Editions l’Atalante
Collection la Dentelle du Cygne
528 pages
Paru en 2019 (Première parution VF en 2001)
Quatrième de couv’ :
A la mort de sa femme et de ses filles, emportées par la peste, Crispin, talentueux mosaïste, n’aspire plus qu’à l’oubli. Aussi, lorsqu’il reçoit une missive de l’empereur Valérius II le convoquant à Sarance pour décorer le nouveau sanctuaire de la Sainte Sagesse, l’artiste décide-t-il de refuser. Mais peut-on longtemps désobéir à son empereur ? Commence ainsi pour Crispin un voyage semé d’embûches avec pour seul compagnon un bien étrange oiseau pensant – et parlant ; muni d’un laissez-passer portant le sceau du chancelier, le mosaïste va traverser l’empire pour rejoindre Sarance. Sarance la dorée, capitale où pouvoir, art, intrigue et passion mènent une danse échevelée…
Mon avis :
Cette lecture commune initialement lancée en février a été prolongée de quelques mois et c’est avec mes vacances d’avril que j’ai pu réellement me plonger dedans :
- Contexte historique :
Le cadre utilisé par l’auteur n’est autre que la Constantinople du VIe siècle, capitale de l’Empire romain d’Orient, sous le règne de l’empereur Justinien, considéré comme le plus grand empereur de l’Empire byzantin, d’origine modeste, parvenu au pouvoir grâce à son oncle l’empereur Justin Ier. Son projet est de restaurer l’empire (de Rome) mais il fait face à de nombreux ennemis comme les Perses d’un côté et les Slaves de l’autre. Il étendra les limites de son empire et sera un grand bâtisseur également notamment avec la basilique Sainte-Sophie, centrale dans le roman de Kay. L’un de ses plus grands soutiens est sa femme, l’impératrice Théodora.
- L’intrigue :
A Sarance, l’empereur Apius meurt sans descendance, une guerre des trônes débute rapidement remporté par Valérius Ier grâce à son neveu, celui-ci lui succèdera rapidement avec sa compagne. Valérius II est un un empereur bâtisseur, pour passer à la postérité, il commande la construction du sanctuaire de la Sainte-Sagesse et pour la décorer il réclame le plus grand mosaïste de la région, Martinien de Varène.
A Varène justement, Martinien encourage son ami et meilleur mosaïste à partir à sa place pour retrouver le goût de vivre, Caïus Cripus dit Crispin a perdu sa femme et ses filles lors d’une pandémie de peste et s’en trouve très amer et désabusé. Il part à contrecoeur, mandaté par sa jeune reine Gisèle des Antéens aux abois de trouver l’empereur en secret et lui proposer sa main contre l’impératrice stérile.
Une fantasy historique avec complots à tous les étages se profile.
- Présentation du monde :
Chez Guy Gavriel Kay, sa fantasy mêle énormément d’éléments historiques à ses récits, l’histoire est très posée et ça ne pète pas dans tous les coins. Oubliez les diverses créatures que vous rencontrez dans ce genre de littérature habituellement, le récit est entièrement porté par des humains et la touche de magie est très subtile. Dans Voile vers Sarance, l’élément magique est apporté par l’alchimiste Zoticus et ses oiseaux mécaniques possédés par des âmes.
La politique à Sarance est un peu curieuse, à la mort de l’empereur, le peuple peut proposer son candidat au Sénat tout comme les nobles mais bon, avec les complots c’est également pas mal pipeauté quelque part. Outre l’empereur et ses conseillers, il y a un autre statut très important dans la cité, c’est celui d’aurige, les conducteurs de char représentent le peuple sous 4 factions avec 4 couleurs correspondantes et ceux qui gagnent le plus de courses sont portés en héros, vous l’aurez compris, la course hippique est très prisée à Sarance au point de rendre très riche…si tant est qu’on y survive, c’est également un métier très dangereux, vous aurez une course détaillée pour vous faire une idée.
Les dissensions religieuses sont aussi très présentes. Entre reliquat des religions païennes persistantes bien que mal vues et l’expansion de la foi chrétienne désignée sous le terme de Jad dans ce roman. Il est également posé le problème de la filiation, l’impératrice n’attend toujours pas d’héritier, ce qui laisse le champ libre pour les complots du côté Antéen où la jeune reine Gisèle risque de se faire tuer par ses propres conseillers aux dents longues qui ne veulent pas d’une femme au pouvoir, quoi de plus intéressant pour elle d’obtenir l’aide de Valérius II en se mettant dans la balance ainsi que son pays tant désiré.
Par contre, il n’y a pas grand chose à dire des personnages qui ne sont pas tellement travaillés pour le moment, l’auteur a surtout exploité son monde et sa politique pour ce premier tome, j’espère mieux du second.
En bref, ce tome est très introductif, comptez 250 pages environ avant que Crispin n’arrive enfin à Sarance avec une scène légèrement angoissante avant et 350 pages environ avant que l’histoire ne commence vraiment et que le tableau ne se dévoile peu à peu sous nos yeux, les jeux d’intrigues. Par contre la plume de l’auteur reste très agréable et j’espère que T2 sortira prochainement.
D’autres avis chez : L’Ours, Lutin
Bonne lecture !