The Sinner

La Pécheresse – Petra HAMMESFAHR

The Sinner

J’ai lu ce livre avant d’avoir entendu parler de la série. Donc aucun à priori, la découverte est totale. Je reprends mon souffle après cette lecture complexe qui nécessite une bonne concentration sous peine d’être très rapidement perdu dans le récit…

Par un bel après-midi, sur les bords d’un lac, Cora Bender, vingt cinq ans, poignarde subitement devant plusieurs témoins, dont son mari et son fils, un jeune inconnu venu comme elle prendre du bon temps en famille… Interrogée par les policiers, la jeune femme qui parait tout d’abord satisfaite de son acte, se contente d’avouer sereinement son crime. Mais le commissaire Rudolf Grovian veut comprendre les raisons de cet acte et parvient à fissurer un mur que Cora a bâti entre elle et de lourds traumatismes : il ramène à elle « les fantômes du fond de l’enfer« . Cora a semble t-il grandi dans une bien étrange famille, durant les années 80, imagine t-on suite à quelques références musicales. Une mère, arriérée, catholique intégriste, (pour qui un téléviseur est un instrument du diable…), véritable tyran, qui répète sans cesse à Cora que ses péchés finiront par tuer sa soeur Magdalena, « la candidate à la mort » souffrant d’une très grave maladie du coeur… Un père frustré pour lequel elle éprouve beaucoup d’affection réciproque mais qu’elle « érotise » par manque de repère… Une tante, Margret, qui aide comme elle le peut cette jeune adolescente perturbée, sans oser toutefois s’immiscer dans cette famille dysfonctionnelle. Et la jeune soeur, Magdalena, autour de qui se noue ce drame, qui est à l’origine du sentiment de culpabilité extrême éprouvé par Cora.

Nous soupçonnons rapidement cette histoire d’être glauque, sordide à souhait et parfois très malsaine. Mais ce ne sont que des soupçons car face aux questions du commissaire dont le but est de lui éviter l’internement en asile psychiatrique, puis à celles d’un avocat et d’un psychologue, le lecteur se rend rapidement compte que Cora extrapole, ment, déforme la vérité, tait certains faits, en invente d’autres… ce qui rend le récit si difficile à suivre parfois. Mais dans ces allers et retours très complexes de l’esprit torturé de la jeune femme, certaines crises et symptômes psychosomatiques finissent par révéler le traumatisme véritable qu’elle a subi et qui génère chez elle culpabilité et désir de vengeance.

Dans un style froid et dense, l’auteur signe un thriller psychologique éprouvant, où le spectre de la folie est toujours présent. Ce sujet passionnant m’évoque l’ambitieuse trilogie du duo suédois Erik Axl Sund Les Visages de Victoria Bergman.