C'était l'époque bénie des vinyles et des platines. C'était l'époque incroyable des disquaires indépendants. Dans la petite ville où je vivais, on comptait deux disquaires. J'aimais bien m'y rendre. Quand je voulais un disque qui sortait des sentiers battus, j'étais sûr de le trouver. Par contre, les disquaires n'étaient pas toujours très avenants et je ne pouvais pas fouiller longtemps dans les bacs avant d'entendre : " Je peux vous aider ? ". Cette proposition est évidemment bienveillante quand le ton n'est ni excédé ni menaçant. Quoiqu'il en soit, ces deux disquaires ont disparu. Pourvu qu'il n'arrive pas le même sort aux librairies indépendantes ! Ils sont mes derniers refuges dans ce monde téléguidé par les grandes enseignes de la mondialisation...
Ce 45 tours de Pigalle avait une pochette signée du dessinateur Tardi. Je n'ai jamais mis les pieds dans la salle du bar-tabac de la rue des martyrs, mais cette chanson me rappelle toutes cette époque où les centres commerciaux n'avait pas encore remplacé les petits commerces, n'avaient pas encore tué le centre-ville des villes de taille moyenne.
Alors, en souvenir des longues heures passées à glander au bar avec mes copains de lycée :
" Dans la salle du bar tabac de la Rue des Martyrs
Y a des vieux gars tatoués partout qui racontent leurs souvenirs
Y a des voyageurs tristes pardessus et valises
Y a des bookmakers qui ramassent les mises la nuit "
Pigalle, Dans la salle du bar-tabac de la rue des martyrs (1990)