Campagne (10)

C’était son patron. Le message était bref mais clair « Rappelle-moi vite ! ». Pas d’hésitation, il rappela sur le champ.

« – Timothée, tu fais quoi putain ? L’invectiva son chef. On attend de tes nouvelles depuis au moins 4 jours. T’en es où ?

-Me suis installée.

-Et…

-C’est tout !

-C’est une blague ?! On travaille en flux tendu, on a des délais bordel ! Je t’ai donné un mois, UN MOIS ! Je me suis battue bec et ongles pour que tu fasses ce job !

Caroline était furieuse et hurlait dans le téléphone.

-Je ne peux pas bosser sans réseau Caro ! Je suis obligée de faire installer internet et tout le bazar.

-Mais c’est justement pour ça qu’on t’a envoyé là-bas ! Alors… T’en es où ? Comment est le village ?

-Et bien… C’est un tout petit village, il y a une dizaine d’habitants.

-Moyenne d’âge ?

-Élevée.

-Élevée genre mourants.

-Non genre retraités.

– C’est bon pour nous ?

-Pas forcément, c’est pas le public visé. Ils n’ont même pas d’ordinateur.

Il entendait les talons de Caroline qui claquaient. Elle devait faire le tour de son bureau à grandes enjambées.

-Mais il y a des villages à côté ?

-Oui, mais je n’ai pas encore pu me renseigner sur la population.

-Va falloir que tu te bouges sérieusement. Les grands patrons attendent une analyse précise du terrain. Je veux des photos des environs. Une étude des besoins, de la population et de l’impact que cela pourrait avoir à moyen et long terme.

-Ok… Et tu veux ça pour quand ?

-Dans une semaine.

-Une semaine ! Mais je n’ai même pas internet ! Il me faut plus de temps.

-Deux semaines grand max !

Tim suait à grosses gouttes rien qu’à l’idée des nouveaux délais que sa patronne lui imposait.

-Écoutes moi bien ! Cette affaire va permettre à la boîte de se faire beaucoup d’argent alors tu vas me faire cette étude de marché pour cette antenne relais et tu vas faire ça efficacement et rapidement ! »

Caroline avait raccroché laissant  Tim désœuvré sur le parking du garage. Il allait devoir la jouer serré. Il aimait beaucoup Rissou. Il ne s’attendait pas à trouver des gens aussi gentils au fin fond de l’Occitanie. Et voilà que maintenant, il allait devoir se servir d’eux pour arriver à ses fins. Le reste de l’après-midi passa à une vitesse folle. Après avoir récupéré sa voiture, il fila faire tous les achats nécessaire. Sa voiture était pleine lorsqu’il se gara sur la petite place du village. Les habitants l’accueillirent avec de grands sourires. Chacun récupéra ses courses. Madeleine l’invita à venir manger le lendemain pour le remercier d’avoir fait ses emplettes. Tim se sentait utile. Il aida une vieille dame à ramener son panier jusqu’à chez elle.

Rissou lui tapa aimablement dans le dos en lui lançant avec un clin d’œil « Bienvenue chez toi petiot ». Tim eut chaud au cœur mais se sentit aussitôt gêné. En se détournant, il surprit Will qui l’observait de loin. Il ne souriait pas. L’anglais semblait essayer de le percer à jour.