Les filles de Salem : comment nous avons condamné nos enfants - Thomas Gilbert

Par Stéphanie @Stemilou

Présentation
1692. Salem, en Nouvelle-Angleterre. Abigail, 17 ans, raconte l'histoire des sorcières de Salem dont elle fut l'une des victimes. Suspectées d'être possédées par le démon, des jeunes filles de ce village puritain dénoncent d'autres membres de la communauté de les avoir ensorcelées. La psychose s'emballe, donnant lieu à des procès en sorcellerie et à de nombreuses exécutions.

Avis
Nous nous trouvons au XVIIème siècle dans le village de Salem en Nouvelle-Angleterre. Le révérend Parris œuvre pour le salut des âmes des habitants de ce petit village où vit Abigail, jeune fille de quatorze ans.

Le jour où tout a commencé Abigail se fait offrir par un garçon du village un petit âne taillé dans le bois. Sa belle-mère ne voit pas ce cadeau d'un bon œil et pense qu'il est temps pour Abigail de s'effacer, de se rendre invisible aux yeux des hommes. Elle se plie de force à cette injonction, du moins en public car son esprit se rebelle, ne comprend pas pourquoi les femmes obéissent à une telle "punition". Elle quitte souvent la maison pour se rendre en forêt où la rencontre avec un indien se fait aux abords d'une rivière, Abigail retrouve cet "être démoniaque" et emmène avec elle la fille du révérend. Puis se sont avec d'autres femmes que les regroupement en forêt se font jusqu'à ce qu'en allant à l'église Abigail surprenne un scène qu'elle n'aurait pas du voir. La foudre du révérend s'abat sur Abigail alors que la vie au village se teinte de fanatisme religieux et de haine envers ceux et celles (surtout celles) qui n'entrent pas dans le rang. Accusant à tout va de sorcellerie et de possession, le révérend tente par tous les moyens de garder la main sur ses ouailles et de maintenir son pouvoir, quitte à tuer!

La condamnation de femmes n'entrant pas dans les rang se transforme donc en ce que l'on connaît aujourd'hui sous le terme de procès des sorcières de Salem, un récit qui fait froid dans le dos. La tension monte lentement pour devenir d'une violence extrême, cette lecture a été difficile il n'y a pourtant pas de scènes d'horreur mais une atmosphère de violence où la compassion même envers un bébé n'effleure aucun habitant. On ressent cette impuissance des parents d'Abigail, une communauté qui moralement leur interdit d'intervenir pour sauver leur fille d'un destin funeste.
Les représentations de ces femmes accusées injustement et sous couvert de sauver la communauté d'un fléau démoniaque sont douces, le parti est pris pour ces femmes contrairement au reste des habitants pour lesquels les couleurs sombres sont de mise. Un récit qui m'a profondément marqué et des dessins qui me restent en mémoire. Une belle réussite.