De Gaëlle Nohant je n’avais lu jusque-là que La part des flammes, mais quelle lecture. Elle avait réussi à m’embarquer dans le Paris de la fin du XIXe siècle avec son roman historique inspiré de l’incendie du Bazar de la Charité. J’étais donc très heureuse de découvrir son petit dernier, La femme révélée, parmi la sélection du Prix Audiolib 2020.
Ce roman retrace le parcours d’Eliza Donneley, une épouse et mère américaine qui décida du jour au lendemain de laisser mari et enfant sur le carreau pour démarrer une nouvelle vie à Paris sous un nom d’emprunt. Nous sommes dans les années 50 et les choix d’Eliza, alias Violet, ont de quoi interpeller. Pourquoi fuir une vie dorée auprès d’un homme riche et influent ? Qu’est-ce qui peut pousser une mère à abandonner son petit garçon adoré pour traverser l’Atlantique et s’installer dans un hôtel de passe ? Armée de son seul Rolleiflex, Violet va partir à la conquête de sa nouvelle ville et de ses habitants, des personnages hauts en couleurs. Un peu artiste, beaucoup bohème, passionnément idéaliste, cette femme va être de tous les combats pour défendre ses convictions.
La vérité, c’est qu’il y a dans nos vies des impasses dont on ne peut s’échapper qu’en détachant des morceaux de soi.
Si cette lecture m’a passionnée, je dois avouer qu’elle m’a aussi pas mal perturbée car j’ai eu le sentiment, du début à la fin, de lire un autre auteur, un auteur américain que j’aime beaucoup : Douglas Kennedy. Impossible pour moi de me raisonner et de me dire que c’était Gaëlle Nohant, une auteure française qui avait écrit ce livre. Tout ressemble à s’y méprendre à du Kennedy : l’héroïne forte que l’on suit sur des décennies, une histoire finement politisée et reposant sur une critique de la société américaine, une évocation bohème de Paris mêlant l’art d’une manière ou d’une autre à l’histoire. Aucun doute, on est dans le même registre que La poursuite du bonheur (à retrouver dans mes livres fétiches) ou Les charmes discrets de la vie conjugale. Entendons-nous bien, ça n’est pas du tout une critique, bien au contraire mais j’ai rarement été autant troublée par des similitudes entre romans d’auteurs différents.
Et le choix de la narratrice – parfaitement taillée pour le rôle – ne m’a pas du tout aidée à différencier ces œuvres. Pendant toute la durée d’écoute, j’aurais mis ma main à couper que cette narratrice était celle qui lisait aussi Les charmes discrets de la vie conjugale de Kennedy. Aucun doute là-dessus ! Évidemment je me suis trompée mais la similitude des timbres de voix, de la diction et des intonations données aux dialogues est saisissante. A tel point que quand j’ai fait écouter à mon mari un extrait de La femme révélée lu par Claudia Poulsen puis un extrait des Charmes discrets de la vie conjugale lu par Julie Pouillon, il s’est montré aussi catégorique que moi. C’est la même narratrice m’a-t-il répondu sans l’ombre d’une hésitation. Peut-être est-ce l’effet du confinement mais nous voilà tous deux atteints de mirages auditifs…
Je sors de cette lecture audio ravie d’avoir passée un si agréable moment en compagnie de Violet et amusée par cette expérience aussi troublante qu’inédite pour moi. J’espère que les amateurs de Douglas Kennedy qui se lanceront dans la lecture de La femme révélée me feront part de leur avis sur la question…
La femme révélée est l’un des 10 livres audio en compétition soumis au vote d’un jury de blogueurs pour le Prix Audiolib 2020
L’ESSENTIEL
La femme révélée
Gaëlle NOHANT
Editions Grasset en GF et Audiolib en audio
Sorti le 02/01/2020 en papier et le 15/04/2020 en audio
384 pages (9h44 d’écoute)
Lu par Claudia Poulsen
Genre : roman sur fond historique
Plaisir de lecture :
Plaisir d’écoute :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : les autres titres de l’auteure (La part des flammes et Légende d’un dormeur éveillé), les romans de Douglas Kennedy et plus particulièrement Les charmes discrets de la vie conjugale et La poursuite du bonheur (à retrouver dans mes livres fétiches)
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Paris, 1950. Eliza Donneley se cache sous un nom d’emprunt dans un hôtel miteux. Elle a abandonné brusquement une vie dorée à Chicago, un mari fortuné et un enfant chéri, n’emportant que son Rolleiflex et la photo de son petit garçon. Pourquoi la jeune femme s’est-elle enfuie ? Seule dans une ville inconnue, Eliza, devenue Violet, doit se réinventer. Vingt ans plus tard, au printemps 1968, Violet peut enfin revenir à Chicago. Elle retrouve une ville chauffée à blanc par le mouvement des droits civiques, l’opposition à la guerre du Vietnam et l’assassinat de Martin Luther King. Partie à la recherche de son fils, elle est entraînée au plus près des émeutes qui font rage au cœur de la cité.
Aucun lecteur ne pourra oublier Violet, héroïne en route vers la modernité. Claudia Poulsen offre une interprétation vibrante de ce magnifique portrait de femme.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire La femme révélée
- Pour son héroïne qui nous surprend et nous interroge sur nos valeurs et notre capacité à les défendre
- Pour l’écriture qui nous prend dans ses filets
- Pour l’atmosphère si bien décrite d’un Paris des années 50 et des crises traversées par l’Amérique dans les années 60
3 raisons de ne pas lire La femme révélée
- La deuxième partie peut sembler un peu de trop
- Comme pour les œuvres de Kennedy, le roman souffre d’une analyse un peu manichéenne
- Il y a quelques temps morts dans le roman, des passages que l’on aurait pu sans problème supprimer selon moi
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