Rouge – Pascaline Nolot : conte moderne

En avril 2020 aurait dû sortir en librairie le roman Rouge de Pascaline Nolot. Aujourd’hui on vous explique pourquoi vous devriez laisser sa chance à ce roman une fois le confinement terminé.

Tous les accrocs à la littérature, aux livres, aux librairies ou aux bibliothèques seront heureux de foncer en librairie se faire un plaisir et soutenir une petite librairie en pls après deux mois de confinement à se faire tirer dans les pattes par les rois des salauds (l’article où on te parle d’un livre qui te fait comprendre pourquoi Amazon c’est des salauds, c’est là).

Rouge – Pascaline Nolot : conte moderneLe Sheïtan on vous dit.

Bref, loin d’être ici pour bavasser sur un démon contemporain, on est ici pour parler d’une réécriture de conte sauce 2020 (coucou la transition aussi légère que le pas cadencé d’un éléphant). Avant ça, petit disclaimer, on n’est pas ENCORE (un jour peut-être. Never stop believing in your dreams) des blogueuses stars et cette chronique ne résulte donc pas de l’envoi d’un SP. On remercie notre chère sœur qui travail dans le monde de l’édition et nous a laissé jeter un œil sur cette petite perle un peu avant l’heure. ♥

Rouge est un roman éponyme qui nous raconte donc l’histoire de Rouge, jeune fille rejetée par quasi la totalité de son visage de par son physique particulier. La tâche de vin qui lui orne la moitié du visage et les conditions dans laquelle elle est née lui vaut une pelletée de quolibets et ce ne sont pas les villageois de Malombre qui vont l’empêcher de se rendre auprès de la Grand-Mère une fois son heure venue, une fois ses première règles arrivées. Une malédiction planant sur le village, ce dernier se voit forcer de livrer les jeunes filles venant juste d’avoir eut leurs premières menstrues pour des raisons obscures à la Grand-Mère, une sorcière qui se trouve à quelques lieus, dans le Bois-Sombre.

Voilà pour le résumé sauce Alberte. Passons à notre avis. Et dans un premier temps déjà, il faut le dire.

ON A ADORÉ.

Mais pourquoi nous direz-vous ? Tata Alberte n’étant pas très réécriture habituellement, elle s’est laissée prendre par cette histoire qui est, comme on s’y attendait un peu, un vrai page-turner. Une fois le bouquin commencé, c’est difficile de le lâcher et pour tout vous dire on l’a lu en deux petits jours seulement. Mais si cette réécriture nous a plu c’est selon nous parce qu’elle s’éloigne quand même assez du conte traditionnel pour nous parler de notre monde actuel. Derrière cette édition magnifique, (car disons-le haut et fort, le travail de Gulfstream est d’une grande beauté entre les pages teintes et la couverture qui attire FORCEMENT le regard), se cache une histoire vraiment bien contée.

Le talent de narratrice de Pascaline Nolot est indéniable. On a parfois eu du mal avec l’usage répété de certains mots visant à donner une coloration moyenâgeuse à l’ouvrage qui ne nous semblaient pas nécessaires mais dans l’ensemble le ton et le vocabulaire employé nous aide vraiment à nous plonger dans un autre temps, en un autre lieu. Et franchement en temps de confinement on attendait que ça d’être transporté comme ça par un roman.

Rouge – Pascaline Nolot : conte moderne

Nous avons pour notre part adoré le personnage de Rouge qui, à l’inverse de toutes les héroïnes de YA qui sont en vogue en ce moment, a ses faiblesses et fait pourtant preuve d’un grand courage. De nombreuses scènes poignantes, dégoutantes et révoltantes jalonnent l’ouvrage et l’autrice n’épargne pas son lecteur. Sincèrement, on est loin des clichés du YA et ça fait ma foi grand bien ! L’écriture globale des personnages de l’ouvrage nous a beaucoup plu car personne n’est vraiment clair. L’ambivalence de chacun d’entre eux ne les rend que plus humains et parfois, plus cruels encore.

Non contente de nous avoir déjà totalement conquises avec les 50 premières pages de l’ouvrage, l’autrice manie son récit à la perfection et nous mène par le bout du nez. On ne sait pas du tout si :

1) on est bon public

2) on était dans le bon état d’esprit pour se laisser emporter par le roman

MAIS

On a rien vu venir. On a rien vu venir une fois. Certes, on se dit bon, ça va pas durer, le livre peut encore nous décevoir. Et au final c’est quatre révélation sur cinq qui nous ont surprises. On pensait avoir découvert la suite de l’histoire et à chaque fois l’autrice prenait un autre chemin.

Rouge – Pascaline Nolot : conte moderneCe gif est effrayant. La rédaction s’en excuse.

Une sensation fichtrement agréable quand on a l’habitude de lire des ouvrages où tout semble déjà calculé d’avance pour que le personnage tombe parfaitement sur ses pattes et connaisse la plus cliché des happy end. Nous n’évoquerons pas la fin du récit ici, évidemment, mais laissez-nous vous dire que ça devrait vous laisser sur le cul cette histoire et que la fin est réjouissante !

« N’était-ce point pure naïveté, absurde attente digne d’un conte pour enfants ? Elle avait pourtant appris depuis longtemps que la vie n’était tissée que d’immonde. »

Vous pensiez que c’était là les uniques qualités de ce roman ? Qualités narratives, qualités d’écriture et de création de personnages ? Nenni! L’autrice parvient, dans ce monde censé refléter une sorte de Moyen-Age à évoquer des thématique très actuelles. Elle le fait avec talent, à la fois en décrivant des actes qui peuvent être d’une grande violence (lecteur.ice sensible, abstiens toi !) et le fait avec la retenue qu’impose le respect aux victimes.

BRIF BREF

Si il n’y avait qu’un livre young adult sur lequel foncer au déconfinement ce serait celui-ci à nos yeux, à n’en pas douter !

En 2019 notre coup de cœur YA c’était Je n’ai pas trahi de Frédéric Couderc, un livre d’un tout autre genre avec une toute autre ambiance mais cette année, on peut d’ors et déjà vous dire que notre coup de coeur YA 2020, c’est Rouge de Pascaline Nolot.

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