Expérience Noa Torson2, Michelle GagnonNe regarde pas
Editeur : NathanNombre de pages : 415Résumé : L'heure n'est plus à la fuite, mais à la lutte. Noa a décidé de se battre contre la corporation qui se cache derrière le sinistre Projet Perséphone. Avec d'autres adolescents rescapés du Projet, elle monte une armée souterraine et sillonne les États-Unis pour empêcher leurs ennemis de kidnapper de nouveaux cobayes. Peter, resté à Boston, utilise ses talents de hacker pour pénétrer dans le système de l'organisation. Mais une poignée de jeunes peut-elle venir à bout d'un tel complot ?
- Un petit extrait -
« Derrière elle surgit alors un groupe d'adolescents très variés. Certains étaient gothiques, d'autres faisait plutôt skaters et deux d'entre eux étaient grunge. Tous étaient hirsutes et débraillés, comme la plupart de ceux qui vivent dans la rue, mais Téo n'avait jamais vu aucun d’eux auparavant. En revanche, il en avait entendu parler. C'était une autre de ces rumeurs qui circulaient la nuit, sur le ton de la confidence : il existait une organisation, l'armée de Perséphone, qui se battait pour protéger les jeunes sans-abri. Téo n’y avait pas cru davantage. Une poignée d’ados qui jouaient les Robin des bois des temps modernes ? Il s'était dit que ce n'était qu'une légende urbaine de plus. Et pourtant, ils étaient là, en chair et en os.»
- Mon avis sur le livre -
Je l’ai souvent expliqué sur le blog : j’aime les longues sagas-fleuves, celles qui semblent ne jamais avoir de fin tant elles s’éternisent, car je déteste viscéralement quitter les personnages de romans qui m’accompagnent le temps de quelques centaines de livres. Et pourtant, force est de constater que j’apprécie de plus en plus les « formats courts », duologies et trilogies : généralement, le rythme y est bien plus trépidant, l’intrigue bien plus haletante, et ça fait du bien, parfois, de connaitre le fin mot de l’histoire assez rapidement … Et clairement, L’expérience Noa Torson fait partie de ces récits dont on attend avec grande impatience le dénouement, et je suis vraiment ravie de me dire qu’il ne me reste plus qu’un tome pour savoir comment cela va se terminer ! Alors bien sûr, mon cœur se serre déjà de tristesse à l’idée de devoir laisser Noa et Peter, mais je peux vous dire que vu la fin (atroce) de ce second tome, je ne vais pas pouvoir patienter bien longtemps avant de me jeter sur la suite !
Cela fait maintenant quatre mois que Noa a créé « l’armée de Perséphone », un petit groupe de jeunes bien décidés à sauver leurs camarades enlevés par la corporation Pike & Dolan, et à éviter que cette dernière ne kidnappent d’autres adolescents des rues … De son côté, Peter tente lui aussi de mettre les bâtons dans les roues du Projet Perséphone : il tente de récupérer le plus de données possibles afin d’aiguiller Noa dans ses missions, tout en les aidant à ne pas se faire chopper. Ayant compris que la patronne de l’association dans laquelle elle est bénévole aidait Pike & Dolan à trouver ses futurs cobayes, Amanda s’efforce elle aussi d’ajouter sa pierre à l’édifice en prévenant les malheureuses cibles afin qu’elles puissent se cacher … Mais toute la bonne volonté du monde ne suffit pas, et l’étau se resserre progressivement autour d’eux. Parviendront-ils à mettre fin à ces cruelles expérimentations, ou bien est-il utopique d’espérer vaincre une corporation surpuissante du haut de leurs seize ou dix-huit ans ?
