The Cursebreakers, tome 1 : A Curse so Dark and Lonely
de Brigid Kemmerer
La vie de Harper n’est pas rose. Sa mère est atteinte d’un cancer, son père a disparu du paysage laissant sa famille avec d’affreuses dettes et son frère doit jouer les gros bras pour le compte d’un mafieux qui les menace constamment. Et rien de cela ne va s’arranger lorsqu’un homme étrange la kidnappe au nom d’un Prince maudit.
Ce roman à la couverture chatoyante me donnait envie depuis un moment déjà ; les avis dithyrambiques à son égard et l’idée d’une réécriture de conte ont fini de me convaincre, je l’ai donc acheté chez Waterstone lors d’un voyage à Édimbourg !
On pourrait croire que se baser sur un conte de fée pour écrire un roman est une facilité : la trame du récit, les personnages, l’atmosphère existent déjà, c’est un travail prémâché. Mais c’est au contraire un exercice très exigeant ! Il faut surprendre le lecteur qui sait déjà à quoi s’attendre et respecter les codes du conte tout en y mêlant un style personnel. De plus, il peut y avoir une certaine pression : le lecteur aura ses exigences, certains événements, certaines personnalités seront attendu.e.s.
Ici, Brigid Kremmer s’en sort plutôt bien ! La Belle et la Bête est un conte très populaire et un de mes préférés (je ne suis pas une puriste : je préfère la version Disney à celle de Madame Leprince de Beaumont) et elle a su garder tout les éléments qui nous font dire que A Curse so Dark and Lonely est bien une version moderne de ce conte.
Moderne est le terme et bien heureusement ! Harper est un personnage fort et déterminé, pas du tout le cliché de la princesse en émois. Sa personnalité est nuancée, son background complexe ce qui lui donne une densité agréable. D’ailleurs, tous les personnages, en général, sont bien travaillés : l’autrice rend bien compte des psychologies et des handicaps, j’ai beaucoup apprécié. Le prince est caractérisé par ses emportements, sa colère mais Kemmerer a tourné son histoire de manière à lui insuffler aussi de la sagesse et une culpabilité qui tempère ses humeurs. L’autrice invente aussi, elle brode et enrichie le conte avec son propre univers : Washington DC, le Commander Grey (mon chouchou ! ), la présence intense de l’enchanteresse. Du point de vue des personnages, il n’y a qu’elle qui pèche : elle est trop cruelle sans raisons assez tangibles à mon goût.
En ce qui concerne le scénario, il n’est pas sans failles mais il tient la route. On a plaisir à suivre ces péripéties et retournements de situation. Kemmerer a entendu l’intrigue en ramifications diplomatiques et politiques, en secrets bien gardés, en triangle amoureux. Beaucoup d’entre vous sont lassés de ces derniers mais, ici, je ne trouve pas cela gênant car ce n’est (étrangement) pas central !
Le seul vrai reproche que je peux faire à ce roman est qu’il y a une certaines maladresses dans les dialogues. Certains sont confus et ne font pas avancer les choses, d’autres ne nous apprennent rien sur la situation ou l’état psychologique des personnages. Surtout ceux entre le prince et Harper où on sent l’autrice essayer de brouiller les pistes (et les sentiments de nos héros) sans être très convaincante.
Une bonne lecture, donc, lue en VO (je ne sais pas si une sortie française est prévue), un univers sympa, des personnages attachants et une fin qui donne envie de lire la suite !
Marion
éèé