Campagne (2)

Par Aufildesplumes

Suite de l’épisode 1

2.

La jeune femme qui lisait au volant sursauta. Elle baissa sa fenêtre et Tim se présenta.

– Bonjour je m’appelle Timothée Bourru, je viens pour la location.

– Ah, oui, vous êtes en avance.

Elle mit soigneusement son marque page à sa place et sortit de la voiture avec une chemise sous le bras.

– On ne prend pas votre voiture ? demanda Tim.

– Pourquoi faire ?

– Pour aller jusqu’à la location.

– Vous êtes un rigolo vous ! dit elle en lui tapotant gentiment l’épaule.

Ils firent quelques pas, s’engagèrent dans une petite ruelle et s’arrêtèrent à la deuxième porte.

– Voilà, on y est ! dit la jeune femme en désignant la vieille bâtisse.

Tim leva un regard interloqué vers les murs en vieilles pierres. La maison était l’avant dernière du village. Après le désert campagnard s’étendait à perte de vue. L’agent immobilier l’invita à entrer. Elle sortit une clé de la chemise, l’inséra dans la serrure et donna un coup d’épaule pour ouvrir la porte.

– L’humidité ! dit-elle en souriant.

– L’humidité…répéta Tim inquiet.

La porte d’entrée donnait sur un vestibule où était accrochée une simple patère. Ensuite, un vaste espace de vie s’offrait à eux. Une cuisine sommaire ouverte sur un salon, salle à manger aux dimensions folles. Ces deux pièces étaient déjà deux fois plus grandes que le petit studio dans lequel vivait Tim à Paris. L’ensemble était meublé avec goût. Un canapé et une table basse faisaient face à un meuble télé massif. Aux murs, des tableaux provençaux étaient accrochés. Tim fit une grimace en les voyant. Un wc était à disposition en bas mais aussi à l’étage. Le premier était aussi grand que le rez- de- chaussée. Un petit couloir desservait deux vastes chambres et une grande salle de bain.

– Vous avez également un espace buanderie et garage en bas. Les propriétaires vous ont laissé une machine à laver. Bien évidemment, vous êtes autorisé à mettre une touche personnelle dans la décoration mais les propriétaires ont stipulé qu’il ne fallait en aucun cas enlever les tableaux des murs.

La jeune femme ouvrit les volets et les fenêtres de la chambre principale. La vue était…dégagée…aucun immeuble à l’horizon.

– Le chauffage se fait au bois dans la cheminée du bas qui a été ramonée récemment. Vous avez un ventilateur à disposition dans le garage.

Tim faisait le tour de la pièce, muet face à cette immensité.

– Vous désirez voir le jardin ?

– Le jardin ? s’étonna Tim. Il y a un…jardin ?

La jeune femme fit un sourire en coin et mena le jeune parisien dans son jardin. Il y avait une petite terrasse avec une table et des chaises en plastique. Un vieux barbecue traînait dans un coin et au fond, il y  avait un potager.

– L’espace potager est bien entretenu. Vous devriez avoir encore quelques tomates. L’ancien propriétaire a tenu à ce petit carré de terre jusqu’à la fin.

– Ah ? Et pourquoi est-il parti ?

– Il est décédé.

Un silence gêné s’étira entre les deux jeunes gens.

– Pourriez- vous me rappeler le montant du loyer s’il vous plaît ? Je crois que je me suis un peu emballé… Ce logement me semble immense et un peu au-dessus de mes moyens…

– 450€ charges comprises.

Ce loyer était la moitié de ce qu’il payait pour son ancien logement. Après avoir fait un état des lieux minutieux (il fallut répertorier tous les immondes tableaux), la jeune femme, laissa Tim prendre possession des lieux. Au moment de se dire au revoir, il demanda :

– Rassurez- moi, l’ancien propriétaire, il…il n’est pas mort ici au moins ?

La jeune femme sembla désarçonnée et lança un regard paniqué sur le canapé.

– Euh… Non ! s’exclama-t-elle rouge écarlate.

Finalement, elle s’enfuit presque en courant sans vraiment dire au revoir à Tim qui décida qu’il fallait changer le canapé.