Une semaine et un jour de Marijosé Alie

Une semaine et un jour de Marijosé Alie Une semaine et un jour de Marijosé Alie, Publié aux éditions Hervé Chopin, 2019, 352 pages. Soraya marche dans les rues de Paris ; elle erre comme peuvent errer les gens qui ont tout perdu ou qui se sont perdus eux-mêmes. Elle n'a qu'un sac sur le dos et un vieux cahier qu'elle ne quitte pas. Elle a certainement eu une autre vie avant ; ses manières sont trop belles, son porte-monnaie trop plein. Alors quoi ? Qu'est-ce qui la pousse à vivre dehors, à écumer les chambres d'hôtel minables, à suivre cet homme étrange qui parle aux morts ? Seul un très vieux cahier, qu'elle ouvre dès qu'elle le peut, semble réussir à l'apaiser. Elle lit les mots de Célestine, sa mystérieuse aïeule qui a traversé les océans alors qu'elle n'avait que quinze ans pour arriver à Paris durant l'hiver 1788. Le froid est plus violent que jamais et la révolution gronde...

Une semaine et un jour est un roman qui met en scène deux femmes. D'un côté, il y a Marie-Célestine qui pour la première fois quitte son île antillaise pour se rendre en France, à la veille de la Révolution de 1789. De l'autre côté, Soraya, sa lointaine descendante, qui erre de nos jours dans les rues de Paris pour échapper à quelque chose ou à quelqu'un.

En 1789, Marie-Célestine débarque à Paris avec son père. Elle va y côtoyer des figures historiques comme Olympe de Gouges. Elle découvre un monde au bord du chaos. Dans les rues, le peuple n'a plus rien à manger. L'hiver est terrible. La révolte gronde. L'auteure rend compte avec finesse et acuité cette période de l'Histoire qui a permis de tout changer en France. J'ai adoré cette partie car on suit Marie-Célestine dans le chaos le plus total, un chaos qu'elle va aussi connaître dans sa vie familiale qu'elle verra bouleversée et dans sa vie amoureuse. Ce changement historique c'est aussi le changement d'une enfant en femme. C'était passionnant!

J'ai tout aussi adoré le second récit qui met en scène Soraya. Seul un petit cahier la rattache à son ancêtre Marie-Célestine et lui permet de ne pas perdre pied. Soraya erre de rue en rue, d'hôtel en hôtel. Que fuit-elle? Pourquoi? On ressent la blessure intime de cette femme et je me suis posée énormément de questions, envisageant de multiples possibilités quant à son histoire. La fin m'a laissée pantoise, émue. Soraya va rencontrer toute une population laissée de côté à Paris: les fous, les prostituées, les travailleurs pauvres. Elle va se lier à tous ces exclus d'une certaine façon. C'était un récit bouleversant!

Je vous conseille vivement la lecture de ce roman émouvant et passionnant. La plume de l'auteure est une belle découverte, annonciatrice de jolies choses à venir...