Avec humour et sans sarcasme, l'auteur nous narre les difficultés de communication avec la population (notamment par le fait qu'à l'époque de ce séjour, peu de Chinois parlaient l'anglais et lui ne maîtrisait absolument pas le mandarin) mais aussi plus étrangement, ses grosses galères à expliquer les attendus professionnels : les nombreuses utiles relectures de scripts et de planches (notamment celle qui dessine un homme qui se relève de sa chaise ou bien celle des yeux d'une héroïne qui louche) sont hallucinantes.
Le choc culturel est pesant tout le temps : le discours officiel des radios nationales ; la nourriture exotique pour tout occidental qui se respecte ; Guy Delisle prend le même plat au restaurant parce qu'il est sûr de l'apprécier et surtout de s'assurer de pas déguster un plat indigeste ; la barrière de la langue met une distance continuelle entre lui et les locaux et limite sérieusement les contacts humains. Et, quand il y a contact, rien n'est simple à interpréter : le silence face aux cadeaux, l'interprétation d'un book de photos posé sur son bureau par une ravissante collaboratrice, vue en long, en large et en travers, avec différents décors.
L'ennui donc s'installe et ce n'est pas faute d'initiatives de la part de l'auteur : il narre son abandon de balade à vélo hors de la ville. Même les cours de gym deviennent sa grande distraction qu'il ne raterait pour rien au monde, au point de défier la panne d'électricité !
Il est possible que cette histoire souffre d'anachronisme : la Chine y est décrite comme sale (la rue centrale de certains marchés sert de dépotoir, l'absence d'eau peut s'avérer cruelle lors des toilettes publics). L'auteur ne trouve rien à faire à Shenzhen, à part travailler et sortir pour dîner.
Le texte est mesuré et relevé par cette ironie jamais méchante et toujours vive, les dessins sont expressifs et dynamiques, les anecdotes sont croustillantes. L'auteur ne nous épargne rien, arrive à nous distraire avec un rythme de vie spartiate et routinier : et c'est aussi pour cela que je l'apprécie !
Édition L'association
Emprunté à la bibliothèque
autres avis : À propos des livres,
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Chroniques de Jérusalem
Pyongyang (lu mais non chroniqué)
La suite au prochain post avec S'enfuir.