lâchera Aperaw dans un nouveau monde. Les années d'usine chez Citroën à Aulnay-sous-Bois, les grèves et ses syndicats qu'il n'apprécie guère, le crédit et la maison qu'il perdra un peu plus tard, les enfants et ses deux femmes dont l'une mourra très jeune. Mais surtout l'auteur fait ressortir cette dignité absolue qui guide son père, cette envie de travailler pour montrer qu'il n'est pas un bon à rien, peut subvenir aux besoins de sa famille, ce besoin de travailler pour être quelqu'un.

Le récit alterne l'histoire du père et la vision du fils car bien entendu tout est raconté en se basant sur des non-dits, des ressentis, le temps d'avant-avant ne se raconte pas, ce qui est passé reste derrière. Il est difficile de construire une vie lorsque l'on est à la fois physiquement en France à travailler à l'usine et par la pensée encore au pays à humer l'air et la terre, à respecter le cycle de la vie et d'en remercier un dieu que l'on a pas choisi tiraillé entre la chrétienté et l'islam.
Ce roman est le roman des immigrés venus en France pour se construire une vie en passant par le foyer, les petits jobs, l'intérim, la précarité, le tiraillement entre tradition et modernité, et ce père ce taiseux plein d'humanité cachant sa tendresse sous sa rudesse, ce père qui se débrouille avec la langue française.

Récit plein d'amour un peu maladroit par moment et où les personnages se mélangent mais on excuse ce premier roman qui se veut être un hommage à une force tranquille.