Je suis Brussolienne de cœur... depuis plusieurs décennies, aussi il m'est difficile voire impossible de passer à côté d'un nouvel écrit de cet auteur dont je possède pléthore de ses romans. Les deux derniers sortis chez Bragelonne offrent une cohérence dans les couvertures que j'apprécie même si j'aime le particularisme.
Brussolo, l'aimer c'est aimer plonger dans ses mondes imaginaires, ses histoires fantastiques, et ici j'ai été ravie: un des héros est un ectoplasme, l'autre un vieil ours mal léché, et enfin sa fille. Les morts reviennent mais dans quel but? Est-ce l'œuvre de Dieu? De son éternel ennemi? Ou d'une activité extra-terrestre? Kurt et Chuck vont essayer de s'en approcher au plus près pour découvrir l'effroyable vérité.
Chaque avancée met en œuvre une scène particulière avec ses codes intrinsèques. Plusieurs 'mondes' se côtoient, réagissant de manière différente selon l'approche faite aux évènements.
C'est ça aimer Brussolo, c'est s'immerger dans une réalité fantastique où le lecteur se laisse porter par des revirements plus ou moins attendus. Cela devient addictif, presque hypnotique. Force est de constater que cela fonctionne, même si l'auteur ne rend pas spécialement ses personnages bienveillants et sympathiques, le fait de se crisper pour tels ou tels comportements ou discours met en exergue l'impact que ses mots ont sur l'émotion ressentie.
Il m'en reste un dégoût de voyager au sein d'un gastéropode géant au risque d'être transmuté et la pénétration d'un ectoplasme dans un corps vivant m'a révulsée. Et qu'est ce que j'ai aimé ça!!!!!
J'ai eu un coup de cœur, celui qui, en refermant la dernière page du livre, vous laisse avec une merveilleuse sensation au fond de vos tripes.
Enjoy!Résumé:
La guerre des mondes a déjà commencé, hélas, personne n'a jugé bon de vous en informer !
Kurt Angström est mort, cela ne l'empêche pas d'être employé comme espion par la redoutable firme ANATOMIK Biotech qui a découvert le moyen de transformer les fantômes en agents secrets invisibles capables de hacker les programmes informatiques les plus complexes ou de s'introduire dans les pensées des vivants pour leur dicter des idées de meurtre et de suicide.
Chuck Ozzborn, lui, est un ancien soldat d'élite à la retraite, mal embouché et misanthrope, qui va contre son gré se retrouver mêlé au plus formidable complot de tous les temps.
Dans une Amérique vaincue par la coalition des barons de la drogue, et qui a perdu la volonté de se battre, les deux hommes se voient confrontés à une menace dépassant tout ce qu'on avait pu imaginer, et dont le premier symptôme prendra l'aspect d'une possession générale de la population par l'âme des morts... avec la complicité des gouvernements !
À l'insu de tous, l'Apocalypse entre en phase 2. Serrez les dents !
Petite présentation de l'auteur:
Né à Paris en 1951, Serge Brussolo écrit depuis son plus jeune âge. Ses premières tentatives de publication ont lieu dès sa douzième année... A sa sortie de faculté, après des études de lettres et de psychologie, il se lance dans la bataille de l'écriture, vivant dans des conditions précaires pour avoir le temps d'écrire ses premiers textes. Commence alors pour lui une formation à la manière des auteurs américains : métiers incongrus, hétéroclites, qui lui fourniront matière à l'études des milieux les plus disparates. Il lui faudra attendre 1978 pour que sa première nouvelle paraisse, qui sera aussitôt saluée par la critique (notamment par Bernard Pivot alors animateur de l'émission Apostrophe). Funnyway (Editions Denoël) sera en effet couronnée par le Grand Prix de la science-fiction française devenu aujourd'hui le Grand Prix de l'imaginaire.
D'autres prix littéraires ( onze ou douze à ce jour !) récompenseront ses nombreux romans fantastiques publiés dans les célèbres collections Présence du Futur et Anticipation, et qui conduiront la critique à voir en lui " le Stephen King français ". Qualificatif réducteur, car, pour Brussolo, le fantastique ou la science-fiction ne sont que des prétextes, des clefs permettant d'accéder à un univers psychanalytique où règnent le trouble, l'obscur, l'inavoué. Il se souciera d'ailleurs peu d'observer les règles du genre et s'appliquera plutôt à les pervertir systématiquement au grand scandale des puristes.
Il donnera à Présence du Futur (Denoël) ses plus grands textes hallucinés, littérature visionnaire bourgeonnant au carrefour du baroque et du surréalisme. Ne s'interdisant rien, osant tout, Brussolo deviendra l'auteur qui fait scandale dans un milieu où robots et soucoupes volantes tiennent lieu de pantoufles. Pendant dix ans, il allumera les controverses, la haine et l'adulation la plus absolue. Tantôt voué au bûcher, tantôt hissé sur un piédestal.
A la fin des années 80 il se détourne momentanément du genre pour s'attaquer à la littérature générale et au roman historique. Quoi qu'il soit difficile d'appliquer des étiquettes à ses romans, chacune de ses oeuvres se déplaçant sur plusieurs genres à la fois. Auteur polyphonique, Brussolo est un mutant réconciliant les extrêmes, un maître expert en mélanges, à la manière des auteurs sud-américains toujours attentifs aux arrière-plans du réel, aux mythologies et au fantastique quotidien. Il est important de rappeler que par ses origines il est en partie Brésilien, et qu'il a baigné dans un univers folklorique issu de la selva.
Le prix RTL-LIRE lui est décerné en 1995 pour La Moisson d'hiver. Son entrée dans la collection FOLIO prouve qu'il est tout à fait à l'aise dans l'analyse psychologique et le roman d'atmosphère. Pour certains critiques, Brussolo se situe dans la grande tradition des auteurs populaires comme Simenon ou Frédéric Dard.
Conteur doué d'une imagination surprenante et d'un époustouflant sens de l'intrigue, il s'épanouit dans la littérature criminelle et trouve son inspiration dans les aberrations sociologiques de nos sociétés. Il a reçu le Prix du Roman d'Aventures en 1994 pour Le Chien de minuit paru au Masque et son roman Conan Lord, carnets secrets d'un cambrioleur a été élu Masque de l'année 1995. Ses thrillers explorent le suspense sous toutes ses formes, conciliant roman noir et énigme classique, thriller international et machinations savantes.
Il a quitté en 2018 l'équipe des éditions Le Masque pour celle de Bragelonne, avec Le Roi Squelette.
La Société des Gens de Lettres lui a décerné le prix Paul Féval pour l'ensemble de son œuvre.