L’univers de Neil Gaiman est nourri par les légendes nordiques. Il revient à ses sources et nous raconte enfin la grande saga des dieux scandinaves qui l’ont inspiré pour son chef d’oeuvre American Gods. De la genèse des neuf mondes au crépuscule des dieux et l’ère des hommes, ils reprennent vie : Odin, le plus puissant des dieux, sage, courageux et rusé ; Thor, son fils, incroyablement fort mais tumultueux ; Loki fils d’un géant et frère d’Odin, escroc et manipulateur inégalable… Fières, impulsives et passionnées, ces divinités mythiques nous livrent enfin ici leur passionnante – et très humaine – histoire.
Pourquoi ce livre ? J’ai découvert Neil Gaiman y’a de ça deux ou trois ans maintenant et j’ai adoré sa plume comme son univers. Depuis, je n’ai de cesse de parcourir sa bibliographie et il se trouve qu’une amie voulait se séparer de ce livre. J’ai donc levé la main pour l’avoir !
La Mythologie viking retrace, comme l’indique le titre, le fond mythologique scandinave avec les dieux tels que Thor, Loki et Odin. Avant l’entrée, l’auteur nous offre une petite mise en bouche en expliquant son travail de recherche et quel est le but de sa démarche. Puis il situe les personnages principaux, leur filiation et leur pouvoir et, moi qui me targuais d’avoir des connaissances dans cette mythologie, j’ai appris plein d’informations de “premières nécessités” pour ne pas passer pour une quiche en abordant ce domaine dans une discussion. Du reste, j’ai finalement peu de choses à en dire. Les histoires sont courtes, se ressemblent par le merveilleux qu’elle contient et les caractères assez préconçus. Tout y est prévisible et Gaiman ne nous offre aucune surprise dans cet énième recueil sur les nouvelles mythologiques mais au moins a-t-il l’audace de les remettre au goût du jour.
J’ai beaucoup aimé la fin. On ne peut pas dire que le livre contient énormément d’action, tout le rythme est édulcoré dans la narration. Cependant la fin bouge énormément puisqu’elle évoque évidemment le Ragnarök, la fin du panthéon norois. La morale qui s’en dégage est sympathique et m’a fait sourire, pour la revanche que certains prennent.
Bien entendu, c’est toujours les mêmes histoires. On évite les grosses redondances même si des rappels permettent de situer où nous en sommes dans l’évolution des relations entre dieux. La discrétion de ces répétitions m’ont rappelé les vers qui permettent aux poètes de la tradition orale de se souvenir de leur texte. Cela ne m’a donc pas dérangé car je m’attendais même à retrouver davantage de lourdeur.
Les personnages sont néanmoins superficiels, répondant à des codes qui nous dépassent ou présentant des réactions dépassées. Néanmoins j’ai aimé le personnage d’Odin, noble et rusé à la fois, celui où l’on retrouve le plus de nuance. Thor m’a paru comme un gros benêt qui ne cherche qu’à frapper, surtout depuis qu’il acquiert Mjolnir. Mon personnage préféré reste Loki, pour sa perfidie sincère et son joli minois. On appose très aisément le personnage de Tom Hiddelston sur sa figure !
Un peu triste de ne pas avoir retrouvé la plume de Neil Gaiman dans cette histoire. D’un autre côté, ça n’aurait pas collé avec la noblesse des récits mythologiques. De l’autre, cela aurait été totalement drôle et loufoque, apportant une touche d’originalité à des textes passés et repassés. Peu importe, il reste fidèle à l’esprit des mythes et j’aime ça, ça montre son talent pour toutes les sortes de récit.
Je comprends que le livre ne plaise pas, pour les raisons qui font que j’ai bien aimé. Même si Neil Gaiman parvient à moderniser ces récits mythologiques, il reste proche d’eux, même dans sa façon de les raconter - ce qui est également triste, puisque la plume de l’auteur est particulièrement unique, et son cynisme exposant les divinités aurait été très drôle ! Les personnages sont superficiels, aussi figés que sur les fresques antiques. Bref, malgré de petits défauts, j’ai bien aimé de bout en bout !
15/20