Pour la petite histoire: j’avais adoré Tony Hogan m’a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman, le premier roman de Kerry Hudson. J’avais poussé Electra à le lire. Elle m’en parle encore aujourd’hui. C’était une de ses pires lectures à vie! La couleur de l’eau, le dernier roman de Hudson, ne m’avait pas convaincu. Jamais deux sans trois. J’ai décidé de remettre ça avec Basse naissance. Ici, c’est son autobiographie, pas un roman. Kerry Hudson revisite les villes où elle a vécu dans son enfance. Maintenant que sa vie est sur la bonne voie (sa carrière d’écrivaine roule rondement, son mari est un amour, stabilité et sécurité sont là), elle veut décortiquer ce que signifie, aujourd’hui, être pauvre en Grande-Bretagne.Elle part de loin, Kerry. À 18 ans, le bilan est lourd :
1 mère célibataire
2 séjours en famille d’accueil
9 écoles primaires
1 enquête de la Protection de l’enfance pour abus sexuel
5 collèges
2 agressions sexuelles
1 viol
2 avortements
La spirale qu’entraîne la pauvreté est sans fin. La honte, la vulnérabilité, la crainte du jugement ne s
’effacent pas du jour au lendemain. Des rencontres marquantes lui donnent l’élan pour aller de l’avant. Mais pourquoi s’en est-elle sortie, et pas les milliers de jeunes issus du même milieu qu’elle?Il serait facile de penser que j’ai joué de malchance. Que j’étais une terrible exception. Mais, en vérité, les gens avec qui j’ai grandi ont vécu à peu près la même chose. Parfois un peu moins. Souvent beaucoup plus. La différence avec moi ? J’ai vu quelque chose à l’horizon et je me suis mise à courir. J’ai couru et je ne me suis jamais retournée.
Sans le moindre jugement, sans sentimentalisme, Kerry Hudson pose un regard acéré sur les inégalités de classe et les moyens de s’élever. Elle donne voix aux laissés-pour-compte dont elle a un jour fait partie. Un ouvrage édifiant qui retrace le parcours d’une combattante. Impossible de dire du mal de ce livre!Basse naissance, Kerry Hudson, trad. Florence Lévy-Paoloni, 288 pages, 2020.★★★★★