Kaouther Adimi arrive parfaitement à décrire l'univers algérien, la corruption des élites, leurs bassesses : leur cruauté est égale à leur crédulité face aux sciences occultes, leur nuisance se mesure à leur capacité à imposer leur loi.
J'ai apprécié la lecture de Les petits de Décembre. L'écriture précise de Kaouther Adimi est toujours présente, sensible. Elle s'attache à décrire parfaitement la société algérienne et les post-attentats des années 1990. Mais il m'a manqué un souffle, un rythme (j'ai eu le sentiment de répétitions, d'une histoire qui évolue et glisse doucement, très doucement, trop doucement au point que j'ai interrompu ma lecture pour découvrir un autre ouvrage et finalement revenir à ce roman.) Si les personnages sont parfaitement marqués et distincts, je ne me suis pas attachée à aucun.e d'entre eux : le fait de ne pas avoir un héros mais des héros (choix qui s'explique parfaitement) ne facilite pas l'attrait pour l'un.e ou pour l'autre.
Aussi politique et aussi ancré dans le réel que L'envers des autres, moins historique que Nos richesses, Kaouther Adimi construit un roman sociétal abouti qui donne en un temps donné une photographie d'un quartier/d'un pays avec des personnages hauts en couleurs (où les femmes prennent une large place avec un trio de grande envergure Adila-Yasmine-Inès), un quartier cosmopolite et vivant, où vit une opposition singulière à la Gandhi qui témoigne la grandeur d'âme de ses habitants et contraste avec le mépris des "grands" de cette fable moderne.
Éditions du Seuil
De la même auteure L'envers des autres Nos richesses
avis : Clara