Chronique de la mauvaise foi, bonjour ! Aujourd’hui je vous fais un retour sur un polar que je n’ai pas réussi à terminer. Et dans le domaine des polars ça commence à être un peu une habitude chez moi.
Rien que le mot « polar » commence d’ailleurs à me filer doucement de l’urticaire. Je crois que je suis en train de développer une sorte d’allergie à la flicaille de service qui enquête sur des meurtres à l’aide de médecins légistes qui cherchent désespérément à déterminer le jour du décès et de profileurs qui jouent aux devinettes pour tenter de cerner la personnalité du tueur. Oh mais zut, je viens de vous livrer le cœur de l’intrigue de ce que je viens de lire. Mince alors !
Ceux qui ont lu Sacrifices vont forcément dire que j’exagère et que je suis d’une mauvaise foi affligeante. Et ils auront raison ! Car ce roman sort des sentiers battus à sa façon puisque côté flics on a droit cette fois à une fliquette experte en neurosciences. Côté décor on a laissé dernière nous le 36 quai des orfèvres pour un parc national en Virginie Occidentale. Et du côté du cadavre on joue aux osselets avec des restes humains trouvés au fond d’une grotte. Donc oui, on change complètement d’ambiance. Alors pourquoi ce désintérêt de ma part pour ce polar ? (aïe, ça y est, les démangeaisons me reprennent !)
Certaines personnes pensent qu’il y a trente mille psychopathes en liberté pour un seul en prison. Ce sont en général des narcissiques délirants qui se prennent pour des dieux. Ils ont rarement des familles stables et beaucoup maltraitent ceux qui les entourent. Mais ils sont aussi souvent les meilleurs dans leur domaine.
Tout simplement parce que je n’en peux plus d’avaler la même recette à longueur de livres. On change un ou deux ingrédients et ça crie à la nouveauté. Mais imaginez que vous aimiez le curry de poulet. Vous en mangez un, puis deux, puis trois puis au bout d’un moment le curry de poulet commence à vous sortir par les yeux. Qu’à cela ne tienne, essayons le curry de dinde pour changer! Je ne suis pas sûre que vous y verriez une grande différence… Quant à savoir qui est le poulet et qui est la dinde dans l’histoire, je n’avancerai aucune hypothèse.
Donc oui pour moi Sacrifices c’est le polar de trop qui, bien qu’en cherchant à innover sur la forme, reste d’une banalité affligeante sur le fond. Comme à chaque fois, je me demande ce qui pousse tous ces auteurs à tartiner des pages sur l’enquête alors que ce qui passionne les foules (et par foules j’entends moi et moi, ce qui fait déjà du monde) c’est l’autre aspect, les vrais acteurs du drame, ceux sans qui ce foutu polar n’existerait pas ! Qui a décrété un jour que les flics étaient plus intéressants que les meurtriers et les victimes ? Je ne pige pas et je pige de moins en moins cet attrait pour les dessous des enquêtes où la technologie l’emporte sur l’humain. En tout cas moi et moi n’y arrivons plus. Il nous faut des failles, de l’humain, de l’émotion, de la peur, de la folie, de la perversité, des erreurs, de la manipulation, de la naïveté mais certainement pas de la datation au carbone 14 et de la mesure de fémurs.
Aujourd’hui les seuls polars que je lis encore sont des lectures imposées (jurys littéraires comme ici) et malheureusement mon intérêt est presque à chaque fois proche de zéro. Celui-ci n’est pas plus mauvais qu’un autre, il est même sûrement meilleur que la plupart si j’en juge à la qualité de l’écriture mais ça n’est pas un livre pour moi. Du côté des thrillers j’arrive encore à dénicher ce que je considère comme des pépites de temps à autres mais là aussi j’ai le sentiment que ça commence à doucement ronronner.
Et vous, vous vous situez où sur l’échelle du plaisir face à un polar ?
P.S : par contre j’adore la couverture ! (ça compense, non ?)
Sacrifices est le polar sélectionné par le juré de février du Grand prix des lectrices Elle 2020 (désolée les filles…)
L’ESSENTIEL
Sacrifices
Ellison COOPER
Editions Cherche Midi
Sorti en GF le 07/11/2019
448 pages
Genre : polar
Plaisir de lecture :
Personnages : Sayer Altair, la super flic
Recommandation : moi et moi non (mais le reste du monde semble apprécier, alors…)
Lectures complémentaires : Rituels de la même auteure
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Après Rituels, le retour de Sayer Altair.
Neuroscientifique, spécialiste du comportement des psychopathes, Sayer Altair est appelée d’urgence par le FBI. On vient de retrouver des ossements humains dans une grotte perdue du parc national de Shenandoah. Un tueur semble y déposer ses victimes depuis des décennies. Lorsque l’affaire est reliée à la disparition inquiétante d’une femme et de sa petite fille quelques mois auparavant, une course contre la montre s’engage pour les retrouver avant l’issue fatale.
Alors que l’enquête semble au point mort, un psychopathe anonyme dont Sayer étudie le profil, le Sujet 037, lui propose son aide. Mais peut-elle vraiment lui faire confiance ?
Ellison Cooper revisite ici toutes les lois du genre avec une efficacité et une maîtrise rares. Elle tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page, au fil d’une intrigue machiavélique, jusqu’au coup de théâtre final, qui place le livre au niveau des plus grandes réussites du genre.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Sacrifices
- Parce qu’on est quand même là dans du polar haut de gamme, bien écrit, fouillé
- Parce que mauvaise foi mise à part, l’intrigue est originale
- Parce que ça change de voir une femme à la tête d’une enquête, avec ce regard scientifique de surcroît
3 raisons de ne pas lire Sacrifices
- Si les polars vous rebutent
- Si vous craignez les romans qui mettent beaucoup de temps à installer l’intrigue
- Si vous avez besoin de ressentir de l’empathie pour les personnages pour vous intéresser à une histoire
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