Chronique : Marlene – Hanni Münzer

Munich, juillet 1944. L’une des femmes les plus recherchées du IIIe Reich se tient face à la maison bombardée de Deborah et de son frère, qu’elle croit enfouis sous les décombres. Si elle était arrivée la veille, Marlene aurait pu les sauver.

Mais qui est au juste cette femme ? La veuve d’un notable connu pour ses sympathies nazies ? Une actrice en devenir ? Une résistante ? 

Marlene va devoir prendre l’une des décisions les plus difficiles de sa vie : épargner la vie de millions de personnes… ou sacrifier l’homme qu’elle aime.

Chronique : Marlene – Hanni Münzer


Je tiens à remercier Mylène des éditions l’Archipel pour l’envoi de ce roman.

J’ai adoré Au nom de ma mère, le premier tome de cette histoire. J’étais donc très -très- enthousiaste à l’idée de découvrir ce second opus, d’autant plus en sachant qu’il était centré sur le personnage de Marlene qui m’avait déjà conquise lors de ma précédente lecture. Ce second roman aura finalement dépassé le premier puisqu’il s’agit d’un coup de cœur !

«  Pourquoi quelqu’un de bon était-il impuissant à sauver le monde alors qu’un seul monstre pouvait le mener à l’abîme ? »

L’histoire de Marlène reprend à la suite des derniers évènements décrits dans Au nom de ma mère.  Il est donc à mon sens indispensable d’avoir lu le premier tome avant de lire Marlène, afin de comprendre tous les tenants et aboutissants de l’histoire, notamment et surtout les liens qui unissent les différents personnages.

Marlène lève le voile sur le passé et la vie de cette femme qui semble avoir tout vécu : le plus atroce et le plus beau. On rencontre Marlène dans le premier tome sans en savoir trop sur elle mais déjà on pouvait comprendre qu’elle était une femme engagée, prête à se battre coûte que coûte pour la cause qu’elle défendait. Ici, on réalise à quel point Marlène est une femme courageuse. Elle va subir les pires horreurs et placer son combat au-devant de ses priorités. C’est une femme intraitable, déterminée et surtout profondément humaine. Si elle semble parfois rustre, elle est au contraire prête à se sacrifier pour les personnes qui l’entourent. Malgré les apparences, elle reste altruiste. Elle a une aura, une influence et sait s’en servir. Difficile de ne pas être subjugué par son charisme et sa persévérance.

Marlène est un roman fort en émotions. Durant la lecture, on oublie tout ce qui nous entoure, plongé tout droit dans le quotidien, aussi sordide soit-il, de l’héroïne. On ressent tout avec elle : la peur, la douleur, la souffrance, la rage, le désespoir, l’espoir. Tout. C’est brillamment écrit. Les émotions sont au rendez-vous, vous tordant le ventre à certains passages quasiment insoutenables. Camps, torture, viols, manipulations : tel était le quotidien de la jeune femme. Les longs passages de l’histoire qui se déroulent à Auschwitz sont glaçants, tant ils laissent transparaître la noirceur des lieux. L’auteure nous décrit d’une façon très juste l’odeur de la mort et la froideur de l’endroit. Ce roman est très immersif et n’épargne ni le lecteur ni ses personnages, en nous envoyant la réalité en face, sans imager le propos mais en le décrivant tel qu’il est : inhumain, terrible, noir.

«  Tel était l’effet de cette guerre, de toutes les guerres, sur les vivants : elle tuait non seulement les hommes, mais aussi les émotions. »

L’histoire est évidemment romancée mais le fond historique, lui, est bien réel, et l’inspiration tirée de personnages qui ont bel et bien existé ce qui ajoute encore à l’intensité du roman, notamment lorsque l’auteure nous livre des fragments de guerre en début de chapitre, percutants.

«  Peter avait raison : la guerre engendre la guerre. C’était une pandémie qui avait contaminé tout l’humanité. Où s’arrêterait-elle ? Et quand ? »

Par cette histoire, Hanni Münzer nous démontre une nouvelle fois l’imagination sans limite des hommes pour commettre les pires crimes. En temps de guerre, tout est permis. Le roman nous montre aussi l’après-guerre. On mesure à quel point il est facile de basculer et à quel point la paix est un idéal fragile. La guerre est finie, mais il y a toujours un ennemi quelque part.

«  ll n’y aura jamais de paix durable, la guerre passera d’une région à l’autre comme le témoin dans une course de relais. La paix est une illusion créée par les dirigeants pour que la populace puisse de temps en temps se croire en sécurité. »

Marlène, ce sont des messages forts, portés par des personnages qui se tiennent debout face à l’adversité, qui se battent jusqu’au bout pour la cause qu’ils défendent. Même si le contexte est sordide et affreux, ce roman fait passer un message d’espoir, de paix, de tolérance. J’ai beaucoup aimé la fin, qui délivre un discours qui est extrêmement d’actualité : féministe, humaniste. Un réel plaidoyer pour la paix et l’acceptation.

Cette fin est juste et belle et insuffle une bouffée d’air, tout en mettant en garde sur la réalité du monde, une réalité qui pourrait très vite basculer à nouveau dans la peur de l’autre, dans l’extrémisme et le repli.

«  – Pardonne-moi, reprit-il, je fais des discours.
– Non, c’est fondamental de s’interroger sur le mécanisme de la haine. Ma grand-mère pense qu’Hitler a opprimé l’Eglise uniquement parce que Jésus a prêché l’amour du prochain… car la haine ne craint rien tant que l’amour. »

En somme, si vous voulez de l’émotion, des personnages courageux et charismatiques, de beaux messages : n’attendez plus. Coup de cœur à la clé !

Retrouvez ce roman : 

Chronique : Marlene – Hanni Münzer

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