Quand t’as écrit un roman

Par Lupiot

Au fil des articles de ce blog tu as peut-être remarqué que j'utilisais le prétexte ronflant de l'écriture d'un roman pour excuser mes retards et absence de plus en plus prononcés. Tu as certainement roulé des yeux, parce que " La meuf veut écrire un livre, s't'euplaît. "

Bon, il y a un pas énorme entre le fantasmer et le faire vraiment, et ce pas, je l'ai FRANCHI. Tel un cabri joyeux (poursuivi par le monstre mutant de ses rêves d'enfant), j'ai bondi par-dessus les ruisseaux sauvages Doute et Mésestime, escaladé le mont vérolé du Travail Acharné, volé gracieusement par-dessus les ronceux buissons de la Picole Sociale (qui ont plus d'une fois tenté de me retenir entre leurs branches) (et plus d'une fois réussi), et ai atterri, un jour d'exténuant vertige, sur la terre du Roman Terminé.

Après quoi, comme tous les auteurs, je l'ai soumis de mes deux genoux tremblants à un éditeur de confiance et ai rongé mes ongles jusqu'aux phalanges en attendant son retour. Bonne nouvelle : il a eu le bon goût de l'aimer. Il l'a même aimé si fort qu'il s'est lui aussi changé en cabri bondissant pendant quelques instants. (Au propre ou au figuré ? À toi de voir. Cet éditeur est Tibo Bérard.)

(Il y a un nombre étonnant de cabris dans cette histoire.)

Ce roman, celui que j'ai écrit et réécrit pendant 4 ans
(mais ça, c'est une autre histoire, que je vous raconterai peut-être dans un article spin-off) (ou peut-être pas, le mystère ne doit-il pas être préservé ?) (gardons ça pour les anecdotes autour d'un verre amical, à présent que j'ai à nouveau le droit de me jeter gaiement dans les ronces de la picole sociale),
ce roman, donc,
est une histoire de magie,
une histoire entraînant deux gosses distraits dans un autre monde,
un monde pas complètement sympathique mais résolument fantastique

qui s'appelle

BORDETERRE.
*frissons de magie*

Et il sort dans une semaine exactement, le mercredi 4 mars 2020 !

C'est le moment où je me dois de m'interrompre moi-même pour préciser que cette couverture magnifique est en réalité bien plus magnifique qu'elle ne le semble ici, piètrement restitué par l'inférieure réalité de ton écran d'ordinateur. En effet, il y a du doré (ça brille), de l' embossage (c'est en relief), et un bleu, mais un bleu ! C'est un Pantone, plus intense et saisissant que celui du cosmos le soir où tu as gaspillé une étoile filante sur ton crush de l'été. Cette couverture est l'œuvre de Claudine Devey, graphiste chez Sarbacane, et probablement un peu sorcière (chut).

* Fin de l'intermède *

Que raconte Bordeterre ?

Inès, 12 ans, est du genre à castagner ceux qui cherchent des embrouilles à son frère, Tristan, autiste de 16 ans. Tristan lui, est plutôt du genre à regarder des deux côtés avant de traverser. Mais ce jour-là, il ne parvient pas à retenir sa sœur qui, courant après son chien...
... bascule dans un univers parallèle.
BORDETERRE. C'est le nom de cette ville, perchée sur une faille entre deux plans de réalité. Les gens qui y tombent ne peuvent plus la quitter. On y croise des gamins qui chantent pour faire tourner un moulin, des châtelains qui pêchent des cailloux, des ferrailleurs rebelles qui font tirer leurs caravanes par des poules... et des créatures étranges, nimbées d'un silence de sous-bois.
Inès, par nature, est ravie. Elle explore, renifle le derrière de Bordeterre avec une joie souveraine. Tristan est plus inquiet :
il y a quelque chose de pourri dans cette ville.

Bon, à présent que j'ai placé toutes les informations utiles dans cet article, passons au plus futile, c'est-à-dire, tout ce qui m'agite, c'est-à-dire, tout ce que tu dois absolument savoir.

1) Les gens qui écrivent un même roman pendant des années, surtout si c'est le premier et qu'ils le reprennent, découpent et recousent obsessionnellement, SONT FOUS.

En tant qu'éditrice, 95% du temps, je recommande d'ailleurs du fond de mon cœur à ces gens, qui soumettent pour la énième fois leur premier projet, transformé et boursouflé comme le monstre de Frankenstein, de lâcher cette vieille mue méphitique avant d'attraper le cancer.
95% du temps, c'est le meilleur conseil. Parfois, non. Quoi qu'il en soit, ces auteurs sont fous.

2) Lorsque la date de publication du roman est fixée, les émotions de l'auteur·ice se mettent à osciller entre excitation et terreur en pics de plus en plus rapprochés, qui chez moi correspondait à peu près à l'alternance de deux sentiments :

L'attente est longue.
  • J'ai vraiment tout donné, je suis contente et fière, c'est un bon roman, exactement celui que je voulais faire. Vivement qu'il soit lu !
  • Oh mon dieu mais c'est quoi cette horreur ?!?! PERSONNE de sain d'esprit ne voudra jamais lire ce tas de fumier. AAAAAAAAHHH !
  • (Répéter à l'infini.)

3) C'est super dur d'écrire des remerciements, mais aussi merveilleux : on a rarement l'occasion de mettre par écrit ce qu'on doit à qui, à part chez le notaire. J'ai trouvé l'exercice plutôt joli.

Du coup, j'en profite pour te remercier, toi, qui me lis derrière ton écran. Ça fait maintenant 6 ans que je tiens ce blog, et que je reçois des encouragements, des questions, des blagues, des bonnes ondes. Beaucoup, beaucoup de bonnes ondes, qui m'ont apporté beaucoup de bonnes choses. Parmi toutes les personnes qui m'ont accompagnée de près ou de loin, il y a par exemple l'auteur Hervé Giraud qui, après avoir lu quelques articles, en 2015, alors que ce blog n'était qu'un bébé, m'a contactée du néant pour me dire " C'est très bien tout ça mais tu as un style, une voix... quand est-ce que tu écrit un ROMAN ? " (et a poursuivi par une douche de compliments, comme ça, gratos). Ding dong, Hervé, je l'ai fait !!

On parle énormément des trolls et des serpents qui crachent leurs jets d'acide sur internet, mais il y a aussi des saints officiels et un bataillon d'anges gardiens qui traînent sur la toile.

Merci à tous ceux-là. Vous êtes superbement cool et incroyablement gentils. Vous méritez qu'on vous paie des double-mojito.

D'ailleurs,

puisqu'on en parle,

et qu'on a ouvert cet article sur un paragraphe parlant de picole sociale :

Viens fêter, si tu le peux et si tu le veux, la sortie de Bordeterre avec moi le mercredi 4 mars 2020, à 19h, à la Librairie Les Nouveautés (45 bis rue Faubourg du Temple, Paris 10e). Je serais TRÈS heureuse de te dédicacer un livre. En plus j'ai une écriture magnifique, donc win-win.

Il y a un événement Facebook public qui me sert à moi-même de memo (si tu veux l'employer pour le même usage). J'aurai fait à manger ❤ parce que je peux pas m'en empêcher, et Sarbacane fournira les boissons. (Tout doit disparaître.)