Les choses humaines
Karin Tuil
Gallimard
2019
341 pages
Je vous livre le journal intime de ma lecture
Lecture des deux premiers chapitres : Inintéressant, je m’en fiche de la vie de ces gens. Les hommes et femmes de pouvoir m’ennuient, leurs tracas ne me passionnent pas. Et surtout, c’est mal écrit donc c’est ennuyeux.
Lecture des trois chapitres suivants : je ne suis toujours pas intéressée, à deux doigts d’abandonner et puis ce style insipide ! Les personnages sont caricaturaux, ils ne dégagent rien, n’ont pas d’âme. Des faits, des faits, rien que des faits, ça ne fait pas un roman !
Entretemps petite discussion avec mon fils qui confirme tout le mal que je pense du début de ce livre et qui me dit que ça commence à devenir intéressant à partir de la seconde partie.
Lecture de la fin de la première partie : tout est cousu de fil blanc, ça avance avec des gros sabots, on sait bien ce qui va arriver. Mais bon, comme je n’y suis pas encore, je vais patienter, mais ce roman m’agace fort. Deux prix littéraires quand même !…
Lecture de la seconde partie : Jamais envie de me replonger dedans. C’est un signe. Un mauvais. Bon allez, j’y retourne.
C’est toujours cousu de fil blanc, c’est lourd. La mère qui a un entretien avec une féministe à propos des viols qui ont eu lieu en Allemagne pendant que son propre fils a un comportement inacceptable… ça manque de subtilité. Le viol n’est pas présenté comme tel pour bien montrer plus tard (je suppose) que c’est une question de point de vue (consentement ou non, là est la question). Bref, je continue à pester ! Et toujours ces phrases que je lis les unes derrière les autres d’une manière mécanique, phrases qui ne dégagent aucun souffle. Où est l’art romanesque ?
Evidemment, on est bouleversé à la lecture du procès-verbal d’audition de la jeune fille. Qui ne le serait pas ? Mais autant lire un article de journal, ça ferait le même effet.
Lecture de la troisième partie (donc, on approche enfin de la fin du roman !) :
Je l’avoue cette partie est la plus intéressante. Le procès. Les propos des uns et des autres sont justes. L’auteure montre bien ambiguïté d’une telle situation, tout n’est qu’affaire de ressenti, chacun est sûr d’avoir raison. Une femme qui ne dit mot consent disent les uns. Elle n’a rien dit pour que ça finisse plus vite, elle était tétanisée, disent les autres. L’auteure ne prend pas position. Elle permet à son lecteur de naviguer entre les arguments des uns et des autres.
Le dernier chapitre est, à mon avis, de la même veine que le début, c’est-à-dire inintéressant, pessimiste certes (et il y a de quoi l’être) mais futile, pas indispensable (en tout cas pas tel qu’il est écrit).
Ce roman est un produit de l’époque, un pur produit de marketing. Il ne pouvait que plaire ! Personnellement, j’aime trop la beauté de la langue pour l’apprécier. Il est tout ce que je déteste en littérature : opportuniste, voyeuriste et surtout écrit dans une langue fade (mais malheureusement efficace…). C’est tout sauf subtil.
Bien sûr, il met le doigt sur un sujet brûlant : le consentement, et rien que pour ça certains pourraient dire qu’il est utile. Mais je pense, sincèrement, qu’il est préférable de lire un témoignage (comme celui de Vanessa Springora, que je n’ai pas lu) ou un vrai roman avec de la densité et une écriture puissante, un style, une originalité de traitement. Je ne pense pas que je relirai cette auteure.
C’était : lecture d’un livre multi primé, grand moment de solitude !