La Forêt des Ombres

Par Lison Carpentier @loeilnoir1

La Forêt des Ombres – Franck Thilliez

Il m’est toujours assez difficile de remonter des profondeurs thilliesques tant chacune des histoires de Franck Thilliez nous entraîne vers les bas-fonds de l’âme humaine. Là encore, il nous prouve que son univers est peuplé de démons à figure humaine, aux préoccupations démentes.

La Forêt des Ombres est un one-shot, nous ne retrouvons pas pour cette fois le duo Sharko/Hennebelle. Un autre couple est à l’affiche: David et Cathy Miller, et leur enfant de deux ans Clara. Lui est thanatopracteur et écrivain, elle en recherche d’emploi. Depuis un mois, ils sont harcelés par les lettres d’une certaine Miss Hyde au contenu on ne peut plus explicite, mettant David dans une sale posture de mari trompeur… Cathy n’est pas en reste toutefois : elle lui dissimule un avortement des suites d’une aventure avec le meilleur ami de David… Alors que la situation du couple est on ne plus tendue, David se voit proposer par un vieil infirme inconnu une offre aussi inattendue qu’alléchante… Arthur Doffre, ainsi dénommé, qui souhaite « abandonner son enveloppe charnelle pour renaître par l’intermédiaire d’un roman », jette son dévolu sur David pour la rédaction en échange d’une forte somme d’argent. La seule contrainte pour David et sa famille serait de l’accompagner dans un chalet en pleine Forêt Noire un mois durant … Des »vacances » selon l’infirme… Le couple se laisse tenter, dans l’espoir d’une part d’échapper à cette Miss Hyde, et d’autre part de se retrouver…

Doffre voulait offrir à David « un endroit qui stimulerait l’imagination » : le lieu est vraiment bien choisi… En Allemagne, dans l’atmosphère sombre et pesante de la Forêt Noire, un chalet immense, transpercé en son centre par un chêne tricentenaire….perdu au milieu de nulle part, dans une tempête de neige… Aux alentours rôdent des lynx mais pas seulement… Mais le pire est à l’intérieur laissé par les précédents locataires, des chercheurs en entomologie forensique… L’isolement fera son office : les relations entre les personnages sont conflictuelles et s’enveniment facilement, l’angoisse monte crescendo… Si Franck Thilliez excelle dans son domaine, on pense vite au Shining de Stephen King et à Misery également : on sent l’influence du maître là-dessous… Et ce n’est pas un mal…

Je ne trouve pas que ce livre soit un des meilleurs de Franck Thilliez, loin de là… Mais il est très prenant, fascinant à bien des égards, et l’atmosphère pesante entraîne le lecteur dans un cauchemar abominable, comme on les aime…