Ephémérides de Théorr1, Jessy SeigneurLa fille de la lune
Editeur : AutoéditionNombre de pages : 326Résumé : Saêna est née pour mourir. Le croissant de lune bleu tatoué sur son bras l’atteste, à sa majorité elle devra se battre dans un combat à mort contre le Roi S’har. Et il la tuera. Mais la Pierre de Lune qui alimente le Bouclier d’Arca et protège les Alhya en attendant cet inévitable combat, s’affaiblit de jour en jour, laissant la ville sans défense. Lors d’une expédition à la recherche d’une nouvelle Pierre pour sauver son peuple, Saêna se fait capturer par les NeOhmas. Dans le but de la protéger, son mentor le Commandant Jiren cache son identité et la fait passer pour sa propre fille. Ce stratagème fonctionne, mais à quel prix...
Un grand merci à Jessy Seigneur pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« La jeune Dame savait qu’elle était précieuse, mais pour elle, la vie de chaque homme l’était. Elle tenait à protéger son peuple, dût-elle mourir pour Arca. Le Commandant Jiren savait qu’elle le tenait en grande estime et qu’elle écoutait et respectait chacune de ses paroles, et pour lui, ce respect était un immense honneur. Les Juges lui avaient ordonné de rendre compte de tous les déplacements de la Dame, mais il ne le ferait pas. Sa loyauté n’allait qu’à elle. Encore une fois, elle allait braver l’interdiction des Juges, et encore une fois, il la couvrirait sans honte. »
- Mon avis sur le livre -
Cela fait quelques semaines, si ce n’est quelques mois, que mon rythme de lecture ralentit considérablement, à mon plus grand désespoir : quelle torture, quand on est plongé dans un véritable page-turner, de ne pas être capable d’avancer dans l’histoire, d’avoir le sentiment de stagner alors qu’on a qu’une seule envie, celle de découvrir rapidement la suite de l’histoire ! Alors qu’en général, il ne me faut que deux ou trois jours pour terminer une lecture, il m’arrive parfois désormais de rester une semaine, voire dix jours, sur le même roman. Alors, aux grands maux les grands remèdes : j’ai repris la bonne vieille méthode que j’utilisais au collège et au lycée pour m’obliger à avancer dans les lectures scolaires, et je me suis imposée un nombre de pages journalier. L’idée, c’est de me réhabituer à lire « vite », ou du moins, plus vite que je ne le fais en période de panne livresque. Et il semblerait que ça ait marché, vu qu’il ne m’a fallu que quatre jours pour dévorer ce service-presse !
Il y a des centaines et des milliers d’années, trois divinités créèrent le monde de Théorr : Thorador, Khalé et Alhya. Tandis que les deux premiers rivalisaient de créativité pour créer des espèces toujours plus impressionnantes et puissantes afin de peupler ce « terrain de jeu », la dernière rumine dans son coin : son frère et son mari l’ont volontairement écartée de ce projet. Alors, en secret, elle donne vie aux Valanes et leur construit une cité aérienne pour les protéger. Mais quand l’une des créatures de ses confrères décime toutes les autres espèces et que la Déesse se sacrifie pour protéger les siens, devenant la Lune qui veille en silence, voilà que Thorador et Khalé en profitent pour scinder le peuple des Valanes en deux et les dresser l’un contre l’autre … Bien des millénaires plus tard, Saêna est Fille de la Lune : elle est l’élue de son peuple, les Alhya - nommés en hommage à la Déesse Mère -, destinée à se battre dans l’arène contre le sanguinaire roi des NeOhmas, comme toutes les Filles de la Lune avant elle. Et comme elles, elle mourra. Mais Saêna veut sauver son peuple : elle part donc en quête d’une nouvelle Pierre de Lune pour alimenter le bouclier qui protège les siens des agressions extérieures …
