Carnets noirs de Stephen King

Carnets noirs de Stephen King

Publié aux éditions Le Livre de Poche,

En prenant sa retraite, John Rothstein a plongé dans le désespoir les millions de lecteurs des aventures de Jimmy Gold. Rendu fou de rage par la disparition de son héros favori, Morris Bellamy assassine le vieil écrivain pour s'emparer de sa fortune, mais surtout, de ses précieux carnets de notes. Le bonheur dans le crime ? C'est compter sans les mauvais tours du destin... et la perspicacité du détective Bill Hodges.

J'avais adoré Mr Mercedes, le premier tome de cette trilogie mettant en scène Bill Hodges. Carton plein une fois de plus avec ce deuxième tome qui montre que le King reste le maître dans son domaine.

Au début du roman, nous sommes plongés dans les années 70. Morris Bellamy est jeune mais il a déjà un lourd passé de délinquant derrière lui. Tombé littéralement amoureux d'une trilogie écrite par un certain John Rothstein, Morris n'approuve pas la fin de l'œuvre qu'il trouve trop convenue. Il décide de se rendre chez le vieil écrivain pour le braquer et s'emparer de ses précieux carnets de notes. Mais acculé, Morris assassine le vieil homme puis planque les carnets. Retour à la case prison pour lui. Trois décennies plus tard, le jeune Pete tombe par hasard sur ces carnets qu'il utilise pour sauver sa famille de la faillite. Mais quand Morris Bellamy sort de prison, il n'a qu'une idée en tête: récupérer son bien le plus précieux...

Dès les premières pages, King m'a embarquée dans une histoire haletante. La violence éclate dès le départ et Morris n'aura de cesse d'incarner un monstre de perversité et de brutalité, le genre de type à éviter à tout prix. King nous en apprend plus sur son passé et essaie de lui donner des circonstances atténuantes mais malgré tout, il reste un personnage détestable, un raté. Et c'est là que le roman prend une dimension intéressante. Morris a nourri une passion pour les œuvres de Rothstein mais la littérature ne l'a pas sauvé. Aurait-il pu être meilleur s'il avait réussi ses études? Pas sûr tant la violence semble enracinée chez ce personnage d'une profondeur incroyable qui s'avère être un fanatique dangereux.

La mécanique terrible de King se met en place au fil des chapitres. Le jeu entre le passé et le présent vient renforcer cette idée. Le personnage de Pete agit comme le double positif de Bellamy. C'est ce qu'aurait pu devenir Bellamy s'il n'avait pas emprunté des chemins de traverse. King nous livre ici un combat entre deux personnages qui se ressemble finalement beaucoup. A la différence de Bellamy, Pete choisit de s'emparer des carnets non pour son propre compte mais pour celui de sa famille, pour l'aider. Il est fan de Rothstein mais pas fanatique comme Bellamy!

Les carnets sont aussi un personnage part entière du livre, agissant un peu comme des objets magiques auxquels les personnages vont succomber peu à peu, les uns après les autres. King rend ici un vibrant hommage au pouvoir de la littérature et de la lecture, faisant de Pete le lecteur idéal, à la fois innocent et intelligent.

Et puis il y a aussi Bill Hodges, le policier à la retraite qui arrive bien tardivement dans le roman sans que cela ne gêne le moins du monde l'intrigue. Ce n'est pas lui qui mène la danse pour le coup. Il sera juste là pour épauler et pour redresser les torts. Il permet aussi de faire le lien entre le premier tome de la trilogie et le troisième qui s'avèrera plus " fantastique ".

Avec ces " Carnets noirs ", le King réussit un tour de maître, plongeant le lecteur dans la violence la plus totale, osant laisser de côté son personnage principal, rendant hommage à la littérature.