La fille dans la tour, de Katherine Arden

La fille dans la tour, de Katherine Arden

( Image à la une de Mary Sedarous )

La fille dans la tour, de Katherine Arden

AUTEUR: Katherine Arden
TITRE: La fille dans la Tour
ÉDITEUR, ANNÉE: Denoël, 2019
NOMBRE DE PAGES: 416 pages

Après une très longue pause, depuis les fêtes de fin d’année, me voici enfin de retour avec un roman que je désirais lire depuis quelque temps. J’avais le souhait de la commencer sur une belle note pour cette première chronique de 2020. Est-ce que ce fut le cas ?  Voici « La fille dans la tour » de Katherine Arden.

Résumé:
« La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Pendant ce temps, dans les campagnes, d’invisibles bandits incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller. En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un noble seigneur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune soeur, qu’il a quittée il y a des années alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia. »

Épuisée et  se tenant face au grand-prince de Moscou, Dimitri, et de son frère Sacha quelque peu abasourdi, Vassia était loin d’imaginer que son départ de son village natal allait la conduire à de telles péripéties: voire des villages ravagés, apprendre que des petites filles sont kidnappées et devoir lutter contre des bandits sanguinaires.
La seule solution qui s’impose à elle, est de laisser croire qu’elle est un homme après que Sacha l’est présenté comme son frère et non en tant que sœur. En espérant que cela ne conduise pas à des conséquences plus graves…

Après un premier tome riche en événements, cette suite continue dans la même lancée, avec la jeune Vassia qui nous emporte à travers les paysages enneigés de la Russie. Et alors qu’elle peut enfin toucher du bout de doigts ce sentiment de liberté acquis après de terribles drames, notre héroïne se retrouve face à de nouvelles difficultés dont les répercussions vont jusqu’à toucher les hautes sphères du pouvoir en place.

Avec sa touche de « conte de fées » toujours présente, mais bien plus discrète que dans le précédent volet, j’ai eu le sentiment de me lancer dans une grande épopée aux enjeux parfois dramatiques. Le récit y est bien rythmé pour nous mener dans un final riche en tension.
Quant à Vassia, c’est vraiment un plaisir de la retrouver. Elle est toujours tiraillée par son désir d’être libre dans une société très patriarcale, et la crainte de voir ses choix porter préjudice à sa famille.
Ce qui ne l’empêchera pas, dans certaines situations, à être une « tête brûlée » et de faire de mauvais choix. Oui, elle fera des erreurs, mais cela ne la rend que plus humaine et attachante.

Et bien que l’on retrouve l’utilisation du cliché de « la jeune fille déguisée en garçon », à travers lequel on illustre la différence de traitement selon le sexe, il sert surtout à mettre en avant le désir d’émancipation de Vassia, face à ses aînés, Olga et Sacha. La dynamique de leurs relations va d’ailleurs un peu souffrir dû à l’incompréhension de ces derniers, influencés par le poids des traditions, de la religion et de la conformité sociale.
On comprend aussi que l’autrice, à travers la vie que mènent Olga et Sacha, illustre les désirs et les craintes de Vassia: la première suit les principes que l’on attend d’une femme dans cette société et au sein de son rang (vivre cloîtrée dans une tour et entourée d’une cour exclusivement féminine). Quant au second, bien qu’il ait des règles à suivre en tant que moine, tel que de vivre en retrait, il est souvent sur les routes, aidant les plus faibles et apportant son soutien inconditionnel au grand prince Dimitri. Bien sûr, sans que l’on soit étonné, aucun reproche ne lui sera faites, étant un homme.

Etant le point central de ce récit, le désir de notre héroïne d’être celle qu’elle souhaite devenir, fera sûrement écho chez beaucoup de lecteurs/lectrices:
– lutter pour faire entendre ses choix et ses désirs dans son entourage et ne pas se soumettre à leurs attentes.

D’autres éléments enrichissent ce récit tel que la relation se développant entre Vassia et Morozko. Elle n’étouffe à aucun moment le désir de liberté de la jeune femme, car le seigneur de l’Hiver reste, pour elle, un énorme soutien. Les nuances froides qui entouraient leurs portraits communs, se changent, peu à peu, pour des couleurs plus lumineuses et douces. Et je désire énormément voir leur évolution commune, ayant pour  eux un grand attachement

Et je ne pouvais pas finir cette chronique sans vous parler des différents plats cités au sein de ce roman. La description des différents repas et des senteurs qui s’en dégagent  mettra votre imagination en ébullition et l’eau à la bouche. C’est un peu quand vous voyez la nourriture dans les films Ghibli… Cela donne faim !

Conclusion:

L’un de mes premiers conseils littéraires pour cette année 2020:
– Lisez la trilogie de Katherine Arden !

Je vous invite à plonger dans ce récit qui nous donne une ouverture sur le folklore russe et réussit finement à transposer une situation très actuelle dans cet univers médiéval qui pourra faire écho au vécu de plusieurs d’entre nous.

Bref ! Vous serez, tout simplement, emportés par l’histoire de cette jeune fille qui désire juste faire ses propres choix et ne pas courber l’échine face à ceux qui veulent lui imposer des règles à cause de son genre.

Pour ma part, j’attends avec impatience le mois de mars pour lire le dernier volet de cette très belle aventure…