Quand j’ai lu le résumé de la quatrième de couverture la première fois, je dois avouer avoir eu un peu peur du traditionnel schéma « une élue pour tous nous sauver », mais j’ai tout de même choisi de laisser sa chance à ce livre, et j’ai clairement bien fait. Car l’autrice nous plonge avec ce premier tome au cœur d’une histoire palpitante, qui prend place dans un univers d’une richesse incroyable. En filigrane du récit principal, nous suivons la création de Théorr, les luttes qui dressent les Dieux les uns contre les autres, la façon dont ils se sont laissé dépasser par leurs propres créations, comment la Déesse s’est sacrifiée pour sauver le peuple à qui elle a donné la vie, et surtout comment les deux Dieux survivants se sont appropriés ce peuple pour ensuite assouvir leur soif de combat. Cela nous permet de comprendre qui est réellement Saêna, notre héroïne, et quelle destinée est la sienne, pourquoi elle doit se battre à mort contre le roi du peuple voisin et ennemi … Tout ceci n’est qu’un jeu pour ces Dieux, qui au lieu d’honorer la mémoire de leur sœur et épouse, ont préféré se « servir » de ses créatures pour reprendre leurs querelles sans fins. Saêna et les siens ne sont que des pions sur l’échiquier de ces êtres divins, et on ne peut que se révolter contre cette injustice, de voir cette jeune femme vouée à la mort uniquement parce que les Dieux veulent s’amuser …
Et cela d’autant plus que la jeune Saêna est très attachante ! Considérée comme la Fille de la Déesse, arrachée à ses parents quand elle n’était qu’un bébé à cause de la marque en forme de lune sur son épaule, entrainée au maniement des armes dans l’espoir vain qu’elle survive au combat et permette à son peuple d’étendre son territoire sur le continent, la jeune fille est profondément dévouée aux siens. Elle n’hésite pas à enfreindre les règles et les interdictions, elle n’hésite pas à se mettre elle-même en danger dans le seul but de protéger Arca. J’ai beaucoup d’admiration pour elle, ainsi que pour ses compagnons. Ils sont tous prêts à donner leur vie les uns pour les autres … En face, il y a le roi et son fils, des vermines de la pire espèce, des êtres cruels, sanguinaires, qui aiment faire souffrir et assouvir toutes leurs pulsions. Impossibles de s’attacher à eux, clairement ! Et c’est bien pourquoi on a profondément envie que Saêna sorte vivante de cette quête, et même de cet affrontement à venir … et c’est ce qui donne irrésistiblement envie de continuer, page après page, chapitre après chapitre. Vraiment, l’autrice sait comment nous donner envie de poursuivre notre lecture, de connaitre la suite de l’histoire, de voir comment tout cela va bien pouvoir se terminer !
En bref, vous l’aurez bien compris : un univers riche et complexe, des personnages principaux attachants et parfois très intrigants, le tout formant une histoire captivante et haletante … Clairement, tous les ingrédients sont réunis pour offrir au lecteur passionné de fantasy un excellent moment de lecture ! Je dois cependant admettre que quelques petites « maladresses » de premier roman m’ont parfois un petit peu perturbée : des redites d’informations pas forcément utiles, qui cassent un peu le rythme, des dialogues parfois un peu trop « plats » et « clichés » … Quelques petits détails qui, mis bout à bout, m’ont fait passer à côté d’un véritable coup de cœur. Mais rien de bien grave au final, car le plaisir tout de même au rendez-vous ! Je dois également reconnaitre que certains passages ont été difficiles pour l’hypersensible que je suis : certaines scènes sont assez violentes ou explicites, et j’avais parfois envie de détourner le regard … Mais pareil, ce n’est en rien rédhibitoire au final, car l’intrigue reprend rapidement le dessus pour nous faire oublier ces petits moments profondément dérangeants et révoltants ! Je suis donc au final vraiment ravie d’avoir lu ce premier tome, et je me plongerai dans le second avec plaisir quand celui-ci aura rejoint les étagères de mes bibliothèques !