Le ciel par-dessus les toits
Nathacha Appanah
Gallimard
2019
124 pages
« Bon sang, comment faut-il la mener cette putain de vie pour qu’elle ne vous morde pas au quotidien ? »
D’entrée de jeu, un texte d’un jeune homme écrit en prison. Belle entrée en matière, on plonge dans un univers sordide avec de très jolis mots. Lui, c’est Loup, un jeune de 17 ans, qui a conduit la voiture de sa mère (sans avoir le permis) pour rejoindre sa sœur, celle qui lui avait murmuré une promesse à l’oreille, juste avant de quitter la maison familiale, c’était il y a dix ans. Il a provoqué un accident en roulant à contresens. Il se retrouve en prison (c’est étonnant, mais bon.)
Il y a un ton qui m’a saisie d’emblée sans prévenir. Il y a des images qui se sont fixées comme des instantanés dans mon esprit. Il y a ce va-et-vient dans le temps, ces chapitres qui ne se suivent pas de manière chronologique et qui chavirent, s’entrechoquent pour nous dire la souffrance. Il y a ce qu’on dit à voix feutrée mais qui nous hante, comme un baiser appuyé d’un homme à une enfant. Il y a cette jolie construction qui frise la destruction. Il y a cette fin admirable de l’avant-dernier chapitre (j’aurais bien fini là-dessus, moi, mais bon.)
Mais il y a aussi ces phrases longues avec parfois trop d’énumérations. Et cette brièveté qui empêche le lecteur de s’installer confortablement dans l’histoire. Et par conséquent qui risque de me faire oublier trop rapidement ce que j’ai lu.
Comme un leitmotiv, revient cette litanie « le ciel si bleu, si calme » qui a donné le titre au roman. Verlaine accompagne ces personnages cabossés. Le bleu du ciel comme un écho en négatif du noir intérieur de chacun d’eux. La poésie pour dire le mal-être, pour dire la douleur, pour dire le manque.