Nickolas Butler
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Mireille Vignol
Stock
Janvier 2020
343 pages
Lu sur liseuse
Le Wisconsin ! Je ne connais pas mais si je devais aller aux Etats-Unis, il faudrait que je m’y rende parce que j’aime tous les livres qui se passent dans cet état (bon d’accord, cette affirmation est un peu péremptoire car je ne les ai pas tous lus, mais tous ceux que j’ai lus m’ont séduite, ça c’est sûr)
J’ai lu le premier roman de Nickolas Butler, Retour à Little wing, en 2014. Il ne m’avait pas autant séduite que je l’aurais voulu, j’avais trouvé qu’il manquait un peu d’authenticité.
Et bien aujourd’hui, avec ce petit-fils, on peut dire que l’auteur a trouvé le chemin de l’émotion, sans tomber dans le pathos, avec une juste vision, et on y croit à ce grand-père !
L’auteur s’est inspiré de faits réels pour écrire cette dramatique histoire. Régulièrement, aux Etats-Unis, des enfants meurent par manque de soins, certains parents préférant les bienfaits de la prière aux bienfaits du personnel soignant.
Ce livre est le combat de grands-parents pour sauver leur petit-fils de l’emprise d’une secte, la mère étant aveuglée par le charisme du gourou. J’ai suivi cette histoire avec avidité, je l’ai lu en deux fois, happée par le style de l’auteur qui nous embarque avec lui dans cette épopée contre la foi sectaire.
Le tour de force de l’auteur a été de jongler entre la foi fervente en Dieu représentée par une église traditionnelle et celle d’une emprise sectaire, entre l’athéisme et la religion. L’auteur ne juge pas, il ne condamne pas, ce sont les personnages qui se dépatouillent avec leurs problèmes. L’auteur se contente de poser la question de la liberté de chacun, de l’intrusion de parents dans la vie de leur enfant, de l’irresponsabilité de certains parents aveuglés par une croyance religieuse.
Le personnage de la grand-mère est bien moins puissant que celui du grand-père, elle apparaît bien terne à côté de son mari, ou peut-être a-t-elle davantage de doutes (et pourtant il n’en est pas dénué de doutes, ce grand-père qui s’interroge sans cesse et qui est très ouvert à la discussion), en tout cas, elle ne m’a pas convaincue, voire elle m’a un peu exaspérée par moments.
Comme c’est un livre américain j’ai craint une fin un peu niaise, et non pas du tout, l’auteur s’en sort à merveille grâce à cette scène finale dans le verger, avec des pommiers qui risquent de mourir suite à une grosse vague tardive de gel. Les images employées permettent un parallèle judicieux entre les situations et évincent d’emblée une fin larmoyante.
J’ai eu beaucoup de mal à lâcher le livre, il m’a emportée dans son sillage. Tout ce qui tourne autour de la religion, de la foi, me questionne, et j’ai donc été passionnée par ce combat qui est aussi intérieur qu’extérieur.