Les Classiques de Priscilla – Raison & Sentiments de Jane Austen

Par Livresque78

Bonne année à tous ! Qu'elle vous soit prospère en tous points, riche de lectures passionnantes, d'amour dans tous les sens et de bonne santé !

Pour moi, elle commence par la chronique de ma traditionnelle lecture de fin d'année que j'ai bel et bien achevée le 31 décembre, Raison et sentiments de Jane Austen.

Quel plaisir de retrouver l'écriture de Jane, faites de pleins et de déliés propres à la littérature anglaise de ce siècle, son humour pince-sans-rire à l'encontre de certains personnages et ses histoires d'amour ancrées dans une époque que j'affectionne particulièrement.

Pour ceux qui ne connaissent pas, voici la quatrième de couverture : Injustement privées de leur héritage, Elinor et Marianne Dashwood sont contraintes de quitter le Sussex pour le Devonshire, où elles sont rapidement acceptées par la bourgeoisie locale étriquée et à l'hypocrisie feutrée.
L'aînée, Elinor a dû renoncer à un amour qui semblait partagé, tandis que Marianne s'éprend bien vite du séduisant Willoughby. Si Elinor, qui représente la raison, dissimule ses peines de cœur, sa cadette étale son bonheur au grand jour, incapable de masquer ses sentiments. Jusqu'au jour où Willoughby disparaît...

On retrouve ce qui fait le sel des romans de Jane Austen, notamment Orgueil & Préjugés que j'ai découvert l'année dernière. Une famille constituée de filles, sans argent ou presque, heureuses dans leur équilibre familial que l'entrée en scène de deux hommes va venir perturber.

J'avoue n'avoir pas trop accroché avec le personnage d'Elinor, trop sage et raisonnée à mon goût. Si j'ai admiré son courage et son abnégation, j'ai eu du mal à me passionner pour son histoire d'amour avec Edward, que j'ai trouvée trop dissimulée et fade. La romance entre Marianne et Willoughby m'a davantage passionnée même si l'on sent très rapidement que cet amour tout feu tout flamme est voué à un destin tragique. Margaret, la troisième sœur, est complètement inexistante, trop jeune et absente dans la plus grande partie du roman. A côté de nos deux jeunes amants passionnés et de la mère des héroïnes, dont le romantisme et l'aspiration au bonheur pour ses filles lui font perdre tout sens de la réalité, la plupart des personnages sont vraiment guidés par la raison : Elinor, bien sûr, mais aussi Edward qui aurait été prêt à épouser Lucy dont il était tombé amoureux à l'adolescence et pour laquelle il ne ressent plus rien, simplement par respect de la parole donnée ; Mr Brandon, amoureux éconduit tout au long du texte, ne se défait pas de sa passion pour Marianne, lui souhaitant d'être heureuse, même si cela se fait sans lui. Evidemment, à côté de tels modèles de vertu, Willoughby fait vraiment figure de parasite, mais c'est le personnage qui m'a le plus intriguée, au point qu'à la fin de ma lecture, je ne sais toujours pas ce que je pense de lui, de ses frasques, de sa sincérité.

Je crois que ce que je préfère dans ces romans, ce sont les traits acerbes dont Jane Austen affuble ses personnages. Quel plaisir de se moquer d'individus comme Lucy, calculatrice et fourbe, mais finalement victorieuse (ce qui constitue une critique virulente de cette société de faux-semblants), Mrs Jennings la gentille commère, mais surtout le trio formé par Mrs Ferrars, John Dashwood et son épouse Fanny. Si les deux femmes sont glaçantes de perfidie, l'homme brille plutôt par son extrême naïveté et, n'ayons pas peur des mots, de sa profonde stupidité. L'argent semble être le moteur de tous ces individus qui ne parviennent jamais à être heureux quand les héroïnes, aspirant davantage à la sérénité, trouvent la paix et l'accomplissement. Bien plus que l'amour romantique dont on pourrait croire ces romans empreints, c'est la satire qui domine et qui les rend passionnants.

Vous l'aurez compris, encore une fois, j'ai adoré entrer dans cet univers et il me tarde d'être à décembre prochain pour découvrir un troisième roman de Jane Austen. Des conseils à me donner ?

Priscilla