Daredevil est l'homme sans peur... il en a affronté des ennemis, un nombre incalculable, que ce soit le Caïd ou le Tireur, l'Homme aux échasses ou Fatalis, il se les est tous coltinés. Jamais il n'a tremblé. Il faut dire que comme il est aveugle, la plupart des acrobaties invraisemblables qu'il effectue lui passent par-dessus la tête. Mais on a beau être un casse-cou patenté, on n'est pas à l'abri pour autant de l'accident. C'est à cause d'un camion que Matt Murdock est dans un lit d'hôpital entre la vie et la mort; c'est un autre camion d'ailleurs qui est à la base de ses fabuleux pouvoirs, mais aussi de sa cécité. Jed McKay nous raconte donc ce qui se passe dans la tête d'un homme qui a été brisé par les événements, plus que par ses ennemis. Matt est profondément marqué dans son corps meurtri, il y a de fortes chances que même s'il se réveille, il ne pourra plus jamais sauter d'un toit à l'autre et bondir comme un chat. Son sommeil est peuplé de cauchemars et ses amis se relaient à son chevet, tout comme des ennemis d'ailleurs, qui viennent contempler ce justicier désormais hors d'état de nuire. Il serait si facile de le tuer d'un geste nonchalant... Wilson Fisk par exemple! Difficile aussi d'accepter que pour se mouvoir il vous faut une chaise roulante alors que vous êtes habitués à virevolter sur les toits de New York! La dépression est omniprésente et c'est dans la noirceur la plus totale que Murdock s'enfonce, conscient que cette fois-ci il est probablement arrivé au terme de son parcours. Il a des amis qui sont là pour l'épauler, tenter de le relancer, comme Luke Cage Iron Fist ou Jessica Jones, comme par hasard ceux que l'on retrouve à l'écran chez Netflix en sa compagnie. Mais rien n'y fait, la rééducation fonctionnelle est en soit une épreuve comme il n'en n'a jamais connu jusque-là, et le héros d'autrefois n'est plus qu'un handicapé dont chaque pas est une petite victoire, qui pour autant lui rappelle la distance sidérale qui le sépare de son heure de gloire.Il faut être honnête, l'histoire traîne un peu en longueur et se complaît dans la misère qui a investi le corps et l'esprit de Matt Murdock; néanmoins on tremble à l'idée que ça en est vraiment fini de Daredevil, même si le lecteur avisé est déjà au courant de l'issue favorable, puisque à la suite de cette galère une nouvelle série régulière Daredevil a été lancé par Marvel... adieu le suspense... On regrettera juste la succession de différents dessinateurs d'un numéro sur l'autre, comme s'il était impossible de trouver un artiste convaincant et régulier pour illustrer l'ensemble. Cela nous permet de lire avec plaisir des pages dessinées par Paolo Villanelli, Stefano Landini ou Iban Coello par exemple, alors que le style nerveux et torturé de Danilo Beyruth fonctionne très bien. Cette mini série nous rappelle encore une fois que derrière les super-héros ce sont surtout des drames humains qui se jouent, et si c'est cela que vous voulez lire avant tout, cet album vous tend les bras.Poor broken DD!
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