L’enfant et le maudit T1, de nagabe, traduit du japonais par Fédoua Lamodière, Komikku éditions, 2017 (VO : 2016), 174 pages.
L’histoire
Il existe deux mondes : l’Intérieur, où vivent les humains, et l’Extérieur qui est le repaire de créatures maudites. Quiconque serait touché par l’un de ces monstres serait maudit à tout jamais et chassé du pays des humains. C’est pourtant dans ce monde sombre que vit la petite humaine prénommée Sheeva.
Elle a été recueillie par une créature non humaine qu’elle appelle le Professeur. Il veille sur elle et lui interdit tout contact avec les autres créatures de l’Extérieur. Ils sont aussi différents que le jour et la nuit. Et malgré tout ce qui les sépare, malgré les ténèbres qui les entourent, ils vont écrire petit à petit une fable tous les deux…
Note : 5/5
Mon humble avis
Cela faisait une petite éternité (bon depuis sa sortie, j’aime bien exagérer) que je souhaitais lire ce manga qui m’avait intrigué par ses dessins et par son histoire. Dans un mélange de mythologie, folklore et fantasy, on découvre un monde où des êtres de « l’extérieur » sont dits « maudits » par les êtres de « l’intérieur » qui tentent à la fois de les fuir et de les ostraciser. C’est bien sûr un commentaire sur la haine et la peur injustifiée de l’autre, qu’on ne connaît pourtant pas.
L’univers est particulièrement intéressant du fait qu’on le découvre à travers deux personnages : tout d’abord un être de l’extérieur, qui était humain avant d’être maudit et de devenir une créature élancée, complètement noire, avec une queue, des bois de cerf et un visage qui tient plus du museau. Mais aussi Sheeva, une fillette, « de l’intérieur », qui ne doit surtout pas le toucher au risque de devenir maudite à son tour. Ces deux êtres vivent de façon particulièrement domestique où il s’agit d’aller chercher de l’eau, faire à manger, prendre le thé, couper des bûches mais aussi jouer et raconter des histoires.
On sent pourtant que quelque chose de lugubre se trame et que le danger rôde, le « professeur » ou « docteur » (oui la traduction n’a pas l’air trop d’accord avec elle-même pour le terme “sensē”) veille, prévient Sheeva des dangers et lui cache certaines informations parce qu’il veut éviter de la blesser…
Les dessins sont magnifiques, tout dans les ombres, l’ambiance, les expressions faciales, les pauses, les détails, c’est vraiment un plaisir de regarder les planches. Il y a assez peu de texte finalement, beaucoup de choses passent par les illustrations.