Changer l'eau des fleurs de Valérie Perrin

Changer l'eau des fleurs de Valérie Perrin

Parfois, il est bon de ne pas être originale.

Changer l'eau des fleurs de Valérie Perrin a été maintes fois encensé par ses lecteurs. Je comprends pourquoi.

Coup de cœur évidemment ! C'est un livre bouleversant, dans tous les sens du terme et dès les premières pages. Il bouleverse notre perception du monde de la mort, il bouleverse notre perception de la perte, il bouleverse constamment notre perception des personnages (ô combien...), il bouleverse nos attentes et il bouleverse notre cœur, dix fois, cent fois, mille fois...

Voici la quatrième de couverture : Changer l'eau des fleurs de Valérie Perrin Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués passent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu'elle leur offre. Son quotidien est rythmé par les confidences des visiteurs et la joie des fossoyeurs. Un jour, parce qu'un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l'on croyait noires, se révèlent lumineuses.

Violette est un personnage attachant, justement parce qu'elle n'est pas une héroïne. La vie lui a joué de vilains tours, vraiment et chaque fois, elle s'en est sortie, mais en subissant. Elle fait partie de ces personnes que l'on trouve courageuses mais qui n'ont juste pas le choix et qui ne veulent pas être vues comme des héroïnes. Les personnes qui gravitent autour d'elle au cimetière sont extraordinaires de sincérité et de pittoresque. J'ai adoré découvrir leur quotidien et leur faculté à s'attacher ponctuellement aux histoires des autres, ceux qui sont morts, mais surtout ceux qui restent, et à s'en détacher ensuite, pour reprendre pied dans la vraie vie. La vie de ce cimetière a ça d'exceptionnel, elle ne tourne pas autour de la mort, elle ne parle que de la vie : la vie des veufs, des orphelins, des maîtresses, des amants, des enfants, des parents, des fleurs, des légumes. La vie nous rattrape toujours, quels que soient les deuils, les épreuves, les souffrances que l'on traverse. Elle nous rattrape et nous rappelle que nous sommes entourés de gens que nous connaissons aussi mal qu'ils nous connaissent, que nous avons beaucoup à leur apporter, et beaucoup à apprendre d'eux.

Evidemment, les histoires de Philippe Toussaint, de Françoise Pelletier, d'Irène & Gabriel, de Julien et Nathan, de Violette donnent une trame au récit de ce quotidien. Là encore, le talent de l'auteure est indiscutable : chaque information majeure apportée à une de ces intrigues est une surprise, une claque même souvent. On en sort toujours aussi ébranlés que Violette, Philippe ou Julien eux-mêmes. C'est un art subtil et fin de la narration, comme il est finalement assez rare d'en rencontrer. Le style est aussi sans fausse note : Violette est une femme simple mais douée d'une grande sensibilité aux gens, aux choses, aux événements et on le ressent dans l'écriture, une écriture fluide, simple, mais sensible, presque sensuelle et profondément émouvante.

C'est sur fond d'histoires tragiques que se tisse cette espèce d'hymne à la vie, au bonheur que l'on trouve dans les choses simples. Ce roman m'a donné envie de profiter de tout, de chaque moment passé avec mon chéri, avec mes enfants, mais plus simplement encore, de chaque moment passé dehors auprès des fleurs, auprès des gens... Il m'a donné envie aussi d'écouter les histoires des autres, de manger des salades préparées avec les légumes du potager sur un coin de table de la cuisine de Violette, de fleurir les tombes de tous mes disparus et d'aller nager dans la Méditerranée. C'est vous dire...

Merci Valérie Perrin ! Du fond du cœur !

Priscilla