Terminée la course poursuite du premier tome : il est maintenant temps d’agir concrètement pour mettre définitivement fin aux agissements de Pike & Dolan. Je dois avouer que si j’étais au début assez triste de voir Noa et Peter séparés, je trouve finalement que c’est bien plus palpitant comme ça : chacun de son côté, ils agissent. L’une sur le terrain, l’autre dans l’ombre. L’une dans la lutte frontale, l’autre dans les méandres de l’informatique. Semblables et si différents, liés par un même et unique objectif : arrêter le massacre. Cette lourde responsabilité pèse douloureusement sur leurs épaules … Noa se retrouve à la tête d’un petit groupe d’adolescents aussi volontaires qu’indépendants, comptant sur elle pour les guider et les sauver : si elle est parfois fière de la confiance qu’ils lui accordent sans compter, elle doute souvent de ses choix et craint de les mener droit dans la gueule du loup. Peter, lui, culpabilise à l’idée de rester tranquillement planqué dans son train-train quotidien alors que d’autres risquent leur vie quotidiennement pour exfiltrer les cobayes des laboratoires ou aider des ados traqués à échapper aux agents du Projet Perséphone …
Mais un « nouveau » personnage fait aussi son « apparition » : il s’agit d’Amanda. Tandis que dans le premier tome, elle apparaissait uniquement comme la petite-amie sainte-nitouche profondément agaçante de Peter, elle devient ici un personnage aussi essentiel qu’attachant. Elle aussi a choisi d’agir concrètement, à son niveau, et ce malgré sa santé toujours plus défaillante. Je dois avouer que je crains le pire pour elle … Teo, un petit nouveau de l’armée de Perséphone, nous apporte également son point de vue, et je trouve ça très intéressant de voir une autre facette de ce petit groupe mené par Noa. Plus globalement, j’ai vraiment trouvé cet opus plus intéressant que le précédent : dans le premier, Noa et Peter se « contentaient » de fuir pour rester en vie. Il n’y avait que de l’action. Je ne dis pas qu’il n’y en a pas dans celui-ci, bien au contraire, mais cette succession de rebondissements est entrecoupé de passages plus « réflexifs », plus émouvants aussi. Nos jeunes héros ont grandi, ils sont bien plus mâtures. Ils ont d’autres vies entre leurs mains, et ils le savent. Et ça les effrayent, tant de responsabilités. J’aime beaucoup cette vulnérabilité, cette fragilité, en total décalage avec le rôle qu’ils sont censés jouer …
J’ai vu que certains blogueurs trouvaient que ce tome manquait de rythme, qu’il était « le ventre mou de la trilogie », « un tome de transition un peu bancal » … Personnellement, je n’ai rien ressenti de tel. Alors oui, il faut reconnaitre qu’il y a moins de rebondissements que dans le premier, que nous ne suivons qu’une seule opération sauvetage là où on aurait pu en avoir cinq pour « booster » l’intrigue, mais j’ai beaucoup aimé ce « calme avant la tempête », où les rebondissements sont finalement plus « psychologiques » qu’autre chose. La question de la confiance est au cœur de cette histoire : à qui se fier, de qui se méfier ? Il y a dans ce récit certains « retournements de veste » que l’on pressent très rapidement, si rapidement d’ailleurs qu’on a envie de secouer nos héros pour qu’ils se méfient un peu plus. Et puis, il y a les révélations complétement inattendues, celles qui nous laissent comme deux ronds de frite, qui posent aussi la question du pardon, de la culpabilité, de la rédemption même. Non, vraiment, je n’ai rien à reprocher à ce second opus, et même les petites amourettes ne m’ont pas perturbée plus que cela, car elles apportent un peu d’émotion et d’humanité à cette intrigue plutôt sombre malgré tout … Et ce final, malheur ce final, je ne m’en remettrai sans doute jamais !
En bref, vous l’aurez bien compris, ce deuxième tome est clairement à la hauteur du premier, et promet une suite plus trépidante encore ! Ce volume, c’est la lueur d’espoir avant la traversée des ténèbres, c’est le calme trompeur avant la terrible tempête. C’est celui où l’on retient son souffle, partagé entre l’envie d’y croire et la crainte de tout voir s’effondrer comme un château de cartes. C’est la tension qui monte progressivement au fur et à mesure que l’on s’attache aux personnes que nous n’avions fait que rencontrer dans le premier volume. Alors oui, c’est peut-être un tome un peu moins haletant que le premier, mais il n’en est pas moins intensément captivant. Un vrai régal pour tous les amoureux de thrillers young-adult, mais plus généralement encore pour tous les lecteurs qui aiment avoir des pics d’adrénaline en lisant un roman. J’aime donc toujours autant cette trilogie, et j’ai vraiment hâte de me plonger dans le suivent (et dernier), en croisant les doigts pour que tout finisse bien, car c’est clairement pas gagné ! L’autrice sait jouer avec nos nerfs, et avec nos cœurs, et je ne peux que vous conseiller d’avoir un mouchoir avec vous, car certains passages sont tout simplement déchirants ! Alors, vous vous y mettez ?