Présentation
Suicide, assassinat, mort accidentelle ? Les circonstances de la mort de Véronique Verbruggen sur un sentier des Cévennes n'auraient pas valu plus de quelques lignes dans la presse si la victime n'avait pas été une éditrice reconnue. Deux hommes s'interrogent et partagent un même chagrin : Daniel Meyer, son mari, ophtalmologue, et Titus Séguier, son amant, cinéaste qui jusqu'au bout aura attendu qu'elle vienne partager sa vie.
Pour Daniel, rien n'est jamais venu troubler les vingt ans de vie commune avec sa femme, qu'il aime indéfectiblement. Quant à Titus, dépossédé de son amour, il hésite entre se taire par respect des convenances ou élever à Véronique un " testament amoureux " cinématographique, en poursuivant le projet entamé avec elle avant sa disparition.
Il y a aussi Mina, la fille de Véronique, vingt et un ans, née d'un premier amour. Trop de sous-entendus, d'indices qui ne trouvent pas leur place dans le puzzle familial... Qui était cette mère dont les tourments se lisaient en filigrane ? Demander des éclaircissements à son beau-père serait si douloureux pour Daniel... Alors Mina remonte la trace de Titus Séguier. Elle découvre la complexité d'une mère écartelée, celle des sentiments, et comprend qu'on ne connaît jamais tout à fait cet autre qui nous semblait si proche.
Voilà deux questions que se posent les proches de Véronique, cette femme talentueuse, ayant gagné sa place dans le monde de l'édition en se consacrant aux artistes oubliées. Son corps est retrouvé dans les Cévennes, morte à quarante-trois ans, sans que l'on sache pourquoi ni comment. Avis
Une phrase:
Le récit retrace sa vie d'éditrice à la tête des éditions du Pont, sa vie d'épouse et de mère; Daniel son mari dont l'amour de Véronique à son égard s'est transformé avec le temps en attachement, Mina cette jeune fille née d'un amour intense mais plein de failles, et cet homme qui entrera dans la vie de Véronique pour ne plus jamais en sortir, Titus Séguier, brisant au passage un foyer relativement stable.
Lors d'un intérêt particulier à Jeroen Herst, un peintre flamand du XIXe siècle, Véronique rencontre Titus qui s'y intéresse aussi, l'amour s'immisce entre eux mais il est difficile pour la jeune femme de tout quitter et vivre ce nouvel amour au grand jour. Sa grande liberté de mouvement lui permet de rendre régulièrement dans le sud auprès de Titus dans que Daniel ne doute un instant de ce qui peut se passer, les rendez-vous se succèdent, elle est heureuse et pourtant tout est tellement compliqué. Les amis de Titus le mettent en garde mais rien n'y fait, Véronique est à lui quelques jours puis repart vers sa vie.
Impossible de choisir sans faire de mal, de trancher sans se détruire aussi, de briser peut-être les personnes qui l'aiment, cette culpabilité est un lourd fardeau surtout quand ce va et vient d'un amour à un autre dure autant d'années. La passion dévore et un cœur déjà fragile aura du mal à combattre.
" Que savons-nous de l'existence de ceux qui nous entourent? Que nous montrent-ils d'eux-mêmes?"
Véronique disparaît un beau jour, et on se demande pourquoi tant d'hésitations. Chacun émet une hypothèse, tente de comprendre en usant de ses propres souvenirs. Le plus troublant reste pour moi les questionnements d'une (encore) enfant au sujet de cette mère partie trop tôt, qui n'aura pas su se libérer de ses chaînes et vivre pleinement sans remords ni regrets.
Beau roman sur l'amour et le deuil, ne pas entacher la mémoire d'une disparue et veiller à la faire vivre autrement. Cette lecture a été bien trop rapide, je regrette que certains moments n'est pas été prolongés, que l'auteure n'est pas voulu nous fondre davantage dans les souvenirs. C'est un état de faits qui s'accumulent et ne délivre jamais vraiment la parole de Véronique, qui aurait pourtant eu de belles choses à dire sur l'amour et ses empêchements.