(Image à la une de Murobhasart)
AUTEUR: Renée Watson
TITRE: Sortir d’ici
ÉDITEUR, ANNÉE: Casterman, 2019
NOMBRE DE PAGES: 302 pages
Résumé:
« Tous les jours, Jade quitte son quartier de Portland pour se rendre au lycée privé de l’autre côté de la ville, celui où vont les blancs et les noirs de milieu aisé mais aussi quelques filles comme Jade : noires, pauvres et brillantes. Elle ne s’y sent pas la bienvenue, loin de là. Jade se pose alors la question de s vie : vaut-il mieux vivre la vie toute tracée qui l’attend ou défier son destin en entrant dans un monde dont elle ignore les codes ? »
Lors de la dernière masse critique jeunesse en novembre, j’ai eu l’opportunité de lire « Sortir d’ici » de Renée Watson. Je vous avoue, avant de lire ce roman, je l’ai posé face à moi et respirer un bon coup. Pourquoi ? Tout simplement, parce-que je savais pertinemment que certaines des interrogations que cette jeune héroïne allait se poser, je l’avais fait moi-même à un moment de ma vie.
Me sentant prête, je me suis plongée dans l’histoire de Jade, qui est une jeune lycéenne boursière dans un établissement le plus réputé de Portland. Certes, c’est une très belle opportunité qui lui ouvrira des portes comme le lui dit souvent sa mère. Pourtant, Jade se sent tiraillée par de nombreuses questions:
– Si on lui donne « cette opportunité », pourquoi a-t-elle cette impression qu’on lui rappelle toujours de quel quartier elle vient, de sa condition sociale et à ses origines ?
– Oui, elle aimerait pouvoir quitter son quartier, voyager, mais elle ne désire pas pour autant l’oublier et ne le voir que par le prisme de sa mauvaise réputation.
– Elle aimerait pouvoir concilier tous les éléments de sa vie, mais elle a plus l’impression de se fragmenter petit à petit.
A travers la thématique récurrente du passage à l’âge adulte, l’autrice y traite aussi les difficultés d’être issu d’un milieu modeste et de devoir faire face au racisme ordinaire. Vous savez, celui qui, sous signe de « bienveillance » vous donnera des conseils qui vous fera sentir à part, non totalement accepté. Celui qui, prenant source dans des préjugés, vous collera une image sans même vous connaître. Celui qui, parce que c’est une blague, vous ne devez pas être susceptible. Celui que l’on minimise parce que vous aurez mal compris alors que vous vous sentez blessé… Bref ! Tout en lisant ce roman, quelques vieux souvenirs me sont revenus en mémoire. Ce n’était pas agréable, mais je comprenais le ressenti de Jade.
Je me suis d’ailleurs prise d’affection pour ce personnage. J’ai aimé la voir évoluer, s’épanouir dans l’art, se créer des amitiés fortes, d’être entourée d’une famille qui croit en elle et surtout, être tout simplement elle. Jade sait pertinent qu’elle aura encore d’autres embûches à surmonter, mais elle est prête à faire entendre sa voix.
Quant aux autres personnages, ils ne sont pas dénués d’intérêt ! Ils sont eux aussi tiraillés par des sentiments divers, tels que la mère de Jade qui veut voir sa fille réussir mais qui a pourtant peur qu’elle se détache d’elle et qu’elle est honte de ses origines modestes. Ou bien Max, sa marraine, qui pourtant fière de sa culture afro-américaine et issue d’une classe aisée, ne devait pas se montrer trop « typée » pour se fondre dans la société blanche tout en prouvant qu’elle n’avait pas renié ses racines dans la communauté noire.
Conclusion:
« Sortir d’ici » fut une lecture forte intéressante et qui aura réussi à avoir quelques échos avec mon vécu. On a pour habitude, pour les romans qui traitent de racisme, que cela soit assez dur et violent. Mais ici, elle nous montre celle du quotidien, qui apparaît sous de nombreuses facettes et que l’on doit encore continuer à battre de nos jours.
Je conseillerai surtout ce livre comme une introduction à cette thématique et une bonne source de réflexion pour les jeunes lecteurs.