Présentation
Lors d'un exposé en cours d'histoire sur les premiers autodafés nazis, Livio, 17 ans, retrace l'incroyable parcours de Magnus Hirschfeld, ce médecin juif-allemand qui lutta pour l'égalité hommes-femmes et les droits des homosexuels dès le début du XXe siècle. Homosexuel, c'est précisément le mot que n'arrive pas à prononcer Livio : ni devant son amie Camille, dont il voit bien qu'elle est amoureuse de lui, ni devant ses parents. Magnus Hirschfeld pourrait-il parler pour lui ? Sous le regard interdit des élèves de sa classe, Livio accomplit alors ce qui ressemble à un coming out.
Deux histoires se mêlent et se répondent pour raconter ce qu'est le courage, celui d'un jeune homme prêt à se livrer, quitte à prendre feu, et celui d'un médecin qui résiste jusqu'à ce que sa bibliothèque de recherche soit brûlée vive. À un siècle de distance, est-il possible que Magnus Hirschfeld et Livio se heurtent à la même condamnation ?
Livio, sa différence il l'a toujours gardé pour lui sauf qu'aujourd'hui il a décidé d'en parler sous couvert de l'histoire de Magnus Hirschfeld. Cette déclaration il l'a fait devant sa classe lors d'un exposé sur les autodafés pendant la seconde guerre mondiale. Hirschfeld, médecin allemand spécialisé dans la sexualité et luttant contre la pénalisation de l'homosexualité prévue au paragraphe 175, a vu son institut de sexologie détruit et les livres de sa bibliothèque brûlés par les nazis. En se dévoilant ainsi Livio ne pensait pas trahir à ce point son amie Camille, révolter les uns et se faire détester des autres, mais voilà la chose n'est peut-être pas dites mais elle sera très bien comprise.
Cet exposé scolaire permettra à Livio de se dévoiler, le récit nous montre le déroulement qu'aurait du prendre cet exposé et ce qui finalement sortira de la bouche de Livio. L'auteure expose les angoisses de ce jeune garçon qui de son côté raconte son environnement notamment sa famille d'origine italienne dont il ne sait rien, ses parents refusant de parler de leur passé et puis ce père employant ce vocabulaire devenu commun mais qui au fond blesse Livio.
On ressent de la peine pour Livio qui face à sa mère attend désespéramment une main tendue, cette tristesse qu'il ressent lorsque sa mère voit claire dans ce coiffeur homosexuel mais qui n'ouvre pas les yeux devant ce fils, un peu comme si tout le monde avait conscience qu'un secret planait mais que personne ne voulait le percer.
Dans ces lignes il n'est pas plus question de tolérance que de droit à la différence, elles font juste référence à des réflexions et cette envie d'être dévoilé, reconnu, d'où découlera à coup sur une empathie plus que du dégoût. C'est peut-être ce que Livio cherchait avant de ne trouver que des regards noirs et de disparaître.
Belle approche et originalité du sujet, une référence historique aussi qui pèse son poids dans le récit mais tout ceci ne m'a pas autant captivé que je l'aurais souhaité. J'ai perçu la souffrance et ressenti une tristesse, un froid, un vide sous les pieds de Livio, pourtant ce texte qui s'annonçait très prenant a été lu sans passion. C'est donc une déception pour moi en termes de ressenti mais un bon point pour cette idée de raconter l'homosexualité autrement.