Dans la gueule de l’ours de James A. McLaughlin

Par Lettres&caractères

Je m’en doutais avant même d’ouvrir ce livre qu’entre lui et moi ça allait être compliqué. Rien qu’à la 4e de couverture je pressentais qu’il allait falloir s’accrocher.

Dans la gueule de l’ours de James A. McLaughlin (éditions Rue de l’Echiquier)

Une histoire de braconnage dans les Appalaches c’était déjà pas simple pour moi mais en plus saupoudrée de règlements de compte de cartels de la drogue mexicains, là vous étiez sûr de me perdre définitivement.

Fort heureusement, il arrive parfois que mes jugements à l’emporte-pièce soient totalement infondés comme ce fut le cas pour mon gros coup de coeur polar du Prix Elle : Mon territoire. Mais parfois, comme ici, ça ne décolle pas, mes impressions premières ne sont pas balayées par une heureuse surprise. J’ai lu un peu plus de 130 pages de ce polar écologique et à aucun moment je n’ai eu la moindre étincelle d’intérêt pour Rice Moore, ce garde forestier tombé nez à nez avec le cadavre d’un ours. J’ai trouvé ce personnage sans saveur, sans trait de caractère notoire qui puisse me le rendre notoirement sympathique ou notoirement antipathique. Je n’ai pas plus été enthousiasmée par la description des grands espaces ni par celle de la faune avoisinante, s’il y avait de la poésie dans ces mots, je n’ai pas su la déceler.

Il [Rice] trouvait étrange que tant de gens de la campagne soient hostiles à l’endroit où ils habitaient et même terrifiés par leur environnement. Ce n’était pas seulement le peu de temps que ces paysans surmenés avaient à consacrer aux préoccupations sophistiquées des écolos urbains décadents. Ce qui stupéfiait Rice, c’était qu’on puisse passer toute sa vie immergé physiquement dans un écosystème spécifique et néanmoins y rester aveugle, par superstition, tradition ou préjugé.

La plume de l’auteur ne me parle pas, elle ne m’évoque rien et je suis demeurée passive pendant la lecture de ce premier tiers. Tant et si bien qu’à chaque page tournée je me disais, en voilà une de moins. Et très franchement, je n’ai aucune envie de subir mes lectures, fussent-elles pour un prix. Ce livre comme tous les autres mérite des lecteurs enthousiastes et non des avaleurs de phrases passifs. Continuer ne m’apportera rien alors pour Dans la gueule de l’ours et moi, l’histoire s’arrêtera là.

Par contre, j’ai un petit mot à ajouter sur la maison d’édition que je ne connaissais pas : Rue de l’échiquier. J’ai eu un coup de foudre pour leur objet livre et même si la photo en couverture de ce roman ne me plaît pas (trop glauque à mon goût), la maquette est une réussite absolue. Le choix des typos apporte un confort de lecture rarement égalé et le papier doux et épais offre une expérience de lecture assez sensuelle. En le tenant dans la main on est surpris par son poids, ce livre est d’une qualité irréprochable. Rien que pour l’objet, je m’en veux de ne pas avoir aimé ce roman car je l’aurais bien tenu plus longtemps entre mes mains.

Dans la gueule de l’ours est le polar sélectionné par le jury de mars pour le Grand prix des lectrices Elle 2020.


L’ESSENTIEL

Couverture de Dans la gueule de l’ours de James A. McLaughlin

Dans la gueule de l’ours
James A. McLaughlin
Editions Rue de l’échiquier 
Sorti le 16/01/2020
448 pages 

Genre : polar sur fond de nature writing
Personnages :  Rice Moore, Sara
Plaisir de lecture : abandon
Recommandation : oui (pour ceux qui aiment les romans de type nature writing)
Lectures complémentaires : Mon territoire de Tess Sharpe

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

Criminel en cavale, Rice Moore trouve refuge dans une réserve des Appalaches, au fin fond de la Virginie. Employé comme garde forestier, il cherche à se faire oublier du puissant cartel de drogues mexicain qu’il a trahi. Mais la découverte de la carcasse d’un ours abattu vient chambouler son quotidien : s’agit-il d’un acte isolé ou d’un braconnage organisé ? L’affaire prend une tout autre tournure quand de nouveaux ours sont retrouvés morts. Alors que la police ouvre une enquête, Rice décide de faire équipe avec Sara Birkeland, une scientifique qui a occupé le poste de garde forestier avant lui. Ensemble, ils mettent au point un plan pour piéger les coupables. Un plan qui risque bien d’exposer le passé de Rice.James McLaughlin signe avec Dans la gueule de l’ours un premier roman époustouflant. Au-delà d’une intrigue qui vous hantera longtemps, l’auteur se confronte à des questions essentielles : comment la nature et l’homme se transforment-ils mutuellement ? Quelle est la part d’animalité en chaque être humain ? Un retour à la vie sauvage est-il possible pour l’homme occidental ?

Dans la gueule de l’ours a été classé par le New York Times comme l’un des dix meilleurs «.Crime Fiction.» de l’année 2018 et a reçu le prix Edgar Allan Poe 2019 du premier roman.


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Dans la gueule de l’ours

  1. Si vous aimez les romans d’atmosphère où il se passe pas grand chose
  2. Si vous êtes un adepte du nature writing et des romans écologiques
  3. Si vous voulez découvrir une nouvelle maison d’édition sacrément prometteuse

3 raisons de ne pas lire Dans la gueule de l’ours

  1. Si vous cherchez des personnages avec du charisme
  2. Si vous voulez du suspense et une intrigue nerveuse
  3. Si vous cherchez un polar dans la plus pure tradition du genre

L’article Dans la gueule de l’ours de James A. McLaughlin est apparu en premier sur Lettres & caractères.