Doomsday Clock #12

Ça y est, il aura fallu du temps mais nous avons en mains le dernier épisode de Doomsday Clock mais, très clairement, les ambitions de la maxi-série de Geoff Johns et Gary Frank ont changé en cours de route.

Je n'aime pas trop ce que je vais faire mais je n'ai guère le choix d'évoquer les problèmes éditoriaux en évoquant la fin de Doomsday Clock. Je n'aime pas ça, parce que j'ai l'impression de n'avoir parlé que de ça durant les 6 derniers numéros et que cela peut donner une mauvaise image de cette maxi-série.

Malheureusement, je me sens obligé d'en parler parce que, lorsque Doomsday Clock a commencé, il y avait une attente forte. On parlait d'un (énième) tournant décisif pour l'univers DC qui devait faire suite, certes à Watchmen, mais surtout au one-shot DC Universe Rebirth. En tant que telle, le début de la maxi-série devait se situer un an après les séries régulières qui étaient en cours de publication chez DC. Sauf que le retard accumulé - soit plus de 2 ans pour avoir les 12 numéros - a forcé l'éditeur de changer ses plans. Ça, et le fait que Geoff Johns qui était alors le seul architecte de cet univers s'est vu retiré le rôle et, donc, l'importance initiale qu'on donnait à Doomsday Clock s'est envolée.

Très clairement, l'action de ce récit ne se déroule pas dans l'univers actuel DC. En effet, un personnage mort dans la série Batman joue ici un rôle important. Mais, ce n'est plus grave parce que Geoff Johns semble avoir changé son plan initial pour donner un message plus universel.

Je cautionne assez peu l'utilisation des personnages de Watchmen dans cette maxi-série, parce que finalement ça n'apporte pas grand chose de plus à l'histoire de Johns, Dr Manhattan aurait pu être remplacé par une divinité quelconque, Ozymandias ne sert finalement à rien de bien excitant, Rorschach fait plus de bruit qu'autre chose... L'idée de Johns était d'écrire une lettre d'amour à l'univers DC. L'utilisation de la licence Watchmen est intéressante simplement dans le fait qu'elle vient à rappeler l'univers DC pré-Crisis opposant alors des univers différents au sein d'un même multivers.

Et, justement, Geoff Johns nous montre ici son amour pour le multivers à l'ancienne - au cas où son retour à la fin de Infinity Crisis n'était pas un indice suffisant - mais, aussi, son amour pour le symbole de DC, celui par qui tout a commencé, Superman. Ce final est axé autour de tout cela avec Dr Manhattan essayant de comprendre l'essence de DC et ce qui anime Superman, se comparant à lui, non pas en terme de force mais en terme de motivation arrivant ainsi à une conclusion intéressante - qui repose un peu sur le même principe que le final de la série télé d'ailleurs.

Ce n'est pas grave si le cap a changé, si Doomsday Clock s'avère tout de même un peu vain, le message envoyé est beau. Mais, cela donne tout de même un peu l'impression du chant de cygne de Geoff Johns chez DC dans le sens où il fait rentrer au forceps les concepts qu'il aime tant dans cet univers. Ainsi Black Adam croise la Légion des Super-Héros, Superman côtoie la JSA, Lex Luthor joue un rôle important... Bref, le milieu d'épisode est brouillon avec tout cela qui se mélange de manière presque forcée, la conclusion des arcs narratifs des personnages issus de l'univers de Watchmen vient à rajouter une couche de bordel. Mais lorsque l'histoire devient métaphysique, c'est fort intéressant.

Gary Frank est ici exposé à des pages très exigeantes avec beaucoup de monde et beaucoup d'action dans peu d'espace même si la structure du gaufrier respecté depuis le début est cassé - ce qui fait sens avec ce qui se passe, les contraintes de script sont bel et bien présentes. N'empêche qu'il parvient à relever le défi comme il se doit. Très clairement, si l'artiste a pris son temps pour dessiner cette maxi-série, cela en valait la peine.

Doomsday Clock #12