La Splendeur du Pingouin, de Gregg Hurwitz, Jason Aaron, Szymon Kudranski et Jason Pearson

Par Deslivresetlesmots @delivrezlesmots

La Splendeur du Pingouin, de Gregg Hurwitz et Jason Aaron (scénario), Szymon Kudranski et Jason Pearson (dessin), John Kalisz et Dave McCaig (couleur), traduit de l’anglais (États-Unis) par Nick Meylaender, Urban Comics, « DC Nemesis », 2013 (VO : 2012), 144 pages.

L’histoire

Comment le jeune Oswald Cobblepot est-il passé du statut d’enfant bien trop chéri par sa mère à celui de criminel le plus redouté de Gotham ? Aujourd’hui, l’empire du Pingouin vacille sous les derniers coups d’éclats du Chevalier Noir, mais autre chose semble occuper l’esprit d’Oswald.

Une rencontre amoureuse, chose totalement inattendue pour cet homme que la Nature a plongé dès l’enfance dans une solitude absolue. Quelque chose qui rappellera au baron du crime les humiliations endurées par le petit Oswald.

Cette sérénité soudaine saura-t-elle guérir l’âme noircie du redoutable Pingouin ? C’est ce dont Batman devra s’assurer.

Note : 5/5

Mon humble avis

C’est bien connu dans le monde des comics « mainstream » que dans les récits Batman, la plupart des antagonistes sont tout aussi intéressants que le Chevalier Noir lui-même, ce qui explique la place qu’iels peuvent prendre dans les différentes histoires ayant lieu à Gotham, ou même qu’iels aient leurs propres récits.

Comme le titre l’indique, ce livre-ci est consacré à Oswald Cobblepot, plus connu sous le nom du Pingouin (petite mention du titre original, Pain and Prejudice, qui en dit plus que sa traduction). En nous faisant suivre ce qui semble être un jour lambda de son quotidien, on en apprend beaucoup sur lui. Contrairement à d’autres antagonistes comme l’Épouvantail, Harley Queen ou Edward Nigma qui sont à la marge de la société, Oswald est présenté ici comme en faisant partie intégrante, et même d’une frange élevée et respectée de cette société. De son club, La Banquise, il mène diverses affaires et manigance divers plans pour obtenir ce qu’il veut, ici des bijoux.

Mais le récit ne tourne pas autour de ces vols de bijoux. L’intrigue porte principalement sur le comportement d’Oswald, qui n’accepte aucun semblant de manque de respect envers sa personne. La moindre remarque, le moindre rire, devient prétexte à tout faire brûler (métaphoriquement ou littéralement d’ailleurs) autour de la personne qui s’est permis un tel écart : cette dernière verra son monde détruit, ses proches six pieds sous terre, le tout en quelques minutes, le temps que le Pingouin explique tout ce qu’il a mis en œuvre.

Quelques flashbacks permettent de mieux comprendre l’homme qu’est devenu Oswald, mais aussi de prendre la mesure de son instabilité – et ce depuis l’enfance – bien qu’il donne tout à fait le change au premier coup d’œil. Suite aux nombreuses moqueries sur son physique, s’il ne réagissait pas et ne disait rien sur le moment, c’était pour mieux préparer, orchestrer et mettre en œuvre ses vengeances (qui finissent bien en meurtres, ne nous le cachons pas).

Les illustrations sont assez sombres, ce qui correspond tout à fait à l’histoire, et j’ai beaucoup apprécié le trait, qui a un rendu un peu « brut », acéré et violent. En revanche, par moment le style rend les cases assez illisibles, j’ai dû m’arrêter sur plusieurs d’entre elles pour comprendre ce qui s’y passait, ou bien revenir à des cases précédentes parce que je ne comprenais pas la transition.

J’ai beaucoup apprécié que le récit laisse toute la place au Pingouin, bien sûr Batman y fait quelques apparitions puisque si ce n’était pas le cas, nous ne serions pas à Gotham, mais il fait partie du récit du Pingouin et pas l’inverse. J’ai passé un très bon moment de lecture, si vous êtes intéressé·e par les antagonistes de manière générale, ou ceux de Batman en particulier, La Splendeur du Pingouin vous plaira certainement !