J’ai entendu parler de ce roman relativement tôt grâce à Slatkine & Cie avec qui je suis en partenariat depuis peu. En tant que lectrice, j’ai un petit vice largement comblé avec cet essai : j’adore les mœurs et les histoires de c*** (n’ayons pas peur des mots) du XIXe et XXe. Alors forcément, l’histoire de la mort en plutôt bonne compagnie de Felix Faure, je connaissais. Mais, Marguerite Steinhell, nullement.
MADAME S
Où la femme derrière le mythe
LE REFUS DE SE PLIER A LA CONDITION DE FEMME ET SON DÉSIR DE SE LIBÉRER FONT D’ELLE UN MONSTRE CAPABLE D’ASSASSINAT.
Pour comprendre la vie de Meg, il faut connaître en profondeur son époque. Historienne et psychanalyste, Sylvie Launberg est sûrement la femme qu’il fallait. Véritable enquêtrice en eaux troubles, elle remet en lumière Meg Steinhell en apportant un œil neuf et de nouveaux éléments. L’essai, car c’est bien d’un essai dont il est question – et non d’un roman comme on pourrait le penser en lisant la quatrième de couverture – est passionnant avec plusieurs angles de vue afin de remettre en place les pièces, nombreuses, du puzzle. Car Meg n’est pas juste la maîtresse d’un président. Elle fut aussi accusée d’un matricide et du meurtre de son mari. Coup politique ou vengeance ? Rien est sûr. Femme libre ayant fait un mariage de convenance, on ne peut pas dire que Meg incarne la parfaite épouse et femme de son temps. Fière, rêvant de monter dans l’échelle sociale, faisant salon dans Paris, Madame S dérange.
Malgré un vrai travail de fonds historique, l’essai a tendance à se perdre et s’éparpiller en réflexion parfois inutile. De plus, j’aurais aimé que Sylvie Launberg soit plus en retrait de son essai. Ses nombreuses interventions m’ont souvent fait ressortir de ma lecture dans des moments pourtant très intenses. Ce sont ses aspects qui rendent l’essai peu abordable et amoindrissent le côté romanesque de la vie de Madame S.
En somme, malgré un propos passionnant avec un travail incroyable de recherche et de croisement de données, je ressort de cette lecture mitigée. Qu’attendais-je vraiment ? Je ne le sais pas vraiment. Peut-être un juste milieu entre essai et roman qui aurait permis de démythifier « L’affaire Steinheil » et rendre l’ensemble plus abordable et moins « universitaire ». Cependant, l’ouvrage est à découvrir afin de mieux appréhender le siècle et sa manière de penser.
Madame S, Sylvie Launberg
288 pages