S'il y a bien un mot mal utilisé, galvaudé même, quasi autant que celui d''otages", surtout en ces temps d'affrontements sociaux, c'est bien celui d'"anarchie". Il vient du grec "an-", préfixe privatif signifiant absence de, et "archos", autorité, commandement. En résumé, il peut donc s'appliquer à une société sans autorité ou hiérarchie. Rien à voir avec le chaos auquel il est souvent erronément associé.
A noter que ce vingt-neuvième volume de la collection de poche est dédié "à la mémoire de Vladimir Grigorieff", auteur érudit et vulgarisateur décédé le 15 août 2017, quelques mois après avoir signé le texte de sa première bande dessinée, "Le conflit israélo-palestinien" (illustré par Abdel de Bruxelles, lire ici).
Première page du roman graphique. (c) Le Lombard.
Pas de traité théorique ici mais une approche franchement amusante avec cet ado qui mate la formule "Ni Dieu ni maître", clé de l'anarchie due à Blanqui, sur son ordinateur. Au désespoir absolu de ses parents qui refusent d'y voir une pub pour des baskets malgré la mention qui en est faite. Plutôt radical, le traitement du psychiatre nous permet en réalité de découvrir, en même temps que les parents de Jean-Baptiste, les caractéristiques de l'anarchie.
... les bases. (c) Le Lombard.
Revoyons...
C'est parti ensuite pour aborder les théoriciens, débattre du vocabulaire, se balader dans l'Histoire tandis que l'ado nous convie à ses propres découvertes grâce à son pote Nanar. La rencontre d'anarchistes célèbres, présentés de façon chronologique mais agréablement déjantée, du XIXe siècle à nos jours, fait quelques détours bienvenus, par l'origine du drapeau noir, le célèbre A cerclé, Mai 68 ou Léo Ferré. Bref, il faut tout lire mais on s'y amuse bien. Et en finale, on aura bien compris ce qu'est l'anarchie, la vraie.
Jean-Baptiste va encore découvrir
beaucoup de choses. (c) Le Lombard.