Manhattan, New York. Des sans-abri sont sauvagement assassinés et décapités par un tueur en série. Un SDF est arrêté, il se fait appeler Bone, déclare avoir perdu la mémoire, ne sachant ni son vrai nom, ni s’il est le criminel et encore moins pourquoi il ne se sépare jamais d’un fémur humain qu’il tient à la main comme une matraque. Faute de preuves, il est relâché mais alors que les meurtres avaient cessé durant son incarcération, ils reprennent. Bone va devoir se lancer dans une improbable quête, retrouver son identité et ce tueur qui semble vouloir lui faire porter la responsabilité de ces crimes…
Le roman débute vraiment très bien avec un récit classique se déroulant dans le monde des sans-abris newyorkais, ce qui permet à l’écrivain – bien informé – de nous entrainer dans un monde à deux entrées : celui de ces malheureux et celui des sous-sols secrets de la ville. Le bouquin date de 1989 et j’avoue ne plus très bien me souvenir de ce que nous savions des SDF à cette époque, donc aujourd’hui je n’ai rien appris en lisant ce livre, mais nous suivons Bone dans les quartiers louches de la ville, dans les refuges prévus par l’administration mais où règnent violence, hygiène exécrable, surveillants véreux et cinglés furieux. C’est bien documenté et plutôt véridique, dressant un portrait social assez accablant pour la société (« - Comment la municipalité peut-elle tolérer ça ? – Tolérer quoi ? – Que des gens sans foyer meurent de la tuberculose et des autres maladies que vous avez mentionnées. Comment peut-on laisser des gens mourir de froid en hiver ? ») L’autre angle particulièrement intéressant du roman, le New York secret et parfois inconnu des plans de la ville, ces souterrains, ces tunnels, ces grottes, certains datant du siècle passé, d’autres naturels ; cavités abritant les réseaux de canalisations, de métro etc. désaffectés parfois. Pour résumer, les décors du bouquin sont très réussis.
Oui, mais l’intrigue ? Bah… c’est là que le bât blesse finalement. Certes, il y a des cadavres, oui il y a des personnages secondaires hauts en couleurs comme Zoulou, un géant Noir vêtu d’une toge avec un grand bâton qui conte des histoires aux passants, où même l’ignoble Lobo, chef d’un gang de frappes qui persécutent les miséreux…mais il y a aussi Anne Winchell qui bosse dans un organisme d’aide aux SDF et qui en pince grave pour Bone, lequel n’est pas insensible à son rentre-dedans – un ange passe, une fleur bleue à la main, bâillements d’ennuis pour le lecteur. Tout cela finira très bien, sauf pour le tueur (un illuminé mystique sexuellement handicapé, ouais ça fait bien dans le décor, non ?) mais ça fait déjà presque cent-cinquante pages qu’on s’ennuie un peu, tant tout cela est prévisible.
Un roman très moyen, qui se laisse lire néanmoins mais qui aurait gagné à être moins bavard et répétitif. Bof !