Ce que l’on sème de Regina Porter

Par Krolfranca

Ce que l’on sème

Regina Porter

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laura Derajinski

2019

360 pages

Titre prometteur… Les graines que l’on sème chez les êtres humains, on le sait, peuvent ressurgir un  jour ou l’autre dans la descendance. Les traumatismes des uns et des autres se transmettent, souvent inconsciemment. A travers l’histoire de deux familles, l’une blanche, l’autre noire, Regina Porter trace de manière originale le parcours de personnages singuliers. Les deux familles vont s’entrecroiser, et même fusionner à travers un mariage. Les uns vont côtoyer les autres au hasard d’un déménagement, de relations amoureuses homosexuelles ou hétérosexuelles. Les histoires qui nous sont contées s’entremêlent habilement, les événements s’éclairant (ou pas) les uns les autres au fil des pages.

Les photos qui parsèment le texte donnent une authenticité aux propos de l’auteure. Elles jalonnent les lieux, comme autant de repères spatio-temporels réels qui permettent d’illustrer l’histoire des personnages au sein de l’Histoire des Etats-Unis.

Des doses d’humour, des narrateurs différents et crédibles, une écriture dynamique et variée. C’est une peinture impressionniste qui se déroule sous nos yeux. Impression en noir et blanc.

Mais j’ai parfois été perdue dans le dédale de toutes ces histoires et je me suis souvent référée à la présentation des personnages de la première page. Lorsque j’ai découvert l’histoire d’Eloise, je suis revenue en arrière, pour vérifier que je l’avais déjà croisée (et un peu oubliée), mais sous un autre angle. Tout s’enchâsse, cela donne un effet kaléidoscopique. Chaque chapitre est passionnant mais on a du mal à les relier entre eux. Ce serait mon plus gros bémol. Les chapitres se répondent, se font écho les uns aux autres. Mais j’avoue ne pas toujours avoir saisi où l’auteure voulait m’emmener. Et on ne peut pas dire non plus que l’histoire des Etats-Unis soit fouillée, elle est effleurée, elle situe le contexte (la guerre du Viêt-Nam, la mort de Martin Luther King, la ségrégation raciale, la difficulté de se réinsérer dans la vie après avoir participé à la guerre, jusqu’à la présidence d’Obama tout juste citée). L’accent est davantage mis sur les relations entre tous ces personnages.

Je suis restée un peu sur ma faim même si j’ai aimé croquer chaque tranche de vie comme des parts d’un trop gros gâteau.

C’est Kathel qui m’a donné envie de lire ce roman.