Une trentaine de pages lues et ça y était: je détestais Barry. Sa lâcheté, sa naïveté, sa maladresse, sa condescendance. Je n’ai pas eu pour lui une once de compassion. Je l’ai trouvé pathétique. Même sa fuite est pathétique.Les autres personnages ne sont pas en reste, quasiment tous aussi irritants les uns que les autres. Pas seulement Barry. Sa femme, aussi. Chacun à leur manière fuit: Barry à bord d’un bus, sa femme dans les bras d’un écrivain guatémaltèque. Chacun fait du déni.En fait, seuls les moins nantis ont eu grâce à mes yeux!
Le manque de consistance des personnages secondaires m’a aussi agacée. Leur manque de relief est stupéfiant. Ils me sont apparus comme des accessoires, servant de faire-valoir.La façon qu’a Gary Shteyngart de beurrer épais sur les clichés (les méchants riches / les pauvres au grand cœur) a fini par me tomber sur les nerfs. Sans parler de ces situations qui me sont apparues invraisemblables. Une parmi d’autres: comment un homme issu d’un milieu modeste (son père nettoyait les piscines des riches)peut-il être à ce point déconnecté de la réalité?Je me suis tout de même rendue jusqu’au bout. D’abord parce que je voulais voir jusqu’où ça menait. Et aussi parce que les mots de Gary Shteyngart étaient plutôt bien tournés, assez pour me retenir.Je me rends compte à quel point les petites misères existentielles des gens riches me hérissent le poil. Quand tu te balades avec une collection de montres de luxe, que tu bois une bouteille de whisky à 33 000 $ US… Au final, même avec une roche de crack dans les poches, les pérégrinations de Barry ne lui ont rien appris. C’en était désespérant.
C’était supposé être satirique? La satire manquait définitivement d’épaisseur et de panache. Un roman beaucoup trop suffisant à mon goût.
Lake Success, Gary Shteyngart, trad. Stéphane Roques, De l’Olivier, 380 pages, 2020.
★★★★★