Histoire littéraire #1 – Naissance de la littérature

Par Nina @LecturesdeNina
Salutations ami(e)s littéraires,
Je vous propose aujourd’hui et certainement une fois par mois de nous retrouver pour parler histoire littéraire. Parce que j’aime ce que je fais en cours, mais aussi parce que j’ai envie de le partager avec vous ! Néanmoins, il convient de vous le dire : ces dires n’ont pas vocation d’être clôturé sur eux-mêmes, ils aspirent à l’échange, au débat et à l’enrichissement. Alors, n’hésitez pas si je me trompe, si vous avez des questions, si le sujet abordé implique des frontières mobiles – comme c’est souvent le cas en littérature – et que vous souhaitez en débattre, je suis toute ouïe !


Pour commencer par le commencement, comment la littérature est-elle devenue littérature ?
Afin de répondre au mieux à ce questionnement – qui traite bien sûr exclusivement de la littérature française – nous allons remonter au Moyen-Âge central ! Alors bienvenue gentes damoiseaux et damoiselles aux XIe et XIIe siècles.
Pour faire naître une littérature en langue romane – notre ancêtre du français – deux conditions ont dû être réunies :
  • la première – et non des moindres – est le passage de la langue romane comme langue officielle au XIe siècle. En effet, avant cela, une dichotomie nette séparait la langue du peuple de celle de l’Église, le latin. Ainsi, le latin avait le monopole du savoir et les écrits n’étaient transcrits que dans cette langue puisque le peuple n’avait aucun accès aux livres – saints pour la plupart. Ce passage à donc une valeur importante pour l’émergence de la littérature, le langage étant bien sûr son outil principal !
  • la seconde est un désir. Au début du XIIe siècle, une période de paix s’installe dans le royaume avec la fin des guerres de conquête. C’est ainsi que les nobles ont pu diriger leur curiosité vers les arts et les lettres ! Afin de combler cette curiosité, mais aussi dans une démarche de volonté d’inscription de leur mode de vie et de leurs valeurs profanes dans la société, ils ont réclamé aux clercs des textes compréhensibles pour eux. Les premiers écrits profanes en langue vernaculaire – romane donc – se développent par ce biais. 
NB : il faut tout de même préciser que l’oral reste dominant jusqu’au XIIe siècle pour narrer les histoires, c’est au XIIIe siècle que l’alphabétisation augmente et que la transmission orale laisse sa place à une prédominance écrite. 

Mais alors, quels sont les premiers genres littéraires ?
Bien que l’on pourrait débattre des heures sur cette frontière mobile des genres, je reste néanmoins sur cette notion telle qu’elle nous a été apprise dès le secondaire ! Trois genres principaux gouvernent notre mystérieux Moyen-Âge :
  • Le plus ancien est la chanson de geste : ces poèmes épiques célèbrent des exploits guerriers de héros légendaires. Le mot « chanson » renvoie à l’oralité primitive du genre, mais aussi à son accompagnement musical car, à cette époque, la poésie se chantait ! Tandis que le mot « geste » renvoie lui au latin gerere qui signifie agir donc l’action militaire ici. Les chansons de geste remplissaient une fonction sociale et idéologique car, non seulement, elles rappelaient de hauts faits militaires et les commémoraient, mais aussi elles rassemblaient la communauté autour de valeurs communes possédées par le héros.
  • Ensuite vient, la poésie lyrique renvoyant encore une fois au chant. Celle-ci s’est développée dans les milieux aristocratiques, elle se veut raffinée et a pour thématique centrale, l’amour. Ce sont les fameux troubadours qui la distillent dans le Sud en langue d’Oc ; puis dans le Nord, ce sont les trouvères qui prennent le relais, cette fois en langue d’Oïl. Ces derniers diffuseront largement la courtoisie et, de là, naîtra le grand thème de l’amour courtois ou fin’amor – sur lequel je reviendrais surement dans le cadre d’un autre article. 
  • Enfin, au XIIe siècle, le roman ! On note que le roman s’appelle roman pour la langue romane et découle d’une influence des deux premiers genres évoqués. Les premiers romans sont versifiés et dressent les valeurs de la noblesse et de la courtoisie. Il existe deux matières différentes pour ces romans : soit ils sont de « matière de Rome – ou roman d’Antiquité »  et sont traduits du latin ou du grec pour transmettre les mythes et légendes antiques – ils ont donc une fonction didactique ; soit il sont de « matière de Bretagne – ou roman arthurien » et prennent appui sur les fonds légendaires bretons – ils sont plus libres car sans modèle de référence ainsi ils ne visent que la distraction du public. 

Quelques références si l’envie est de la partie !
  • La chanson de Roland, chanson de geste, XIe siècle, Turold – mais rien n’est sûr 
  • La douce voix du rossignol sauvage, chanson courtoise, XIIe siècle, auteur inconnu
  • De fine amor vient séance et bonté, chanson courtoise, XIIIe siècle, Thibaut de Champagne
  • Roman d’Énéas, Matière de Rome – Référence l’Énéide de Virgile, 1160, auteur inconnu

Et vous, que pensez-vous de la période ? De l’émergence de la littérature française ? Dites-moi tout, même si je vous ai endormi n’hésitez pas !