Editeur : Les éditions du Typhon
Genre : Conte, gothique
Parution : 2020
Pages : 166
« Il était une fois un conte obscurci, englouti par un océan de ténèbres, qui gisait tout au fond du foyer des histoires, étouffé en secret sous le gris de la cendre ». Dans un pays lointain, la jeune Eugénie est mariée de force au mystérieux Roi Barbiche par son père. Commence alors pour elle un voyage aux confins du monde qui l’entrainera dans un château rempli de noirceur. Pensé à la fois comme une relecture de Barbe-bleue, une réponse littéraire aux contes des Précieuses du XVIIIe siècle et aux romans magiques d’Angela Carter, Le chien noir s’inscrit dans une histoire féminine de la littérature.
Celle d’Anaïs Nin, de Mary Webb, en passant par les soeurs Brontë; des autrices qui refusent l’ordre établi et le bousculent par l’expression d’un désir éclatant. Dans l’univers sens dessus dessous de ce conte gothique, la mise en lumière de l’étrangeté personnelle devient alors une arme d’émancipation.
Quand les éditions du typhon m’ont proposé de lire leur nouvelle parution dans leur collection Les Hallucinés, j’ai tout de suite accepté car j’avais adoré leur précédent titre : Eltonsbrody. Ici, nous sommes aussi sur du roman gothique, et plus précisément sur un conte sombre.
Nous suivons Eugénie, fille d’un roi cruel et sans pitié. Ce dernier décide de la marier pour ses 16 ans au roi Barbiche, un homme mystérieux et effrayant. Malgré ses bonnes manières, Eugénie se rend vite compte que le roi Barbiche n’est pas l’homme enjôleur et rassurant qu’il prétend être. C’est dans un château immense et lugubre que la jeune femme va découvrir la véritable nature de son mari.
Nous sommes ici sur une histoire très étrange, qui rappelle les contes de notre enfance mais aussi les romans gothiques anglais tels que Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent. Tout au long de la lecture nous sommes comme Eugénie : perdue et curieuse. Mais aussi un peu effrayée par ce roi Barbiche qui cache bien des secrets lugubres. L’autrice nous fait arpenter ce gigantesque château comme dans un rêve éveillé.
L’histoire est assez morbide et le personnage d’Eugénie va subir énormément, enfermée dans ce château comme une prisonnière. J’ai été plusieurs fois décontenancée par la temporalité dans laquelle se déroule l’histoire. Si nous avons l’impression d’être dans une sorte de moyennage fantastique de conte de fée, par moment l’autrice instaure des références modernes et terre à terre à son récit. Il y a du vin d’Alsace, un phonographe et même un disque de Kate Bush. Cela rajoute de l’étrangeté à ce récit qui cherche à nous embrouiller l’esprit en même temps qu’Eugénie.
J’ai dévoré ce roman d’une traite. L’écriture est fluide, prenante et terriblement addictive. Pas le temps de s’ennuyer, on veut comprendre comme Eugénie et on a envie de savoir ce qu’il se passe réellement dans ce château. Qui est le roi Barbiche? Que cache-t-il dans cette pièce secrète fermée à clé? Et surtout quel est ce petit chien noir que notre héroïne a recueilli et qui semble être un personnage clé de l’histoire?
J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce conte de fée lugubre et déroutant. J’ai été happée par l’histoire et l’ambiance étrange qui prédomine dans ce récit. Un livre que je conseille sans hésiter à ceux et celles qui aiment les contes de fée morbide et les histoires gothiques !