Grasset – février 2020 – 168 pages
*
Un homme court dans une ville. Une ville silencieuse, trop calme. Sa semelle frappe le bitume, ça résonne. Les avenues immenses et vides défilent devant ses yeux. Malgré son statut de journaliste, Marc Nexon a réussi à s’inscrire au marathon de Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord. Un matin, il s’est réveillé avec l’envie folle de ce marathon, curieux de fouler le sol de ce pays interdit.
En quelques 160 pages, l’auteur nous livre ses émotions et impressions, les petits détails qui saisissent son regard. De chambres d’hôtel en excursions inopinées aux toilettes, le regard fouineur du narrateur cherche, scrute et tente de tromper la vigilance de ses guides. Il désire plus que tout lever le voile des apparences, faire tomber les masques et craqueler le vernis de ces immeubles aux façades anonymes.
Si le récit de Marc Nexon fait froid dans le dos, il n’est pas dénué d’ironie. Certaines situations frôlent l’absurde, nous faisant hésiter entre rire et angoisse. On se croirait presque dans un film de science-fiction.
Pendant ce voyage un peu surréaliste, le journaliste ne peut s’empêcher d’évoquer ce 5ème étage interdit et l’affaire Otto Warmbier – cet étudiant américain qui ne reviendra pas vivant de son séjour à Pyongyang. L’écriture incisive et concise de Marc Nexon nous saisi immédiatement et nous offre une plongée percutante dans cette ville qui ne se visite pas sans une armée de guides curieux et déterminés et où le moindre faux pas peut se révéler fatal…